Le plus dur commence ! 



© Eloi Stichelbaut - polaRYSE

Chaque mille englouti depuis samedi 15h30 a rapproché la flotte de la Vendée – Arctique – Les Sables d’Olonne du cœur de la première des dépressions qui vont se dresser sur la course des skippers solitaires, désormais 19 après l’abandon de Sébastien Simon (ARKEA – PAPREC), victime du bris de son foil tribord samedi soir.



Simon : fâcheux abandon

Sébastien Simon a officialisé ce dimanche matin son abandon. Samedi, quatre heures après le départ des Sables d’Olonne, tandis qu’il avançait à 17 nœuds dans une vingtaine de nœuds de vent, « plutôt sous-toilé, sous J3 (la petite voile d’avant) et un ris dans la grand-voile », précise-t-il, son foil tribord a cédé. Aussitôt, le skipper vendéen a mis le cap sur son port d’attache, Port-la-Forêt, pour évaluer les dégâts, la situation, et ses conséquences. « Continuer cette course nous ferait perdre 15 jours sur le chantier qui s’annonce et les expertises, explique le skipper de ARKEA-PAPREC. Je ne veux pas devoir faire des réparations à la va-vite. Je préfère prendre cette décision (abandonner) même si c’est forcément avec beaucoup de regrets ». Une des conséquences de ce renoncement est que Sébastien Simon doit, pour se qualifier pour le Vendée Globe, effectuer un parcours de 2000 milles en solitaire. La Vendée – Arctique – Les Sables d’Olonne représentaient pour lui une occasion parfaite d’effectuer ce parcours de qualification complémentaire. Désormais, il devra convenir avec la direction de course du Vendée Globe d’un parcours de remplacement, à boucler avant le 15 septembre prochain.

Courber l’échine, et choisir

En file indienne (mais sur des chevaux de compétition), la tête de course a mené un train d’enfer au près, dans une mer un peu formée et dans un vent qui a forci dans la nuit. La leçon ? Les nouveaux foilers ont fait des progrès éloquents sur ces allures qui ne paraissent pas naturelles pour les courbes de leurs foils. En tête la majeure partie du temps, exception faite d’un contre-bord pour éviter de flirter avec les limites d’un DST (dispositif de séparation du trafic), Thomas Ruyant exploite son tout frais LinkedOut avec maîtrise. 6 milles derrière, Kevin Escoffier prouve qu’on peut faire avec les « vieux » bateaux les meilleures routes. On exagère : PRB est un plan VPLP – Verdier mis à l’eau en 2009, que Vincent Riou n’a cessé d’optimiser avant de céder la barre au Malouin. 

Jérémie Beyou (Charal) et Charlie Dalin (Apivia), talonnaient le duo de tête, accompagnés par Isabelle Joschke dont le MACSF, plan VPLP – Verdier de 2007, lui aussi affublé de foils, se révèle impressionnant dans ces allures de près océanique (lire ci-dessous). 

Pour tous, se dresse sur la route une dépression qui demande de choisir. Vaut-il mieux, en mer Celtique, foncer tout droit, viser le cœur de la dépression, qui annonce des vents de 25 à 30 nœuds et une mer de 3,5 mètres, ou virer de bord rapidement après la bascule du front pour aller chercher des conditions plus clémentes dans l’Ouest ? Les modèles météo ne sont pas unanimes, mais il semblerait que le gain lié à la prise de risque ne soit pas suffisamment conséquent pour s’y risquer vraiment.

 Autrement dit, ça vaut le coup, à quatre mois du Vendée Globe, de limiter les risques parce que les pertes de temps ne seront pas conséquentes, et qu’il vaut peut-être mieux accepter l’éventualité de perdre une place au classement que d’y subir un pépin mécanique. 

Armel Tripon (L’Occitane en Provence) a déjà choisi. Dans l’après-midi, le flamboyant IMOCA noir et soleil qui a illuminé la ligne de départ samedi a déjà mis le clignotant à gauche. Une option sage : le Nantais doit boucler la Vendée – Arctique – Les Sables d’Olonne pour se qualifier pour le Vendée Globe. Le douloureux exemple de Sébastien Simon aura-t-il eu un impact sur le subtil équilibre entre les ambitions de court terme et les objectifs au long cours ?

LES MOTS DU BORD

Isabelle Joschke (MACSF) –

« C’est un super chouette début de course ! J’ai pris un bon départ, mon bateau allait vraiment bien dans les conditions de près un peu rapide. C’est humide, mouvementé et, en même temps, on n’a pas eu à trop manœuvrer. La première nuit a été positive pour moi, je suis à fond dans la course, encore en forme même si je n’ai pas beaucoup dormi, c’est une bonne chose ! C’est plutôt une bonne chose de partir devant, je suis ravie que mon bateau avance comme une balle dans ces conditions, c’est une bonne surprise ! »

Yannick Bestaven (Maître CoQ IV)

« 
ça va… ça va. C’est un peu mouvementé depuis le départ, il y a pas mal de vent, qui oscille, mais ça se passe plutôt bien. Je ne suis pas hyper satisfait de mon départ : j’ai décidé de changer de voile au dernier moment, si bien que j’ai pris un mauvais départ, mais je me suis bien remis dans le match. La place que j’occupe me va bien, je suis derrière les bateaux à foils modernes, plus rapides que moi. Et je ne suis pas mécontent d’être près d’Initiatives Cœur : Sam Davies est une bonne référence sur les performances. »

Fabrice Amedeo (Newrest-Arts & Fenêtres)

« C’est vrai ! On va avoir 40 nœuds, au reaching, les conditions qu’on va rencontrer dans l’océan Indien cet hier. L’occasion est intéressante mais je réfléchis. A quatre mois seulement du Vendée Globe, il faut ne pas faire n’importe quoi. Oui, mais sur cette course, l’enjeu est de faire un état des lieux des forces en présence, et de jauger comment on se positionne par rapport aux autres. Les objectifs principaux pour moi, sur la Vendée – Arctique – Les Sables d’Olonne, c’est de m’amuser, et de faire naître de bonnes sensations. Si je reviens sur eux, tant mieux, sinon, ce n’est pas grave. Les différentiels de vitesse sont tellement impressionnants entre les bateaux de dernière génération et les nôtres qu’il ne faut pas trop rêver. On concède 3 à 4 nœuds de vitesse au près, 7 ou 8 au reaching dans certaines phases. Même si on revient, ce qui serait rigolo, ils finiront par partir fort devant. »

Samantha Davies (Initiatives Cœur)

« Au début, c’était rapide ! J’ai vite trouvé des bons réglages et c’était parti pour le « décollage ». C’est très, très « bumpy ». Pas facile de faire « le ménage » pour ranger le bateau après le départ (plombage d’arbre d’hélice, rangement des pavillons de course, rangement caméra, etc). Après avoir tout rangé, j’ai galéré un peu à faire repartir le bateau bien dans la mer et à trouver le bon angle, mais ce n’était pas trop mal. Ça secouait beaucoup, et j’ai hésité à faire à manger ! Dans la deuxième partie de la nuit, on était plus près du vent et moins rapide. J’en ai profité pour me faire un énoooorme dîner – que j’ai mangé par « étapes » (800 calories, dur à avaler en un coup !). J’ai aussi réussi à faire plein de siestes de 30 minutes, bien allongée dans ma bannette. Tout va bien à bord, je profite de ce petit rayon de soleil avant le front qui va passer sur nous et qui va renforcer le vent et la mer, ce soir.
 Je suis super heureuse d’être enfin en course sur mon beau bateau, et de pouvoir vraiment le tester (lui et moi) avant le Vendée Globe cet hiver.
Heureuse aussi de relancer un clic un cœur pour les enfants. »

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COM Alive

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