Sam Manuard, la grande aventure

© Pierre Bouras

ROAD TO THE VENDÉE GLOBE #4 : Dans le quatrième épisode de notre série d’articles en préambule du Vendée Globe, Ed Gorman a échangé avec Sam Manuard, architecte du nouvel IMOCA L’Occitane en Provence. Sam Manuard a hâte de voir son bateau prendre le départ du Vendée Globe. Il se réjouit de ce qu’il appelle le prochain chapitre de la « grande aventure » qu’il vit avec l’équipe d’Armel Tripon.

L’IMOCA noir et jaune, à l’étrave arrondie et aux larges foils positionnés juste en dessous du livet, s’est fait notamment remarquer sur le Défi Azimut, en affichant des vitesses impressionnantes. Bien qu’il ait dû travailler au renforcement de la structure du bateau, Manuard est heureux que sa première aventure dans la flotte IMOCA soit prête à démarrer.

« Nous avons résolu les problèmes découverts, je n’ai pas de mauvais feeling là-dessus et j’ai assez confiance, » déclare l’architecte vannetais de 49 ans. « Le bateau est soumis à de très fortes charges lorsqu’il tape dans les vagues et nous avons dû renforcer un peu la structure pour tenir compte de cela. »

Sam Manuard est nouveau dans la Classe IMOCA, mais il a un long parcours en Mini 6.50 et Class 40. Il sait que le plus important est de terminer la course. « Si nous bouclons le Vendée Globe, je suis assez confiant sur le classement, » affirme-t-il.

« Il s’agit vraiment de finir le tour du monde et je suis certain que, si nous y parvenons, le bateau sera bien classé. Il y aura quelques casses sur les nouveaux bateaux, comme nous l’avons vu lors des dernières éditions mais, si vous avez un bon bateau et que vous terminez, il y a de fortes chances d’être dans le top trois ou quatre. »

Avec un seul IMOCA au départ de cette édition issu de sa planche à dessins, on pourrait penser que Sam Manuard est sous pression quant aux performances attendues mais il reste détendu : « Je ne suis pas trop nerveux. Le résultat correspond à nos objectifs de conception en termes de performance et de comportement du bateau, particulièrement dans les vagues, les grains et les rafales. Cela enlève donc beaucoup de pression » poursuit-il.

L’une des caractéristiques du nouveau bateau – qui a été construit en Hongrie puis achevé chez Black Pepper Yachts à Nantes – est de pouvoir rétracter complètement les foils tout en restant bien toilé à l’avant. Pour Sam Manuard, c’est une vertu importante car Armel Tripon peut ainsi maîtriser la puissance du bateau quand il le désire.

« Nous nous sommes dit qu’il pouvait y avoir des moments dans la course où l’on voudrait désactiver le mode « vol » ou le réduire. C’est une course très éprouvante et il est possible, dans un environnement difficile, de faire en sorte que le bateau n’accélère pas trop. Nous voulions donc pouvoir rentrer les foils pour des raisons de sécurité. »

Cette possibilité pourrait aussi être utile si le bateau participe à The Ocean Race en 2022, lorsque la flotte est susceptible de rencontrer des vents faibles, au départ et à l’arrivée des étapes par exemple. D’une manière générale, l’architecte estime que son IMOCA pourrait être adapté au tour du monde en équipage. « Ce qui est important pour The Ocean Race est aussi important pour le Vendée Globe : être super efficace dans les vagues, au reaching et vent arrière. »

Manuard pense également que le bateau accueillera facilement à son bord un équipage complet. « Nous nous sommes concentrés à 100% sur le Vendée Globe : toutes les caractéristiques architecturales et toutes les décisions ont été prises dans cette optique », dit-il. « Néanmoins, il y a beaucoup de similitudes entre ce qui est important pour un bateau typé Vendée Globe ou pour The Ocean Race. Certaines décisions ont aussi été prises en accord avec les besoins relatifs à un tour du monde en équipage. Par exemple, le cockpit est situé bien en arrière, avec une large descente pour accéder facilement à un espace intérieur spacieux. Je suis sûr que cinq ou six personnes pourraient parfaitement vivre à bord. »

Comme toutes les personnes impliquées dans le Vendée Globe 2020, Sam Manuard se préoccupe du stress des skippers en tête de la flotte et qui naviguent seuls autour du monde sur les bateaux de plus en plus extrêmes.

« Je pense que sur ce Vendée Globe, tous les architectes et les skippers s’accordent à dire que l’on a fait un bond en avant en termes de performance, » confie-t-il. « Nous avons développé des bateaux qui sont assez monstrueux à certains égards. Ces bateaux sont vraiment brutaux, la question est donc de savoir si les skippers tiendront le coup. Nous verrons bien. »

Sam Manuard a l’habitude de suivre depuis chez lui ses bateaux lorsqu’ils traversent l’Atlantique, mais le Vendée Globe sera une nouvelle expérience. « Il y a toujours plus d’appréhension à suivre une course depuis la terre ferme qu’en allant courir soi-même », dit-il. « C’est sûr que c’est une course extrêmement difficile. Ils vont naviguer dans des endroits dangereux, alors oui, je pense que je serai un peu nerveux par moments. »

« Cela a été une grande aventure dès le début du projet avec Armel Tripon et Michel de Franssu (team manager) » conclut-il, « une grande aventure du point de vue de la conception mais aussi du point de vue des relations humaines. Je suis très enthousiaste et très heureux de ce projet et j’espère vraiment qu’il poursuivra sur cette voie durant la course. »

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Julia Huvé

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