Une marque et ça repart

© Pierre Bouras / TR Racing

Ce jeudi matin, Thomas Ruyant est venu coiffer au poteau Charlie Dalin et Jérémie Beyou pour franchir en premier la bouée COI-UNESCO, dans le sud-ouest de l’Islande. Au petit trot, la moitié de la flotte IMOCA commence sa descente vers le waypoint Gallimard.

Mercredi soir, Thomas Ruyant était loin du tandem qui semblait régner sur le Grand Nord et qui s’apprêtait à se disputer le talisman. 42 milles derrière Charlie Dalin et Jérémie Beyou, qui remontaient en caravane et à belle allure, vers le 62°N 25°W, ça faisait beaucoup pour espérer venir se mêler à la lutte pour le Challenge Ulysse Nardin.

Nuit magique

Mais une histoire d’amures peut rendre une nuit magique. « Les nuits sont très raccourcies, raconte Thomas Ruyant, et ce grand bord sur mer plate, avec le bateau qui accélère en permanence, c’est très grisant. C’était magique, ça me donnait encore plus envie d’avancer, de ne pas me laisser déposer par les deux ».

Pendant que le skipper de LinkedOut exploitait tout ce qu’il pouvait du flux d’ouest un brin plus soutenu jusqu’au petit matin, Charlie Dalin et Jérémie Beyou goûtaient aux joies de la pétole positionnée sur le waypoint COI-UNESCO, le plus septentrional jamais proposé dans une course IMOCA. Et ce fut lent. Très lent. Très, très lent. Sauf pour le skipper nordiste, qui, alors que ses deux adversaires s’étaient déjà mis dans l’axe du point virtuel à parer, réussissait à se faufiler dans le vent du skipper d’Apivia et à passer la bouée COI-UNESCO avec six minutes d’avance. Il faisait grand jour à l’image quand Charlie Dalin commenta le coup tactique de son rival : « Thomas nous a fait l’intérieur cette nuit pendant qu’on était empétolé dans la molle ». Efficace.

Une flotille de chasse

Le match à deux a donc repris à trois, et cela pourrait durer jusqu’à l’arrivée aux Sables d’Olonne mardi ou mercredi prochain… voire jusqu’à la troisième semaine de janvier (date estimée de l’arrivée du Vendée Globe) tant les performances de ces foilers semblent proches. « Avec Apivia, dit Thomas Ruyant, nous sommes proches en performances. Les deux bateaux sont du même architecte (Guillaume Verdier), les coques sont similaires, mais pas les plans de pont et les jeux de voiles. Sur ce point, nous avons fait un pas de côté, notamment grâce à Antoine Koch », ingénieur et marin, qui a longtemps pratiqué le multicoque de vitesse, dont s’inspirent les voiliers aujourd’hui pour équiper les monocoques à foils.

Et le Nordiste de développer un autre constat qu’inspire la Vendée – Arctique – Les Sables d’Olonne sur l’état de la Classe IMOCA : « Les bateaux récents sont très proches, mais ceux un peu plus anciens, comme le MACSF d’Isabelle Joschke ou le Seaexplorer – Yacht Club de Monaco de Boris Herrmann, ont été très bien ‘boostés’, et se révèlent très performants également. Le type de scénario qu’on vient de vivre ne se retrouvera pas forcément sur le Vendée Globe, où il y a moins de retournements (de situation) qu’en ce moment ».

Au petit trot

L’ambiance était étonnamment calme, aux alentours du cercle arctique ce jour, si bien que, pendant que la tête de course commençait sa descente au petit trot, les poursuivants peinaient à enrouler la bouée COI-UNESCO. Cinq heures après le passage de Thomas Ruyant, Charlie Dalin, Jérémie Beyou, Sam Davies, Kevin Escoffier, Boris Herrmann, Isabelle Joschke et Yannick Bestaven avaient déjà passé la première marque de passage de la Vendée – Arctique – Les Sables d’Olonne, le dernier nommé assumant seulement 28 milles de retard sur le leader. Et ça risque de durer : pour trouver un souffle d’air à plus de 10 nœuds, la tête de course doit encore parcourir 70 milles environ.

Pour le peloton de chasse, c’est une aubaine qu’il faut savoir saisir. Yannick Bestaven (Maître-CoQ IV),8e à moins de trente milles du leader, s’est confié ce matin lors de la vacation : « Je suis content d’avoir pu raccrocher ce petit groupe (composé de Sam Davies, 4e, Kevin Escoffier, Boris Herrmann et Isabelle Joschke) parce que, suite aux problèmes techniques que j’ai eu à gérer le long de l’Irlande, j’avais perdu le contact. J’ai pu revenir en allumant sur la dépression et hier soir également, on était sur la tranche avec Isabelle (Joschke). Là, il n’y a plus de vent et il fait froid, c’est un peu moins fun ».

LA STAT’

Challenge Ulysse Nardin : Les Sables d’Olonne – Bouée COI-UNESCO
1er – Thomas Ruyant (LinkedOut) a passé le waypoint à 11h41, après 1581 milles parcourus en 4j 20h 11mn (moyenne : 13,6 nœuds)

ILS ONT DIT

Thomas Ruyant (LinkedOut)

« C’était digne d’une régate entre trois bouées ; c’était drôle d’arriver tous les trois en même temps là-haut, en tout cas, ça m’a bien fait plaisir. A eux un peu moins, peut-être… C’est surtout l’arrivée là-haut avec la nuit que j’ai passée hier, qui était dingue. Arriver au contact à la marque symbolique de cette course, et la passer en tête, c’est génial. Je suis bien content de ça, mais la course est encore bien longue. Charlie et Jérémie vont très vite, tout reste à faire ».

Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global ONE)

« Jusqu’à présent, j’ai plus réparé que navigué, ce qui n’est pas très plaisant, je vais enfin commencer à prendre du plaisir. Je suis 11e, et content d’être encore à proximité de la flotte. Je ne sais pas bien démarrer les courses, parce que j’ai le mal de mer pendant toute la première semaine, en général. J’ai eu mon lot de problèmes techniques d’entrée de course. J’ai dû monter au mât pour fixer un problème de hook qui bloquait ma grand-voile à deux ris (…) On n’avait pas encore pu tester le bateau à 100% dans des conditions de grosse mer. C’est une très bonne chose que cette course ait pu être organisée, elle nous permet d’affronter de grosses conditions. Ce qui nous arrive est normal. Mes objectifs ? Prendre du plaisir, bien naviguer, bien m’amuser, faire de la régate avec les copains et les copines. Sam (Davies) et Isabelle (Joschke) sont dans le match, ce n’est pas simple. Pour un macho comme moi, c’est dur d’être devancé par deux filles ! Je plaisante, bien sûr. Les filles naviguent très bien. Sam a beaucoup d’expérience, Isa commence à en avoir et le bateau a été remarquablement transformé. Quant à Clarisse, elle réalise une montée en puissance impressionnante, et elle se défend très bien ».

Giancarlo Pedote (Prysmian Group)

« Ça avance bien, on a fait de beaux bords. le ciel a des couleurs particulières. J’ai sorti toute la garde-robe qui sera utile au Vendée Globe pour affronter le froid. »

À RETENIR

Le Challenge Ulysse Nardin

Chronométreur officiel de la Vendée – Arctique – Les Sables d’Olonne, Ulysse Nardin sacralise l’esprit d’aventure des marins IMOCA lancés pour la première fois vers le grand nord, en récompensant le premier à virer la bouée COI-UNESCO. Thomas Ruyant recevra, à son arrivée à terre, son nouveau talisman, la DIVER 44mm bleue.

La bouée COI-UNESCO

Cette marque de passage matérialise le soutien des skippers de la Classe IMOCA aux côtés des scientifiques de la Commission Intergouvernementale Océanographique de l’UNESCO. Un partenariat qui s’appuie sur le JCOMMOPS, le Centre international d’excellence pour la coordination et la surveillance des systèmes d’observation météo-océanographiques, qui font partie du système mondial d’observation de l’océan (GOOS).

Classement du jeudi 9 juillet (16h00 HF)

17 skippers en course

  1. Charlie Dalin (Apivia) à 1530,5 milles de l’arrivée
  2. Thomas Ruyant (LinkedOut) à 0,4 mille du leader
  3. Jérémie Beyou (Charal) à 2,1 milles du leader
  4. Sam Davies (Initiatives-Cœur) à 10,1 milles du leader
  5. Kevin Escoffier (PRB) à 10,5 milles du leader
  6. Boris Herrmann (Seaexplorer – Yacht Club de Monaco) à 14,0 milles du leader
  7. Isabelle Joschke (MACSF) à 22,6 milles du leader
  8. Yannick Bestaven (Maître-CoQ IV) à 28,0 milles du leader
  9. Fabrice Amedeo (Newrest – Art & Fenêtres) à 51,3 milles du leader
  10.  Clarisse Crémer (Banque Populaire X) à 51,4 milles du leader

    abandons : Armel Tripon (L’Occitane en Provence), Damien Seguin (Groupe APICIL), Sébastien Simon (ARKÉA PAPREC)

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COM Alive

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