Revue de détails avec Maxime Sorel

© Jean-Marie Liot

Le départ approche à très grand pas. Dimanche, Maxime Sorel, prendra le départ de son premier Vendée Globe, son premier Tour du Monde en solitaire et sans escale. A bord de V and B – Mayenne, le navigateur de 34 ans s’apprête à vivre pendant au moins 80 jours une aventure sportive sans commune mesure. Revue de détails avant le grand saut avec l’intéressé…

Confinement

« Après deux semaines intensives sur le village du départ du Vendée Globe aux Sables d’Olonne, je vais me mettre tranquillement dans la course. En adoptant les gestes barrières, je vais me reposer en faisant des siestes. Je vais, peu à peu, regarder la météo. Je vais profiter de mon équipe qui sera confinée avec moi. Je vais essayer aussi de garder le rythme physiquement en alternant course à pied, assouplissement, pilates….»

Huis clos

« Je suis pragmatique. J’ai envie de dire : c’est la vie ! C’est vrai que c’est dommage pour le grand public, mes supporters et mes partenaires mais ils vivront, tout de même, le départ à distance et puis ils vont encore plus suivre le Vendée Globe ! C’est déjà génial qu’un départ soit donné. Ce dimanche sera un peu comme une finale de Coupe du Monde de football sans public dans les gradins. »

Mousse au chocolat

« Elle est mon péché mignon en mer. Je pense qu’elle sera bien présente dans mon assiette le soir de Noël. Elle est évidemment lyophilisée mais très bonne. J’embarque pour ce Vendée Globe de multiples produits lyophilisés. J’ai un vrai penchant pour les pâtes bolognaises ou encore le risotto aux cèpes. La fromagerie des Halles à Dinard va me préparer également beaucoup de portions de fromages à pâtes dures. Le fromage va tenir au moins 20 jours ce qui est déjà pas mal… J’aurais aussi des produits frais pour les premiers jours comme des fruits. J’emporte aussi des gâteaux secs Gerblé, des barres de chocolat, de la viande séchée. Au niveau boisson, à 99%, je produis mon eau avec le dessalinisateur . J’emmène enfin un peu de Coca et d’eaux gazeuses. »

Dormir

« C’est une des clés de la course au large, le sommeil. Je l’ai analysé avec des spécialistes en 2014 et 2016. Nous nous sommes rendus compte que je n’avais pas beaucoup besoin de dormir, 4 heures 30 par 24 heures, et qu’il était surtout efficace pour moi le jour. En mer, je vais donc essayer tout au long du Vendée Globe, de dormir 4 fois 15 à 20 minutes en journée et 2 fois la nuit. »

Le physique

« Je travaille avec un coach sportif malouin, David Montois, depuis un moment et avec une nutritionniste qui agit en parallèle de ma préparation physique sur ma nourriture en fonction de la masse musculaire à prendre à un endroit ou un autre du corps. Nous agissons sur l’ensemble du corps quasi quotidiennement. Ce sont des exercices sur le long terme. Par exemple, ces derniers temps, nous nous concentrons beaucoup sur les jambes qui vont fondre au fur et à mesure du Vendée Globe. J’enchaîne également pour le plaisir les sessions de surf sans oublier le gainage permanent. Nous sollicitons largement notre dos dans de mauvaises postures à bord des Imoca. L’idée est de prévenir les blessures. »

La garde-robe

« J’emporte pas mal de couches de vêtements que je vais utiliser au fil des changements de températures et des situations à bord. On passe pas mal de temps à se changer, à enlever une couche ou le contraire en fonction de l’activité. Le bateau quant à lui à le droit à 8 voiles pour le Vendée Globe : la grand-voile évidemment avec notre dragon des océans, un spi de 400m2, un grand gennaker de 300m2, un petit gennaker de 220 m2 puis des voiles plus plates que sont le J0 de 170 m2 et très polyvalent, le J2, voile à poste tout le temps sur enrouleur, le J3 pour les allures serrées et le vent fort et enfin le tourmentin. Helly Hansen m’équipe, Incidences équipe V and B – Mayenne. »

Imoca V and B – Mayenne

« Malgré les soucis que mon plan VPLP – Verdier a eu depuis sa naissance avec notamment Kito de Pavant et Thomas Ruyant, j’ai pleinement confiance en mon voilier et au travail que mon équipe technique a effectué. Nous l’avons fait évoluer dans le bon sens. Il est très sain et polyvalent à toutes les allures. Ce n’est pas le plus rapide de la flotte mais il a des qualités et je suis persuadé qu’il va me permettre de boucler mon Tour du Monde. »

Jérémy Sorel

« Mon grand frère est mon team manager. C’est un vrai plus pour moi. Il est totalement autodidacte dans cette fonction mais inventif, créatif et il a une forte envie. C’est génial de vivre cette aventure en famille. C’est une fierté pour moi d’emmener mon frère autour de la planète. »

Entrepreneur

« C’est la continuité de mon métier d’ingénieur ou j’avais pas mal de responsabilités. C’est une satisfaction de mener ce projet de A à Z dans toutes ses composantes. C’est vrai que cela demande beaucoup de travail mais j’aime ça, c’est mon moteur. J’ai toujours voulu en faire plus que ce que l’on me demande. J’ai un vrai besoin de savoir ce qui se passe sur tous les fronts de mon projet : la technique, la logistique, les relations avec mes partenaires, la communication… C’est plus fort que moi. C’est une certaine fierté de me dire que je suis le chef d’orchestre de mon Vendée Globe. »

Le classement

« Il est vrai qu’il y aura des disparités dans la flotte au départ du Vendée Globe avec des voiliers à dérives droites comme le mien, les voiliers à foils du dernier Vendée Globe, les nouveaux foilers… mais je pense que c’est ce qui fait le Vendée Globe. A mon sens, il est important que la Classe Imoca reste open, très ouverte à la différence et à des projets techniques distincts. Chacun développe ses petites astuces et c’est très intéressant comme ça. Le grand public fait de toute façon très peu la différence. Je suis heureux de partir avec mes armes, mon budget, mes partenaires et mon V and B – Mayenne sur ce Vendée Globe. Je suis un compétiteur, je vais faire de mon mieux avec mon défi en essayant d’être le plus performant possible. Pourquoi pas jouer avec certains voiliers à foils ? »

La concurrence

« Jean Le Cam est, sans conteste, le favori des marins qui naviguent sur un voilier à dérives. Il a une expérience énorme. Il a formidablement optimisé son bateau en gagnant beaucoup de poids. C’est Jean Le Cam, le roi. Je pense que Damien Seguin sera aussi un sacré client. Son voilier est très léger et il a les compétences. Clarisse Crémer a démontré beaucoup de talents sur les dernières courses. Elle dispose d’un monocoque très performant. Je me situe derrière ce trio et je pense qu’on aura des possibilités de jouer avec certains voiliers à foils comme ceux de Stéphane Le Diraison, Alan Roura ou encore Arnaud Boissières. »

La covid 19

« J’ai l’habitude de me nourrir de mes supporters, de mes partenaires, du grand public au départ de mes courses. 2700 personnes avaient visité mon Class40 au départ de la dernière Route du Rhum ! Cela va être un gros manque pour moi de ne pas profiter du village comme dans la normalité du fait de cette crise sanitaire. L’accessibilité, la disponibilité sont en moi. Je vais devoir m’adapter à cette nouvelle donne. J’ai beaucoup partagé avec mon public et mes partenaires ces derniers jours. »

La communication embarquée

« Une photo par mois et 5 coups de fil comme lors des premières éditions du Vendée Globe, ce n’est pas pour moi. Je ne me serai pas vue partir dans ces conditions. Je me sens très à l’aise avec l’idée de partager un maximum de moments avec le grand public en mer. C’est un peu un jeu et j’aime ça. Nous disposons de moyens de communication importants sur le Vendée Globe, profitons-en. Il y a une demande à ce sujet et je compte m’y employer. »

On dirait le Sud

« Ce fameux Cap Horn est surtout synonyme de délivrance. Il mettra un terme à un mois d’océan Pacifique dans des conditions musclées et souvent très peu ensoleillées. Sur la Vendée – Arctique – Les Sables, nous avons vécu quasi 10 jours sans soleil en mer. Cela nous a permis de se mettre en condition et de se transposer un peu. Je me prépare au grand sud. Pendant la période de confinement, j’ai travaillé la météo du Sud. Tu te mets en scène. Tu visualises un peu mieux les choses, tu te prépares à faire le dos rond. Mais, bon, je ne connais pas le Sud. On verra !! Je ne sais pas vraiment dans quel état d’esprit je serai si dans l’océan Indien ou Pacifique, je suis totalement seul avec un concurrent 1000 milles devant moi et un autre 1000 milles derrière. Je visionne assez bien une grande pièce qui est l’Atlantique, un endroit que je connais, avec une porte ouverte vers l’Indien que je n’ai jamais franchi. Je me projette de plus en plus dans cet inconnu. »

Le Dragon

« Il est l’élément qui nous rassemble dans mon projet. Il est notre force. Je trouve qu’il est une image très forte pour tous les patients atteints de la Mucoviscidose. Je le trouve génial. Il n’est pas encore vraiment vivant pour moi. Il le sera peut-être pendant mon Vendée Globe. Il deviendra mon compagnon ? »

Décembre

« Je suis très fêtes de famille et particulièrement Noël. Cela va faire drôle de ne pas être avec les miens, de ne pas voir les lumières scintillantes en ville, de ne pas faire les boutiques mais je vais m’y faire. Je pense que c’est surtout l’avant Noël qui sera un peu difficile. En fait, j’ai un peu peur de la routine à terre et en mer. Au moins ces dates, nous donne des objectifs, même si ca reste en solitaire. »

Source

Agence TB Press

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Informations diverses

Mis à l'eau le: 3 novembre 2020

Matossé sous: 2020-21, Course au Large, IMOCA, Vendée Globe

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