Un pré-départ presque normal

© Yvan Zedda

Le Village du Vendée Globe a ouvert ses portes il y a une semaine. Sur les visages, les masques sont partout, et dans le village, la foule n’est pas celle de grands jours, mais la passion que suscite le tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance est intacte et dans la tête des marins, c’est un pré-départ presque normal.

Pour l’amour du Vendée Globe

En dépit des consignes sanitaires limitant le nombre de personnes admises dans l’ enceinte de 30 000 m2, les visiteurs sont au rendez-vous et ont profité pendant sept jours d’une météo radieuse pour s’imprégner de l’atmosphère de la course. Le ponton du Vendée Globe où pavoisent les 33 IMOCA est le principal lieu d’attraction. Car ce sont bien les bateaux, exceptionnels, et les futurs héros de cette 9e édition, qui catalysent la curiosité, l’étonnement et l’admiration. Les marins répondent avec bonheur aux sollicitations de leurs fans : un salut, une lettre donnée, un dessin offert, une pause pour la photo, des questions d’enfant – « c’est quoi ce poteau qui penche là, ça va tomber ! » s’inquiète un petit garçon en montrant du doigt l’outrigger de Charal.
Au petit matin, accrochés sur un foil ou un balcon arrière, on trouve des peluches ou des bouquets de fleurs déposés par des inconnus. Les navigateurs profitent de ces manifestations de sympathie et font le plein de chaleur humaine avant d’entrer, d’ici quelques jours, dans leur bulle. La pression monte aussi avec les jours qui s’effacent devant l’échéance du 8 novembre.

Encore un peu de pain sur la planche

Derrière le rideau qui sépare cette scène à ciel ouvert des coulisses des teams, le travail de préparation suit son cours. Arkea-Paprec a reçu son deuxième foil, HUGO BOSS bricole sur les siens. Depuis leur arrivée aux Sables d’Olonne, dix sept bateaux ont effectué des sorties en mer pour régler les derniers détails techniques. Ce vendredi, ils étaient encore neuf sur l’eau pour des essais de voiles, de vérin de quille, d’électronique, de foil. Ces tests in situ seront encore possibles jusqu’à la fin de la semaine prochaine. Parallèlement, les contrôles de sécurité (vérification de la présence et du bon fonctionnement de tous les équipements de sécurité requis) sont en cours. « Globalement, en dehors de quelques petites équipes qui ont encore des bricoles à terminer, les bateaux sont bien prêts » confie Jacques Caraës, le Directeur de Course du Vendée Globe.

En confinement dès le 1er novembre

Les skippers, eux, s’apprêtent à s’isoler en compagnie de leurs proches. Si le confinement est obligatoire à partir du 1er novembre, ils sont très nombreux à devancer l’appel dès le début de la semaine prochaine. Certains quitteront même les Sables d’Olonne pour rentrer chez eux. Quelques marins ne cachent pas l’aspect positif de cette contrainte qui leur permettra de se recentrer, de se concentrer sur leur objectif et de profiter plus pleinement de leur famille, loin du tourbillon du Village.

Ils ont dit…

Fabrice Amedeo (Newrest- Art & Fenêtres)

J’ai l’expérience d’une première participation il y a 4 ans, donc c’est moins le saut vers l’inconnu, je maitrise mieux les grandes échéances, j’arrive mieux à me reposer. Il n’y a aucune inquiétude, aucun stress. Je suis très heureux de partir et je profite de ces derniers jours pour tout ce que j’ai à faire et pour les derniers moments en famille. Avec le confinement et dans la situation actuelle, on est beaucoup moins exposé au grand public qu’il y a quatre ans, on a beaucoup moins de sollicitations. Je trouve que les gens sont hyper respectueux, ils ne demandent pas d’autographe, ils savent qu’il ne faut pas nous exposer au COVID. Après, j’ai une vision plus large pour mon projet et c’est vraiment dommage pour les partenaires qui ne peuvent pas venir comme ils l’avaient fait il y a quatre ans. C’est aussi dommage qu’il n’y ait pas autant de public. J’étais vraiment très inquiet avant d’arriver aux Sables, je pensais que ça allait être très dur, que ça allait même être limite glauque et au final, je trouve que c’est très réussi. 5 000 personnes en instantané sur le village, ça fait quand même un effet de foule. Ce n’est pas comme sur les éditions précédentes mais je trouve qu’il y a quand même beaucoup de monde et que c’est une vraie réussite d’avoir ce village dans le contexte actuel.

Jérémie Beyou (Charal)

J’aime bien être sur le ponton, je trouve génial de voir tous les bateaux alignés, d’avoir un vrai paddock où toutes les équipes sont regroupées, le village, les animations, ça fait vraiment partie de la course, donc j’essaie d’en profiter cette semaine. Après, avec l’expérience des départs précédents, on a mis des choses en place petit à petit. Notamment la logistique. On s’est amélioré dans ce secteur : dans nos logements, avoir un cuisinier, une salle de réunion pour nous. On fait attention à ces détails parce qu’on sait que ça peut vite polluer l’esprit, le travail de l’équipe. Idem, on discute du planning très longtemps à l’avance, plus d’un an avant le départ. On essaie de bien harmoniser le temps consacré aux partenaires, aux media, au public, le temps de travail sur le bateau, celui consacré au repos et à la prépa physique. Voilà pour les faits. Après, dans la tête, c’est sur que tu es plus décontracté quand c’est ton 4e départ. Le premier, en général, tu es dépassé par cet environnement, par les sollicitations, t’es en stress permanent pendant trois semaines.

Kevin Escoffier (PRB)

Comme je suis soutenu par un sponsor vendéen, on a beaucoup de supporters locaux. Ça fait vraiment plaisir ! Les gens sont motivés pour venir sur le village. Quand tu vois les démarches qu’il faut faire pour venir voir nos bateaux : aller sur internet, réserver son créneau… C’est normal dans le contexte mais c’est contraignant, il y a un peu d’attente. Les gens sont vraiment des passionnés et ça, ça fait vraiment plaisir.

Ross Daniel (Directeur Technique d’Alex Thomson Racing Team)

Alex et Neal (McDonald) ont pris le bateau pour la dernière fois avant de rentrer chez eux en Angleterre après les derniers contrôles obligatoires. Le bateau est presque prêt ! Nous étions un peu inquiets de savoir si cette période serait productive avec les restrictions ici et en fait nous en avons fait plus ! Alex est maintenant isolé chez lui avec sa famille. Il reviendra le 31 pour commencer l’isolement final avant le départ. Nous avons convenu d’une politique Covid stricte avec toute notre équipe et les parties prenantes dès le premier jour et nous avons mis en place nos plans et nos processus depuis longtemps.

Clément Giraud (La Compagnie du Lit /Jiliti)

Avec ce beau temps, je me sens très apaisé. Sur le bateau, on est en train de préparer et d’anticiper des petites bidouilles. On n’est pas sur des cas majeurs, le bateau est quasi prêt, on pourrait presque partir après demain. C’est quand même fou de monter un projet Vendée Globe ! Je pense qu’on a mérité notre place ici dans le sens où l’équipe n’a jamais rien lâché, on a toujours cru qu’on y arriverait. Malgré le contexte COVID qui a été très dur, on n’a jamais rien lâché ! C’est top, c’est vraiment génial. J’avais lu que c’était déjà une victoire d’être au départ et effectivement, en voyant tous les efforts des uns et des autres pour y arriver, famille, équipe, partenaires… Tout le travail commun, c’est fabuleux qu’on aille faire le tour du monde ! C’est assez exceptionnel, c’est une victoire oui !

Pip Hare, Medallia

On n’a pas vraiment arrêté depuis qu’on est là, mais nous avons bien avancé et nous en sommes aux petits détails sur le bateau. On a regardé si on pouvait améliorer des systèmes, on a fait du matelotage. Nous avons travaillé sur la position des outriggers, sur le système d’enroulement du code Zéro. Et puis nous avons passé les contrôles de sécurité. Quoiqu’il en soit, c’est très cool, et c’est vraiment incroyable d’être ici ! Je me suis promenée sur le ponton pour regarder les bateaux des autres, essayer de voir ce qui pourrait être intéressant pour essayer d’améliorer des choses chez nous. J’étais un peu stressée au début de la semaine, maintenant, ça va mieux, les choses sont sous contrôle. Mais avec le confinement, honnêtement, ça ne me fait pas plaisir de passer une semaine entière loin du bateau.

Source

Agence Oconnection

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