Impatients d’en (re)découdre !

© Christophe Breschi

Comme prévu, les 30 concurrents de la 17e édition de la Solo Maître CoQ ont rejoint Port-Olona, ce mercredi. Tous sont désormais dans les starting-blocks de l’épreuve dont le départ sera donné ce jeudi à 13 heures, au large des Sables d’Olonne. Au programme : une boucle de 340 milles entre Belle-Ile, Yeu et Ré qui pourrait bien se jouer en deux temps, avec une première partie marquée par une situation orageuse et donc incertaine, puis une seconde qui devrait davantage s’apparenter à une course de vitesse. De quoi garantir du jeu et quelques rebondissements, ce qui n’est, évidemment, pas pour déplaire aux marins, tous impatients de se confronter à nouveau et d’entamer (enfin) leur saison.

« On a vraiment l’impression que ça reprend là où ça s’était arrêté le 13 mars dernier. A cette date, on était au même endroit, prêt pour la même course. C’est un peu comme si le temps s’était arrêté mais on est évidemment tous super contents d’être de retour », annonce Benoît Mariette (Génération Sénioriales) qui résume parfaitement le sentiment général des skippers de cette Solo Maître CoQ initialement prévue au printemps. « La saison a été complètement chamboulée et on ne s’est pas entraîné comme on aurait voulu. On voit donc tous la course comme une sorte de remise en route, une épreuve de travail, et on est tous enthousiastes à l’idée de retrouver la confrontation », poursuit le Lorientais qui a naturellement la Solitaire du Figaro dans le collimateur, et qui ne pouvait espérer meilleure préparation pour l’épreuve reine du calendrier Figaro Bénéteau. Un avis partagé par Tanguy Le Turquais (Quéguiner – Kayak) : « C’est effectivement un peu un retour trois mois en arrière, mais c’est génial de revenir aux Sables d’Olonne pour cette Solo Maître CoQ. Marc Chopin et son équipe se sont bien battus pour que la course ait lieu et c’est vraiment super. A présent, on a tous bien hâte d’y aller, même si on a un peu les jambes engourdies après le confinement. On n’a pas beaucoup navigué et on ne sait pas trop où on en est. Ça va être une bonne remise en route. La course va être hyper intéressante. Parfaite pour se jauger ».

Reprendre ses marques au plus vite

De fait, le parcours de 340 milles qui les attendent, lui et ses concurrents, se rapproche grandement d’une étape de la fameuse Solitaire en termes de format, mais aussi de nombre de difficultés techniques à gérer. « Ce qui nous attend est très complet, bien qu’un peu foireux compte-tenu de la météo. On risque en effet d’avoir des orages au moment du départ ou, en tous les cas, d’avoir un vent pas très stable. Ça risque ainsi de commencer par un bon bazar. Après, il y aura au moins deux transitions à gérer pendant la course. Deux changements de systèmes météo à négocier. Je pense que l’on peut s’attendre à des rebondissements jusqu’à la fin », ajoute le Vannetais qui n’a pas oublié que la grande course de la dernière édition de la course, l’an passé, avait conservé son suspense jusque dans les derniers milles. « Ça pourrait bien être pareil cette année », avance Tanguy, à l’inverse d’Alan Roberts (Seacat Services) qui estime, pour sa part, que la course pourrait se jouer en deux temps distincts. « La situation risque d’être effectivement un peu orageuse après le départ. Les premières 20-24 heures de mer pourraient donc être assez compliquées avant que ça ne se transforme en course de vitesse ensuite », note le Britannique, impatient, lui aussi, de renouer avec la compétition après huit mois sans. « Il va falloir reprendre le rythme et ses marques rapidement », assure Alan. Pour lui, la première moitié de la course s’annonce clairement décisive. Un point de vue partagé par Benoît Mariette : « Ça risque de distribuer un peu dès le début. Après, il y aura probablement peu de grands choix stratégiques possibles. Ce sera sans doute un peu du tout droit, et ce sera alors dur de revenir ». En clair, il faudra réussir à être dans le match dès le début. Un scénario qui pourrait, sur le papier, réussir aux navigateurs les plus expérimentés, forcément plus à l’aise dans les phases de transitions, mais ces derniers devront cependant se méfier des bizuths, très impatients de faire leur entrée sur le circuit, bien décidés à faire preuve d’opportunisme et, par ricochet, à aller, si possible, titiller les moustaches des favoris.Initialement programmée du 13 au 22 mars dernier, la 17e édition de la Solo Maître CoQ n’avait pu se dérouler aux dates prévues, la crise sanitaire engendrée par l’épidémie de Covid-19 ayant largement chamboulé le calendrier de cette année 2020. Optimistes et déterminés, les organisateurs avaient alors annoncé leur volonté de reporter l’épreuve à une date ultérieure si les conditions le permettaient. La bonne nouvelle a été annoncée par la Fédération Française de Voile la semaine dernière : les plus hautes instances ont validé, sous le respect d’un cahier des charges très strict, l’organisation de la course malgré la suspension actuelle des évènements jusqu’au 31 juillet. Cette Solo Maître CoQ, première compétition sportive toutes disciplines confondues autorisée depuis le déconfinement, se tiendra ainsi du 24 au 28 juin prochain, son format ayant toutefois été modifié pour répondre aux règles imposées par le contexte. Les 30 skippers en lice batailleront alors pour une boucle de 340 milles entre Belle-Ile, Yeu et Ré. Un exercice parfait à la fois pour les « gros bras » du circuit Figaro qui auront ainsi l’occasion de valider le travail réalisé depuis l’hiver dernier, et pour les « petits nouveaux » qui pourront répéter, grandeur nature, une étape de la fameuse Solitaire et se qualifier pour celle-ci.

Ils ont dit:

Adrien Hardy (Océan Attitude) :

« Je suis content. Au départ, je n’avais pas prévu de faire cette Solo Maître CoQ, ni même la saison en Figaro. J’avais fait une croix dessus, puis j’ai eu cette belle opportunité qui s’est présentée il y a une semaine. Le bateau a été mis à l’eau avant-hier, j’ai fait le convoyage hier et demain je serai sur la ligne de départ. Je n’ai pas du tout navigué depuis la Solitaire, l’été dernier. Je viens donc pour prendre du plaisir puis me préparer pour la Solitaire, à défaut d’avoir pu faire des entraînements. Le fait que ce soit un format un peu allégé (seulement une grande course, ndlr), limite les contraintes de timings et de budget. Cela a été pour moi un vrai encouragement pour venir aux Sables car c’est simple et efficace. Ce qui nous attend ? Plutôt des petites conditions. On ne devrait pas avoir de vents supérieurs à 15 nœuds, et plutôt de secteur ouest. Pour moi, c’est bien car je ne devrais pas être trop à la rue techniquement. Après, la vitesse, ce sera une autre affaire… ».

Robin Follin (Floréal) :

« Je suis super content d’être au départ de cette Solo Maître CoQ. Ces trois dernières semaines ont été compliquées. D’un côté, je cherchais des sous pour pouvoir naviguer et de l’autre je faisais en sorte de m’entraîner au mieux pour préparer la régate qui est arrivée très vite. Heureusement, j’ai récupéré le bateau en très bon état et je n’ai pas eu grand-chose à faire pour le mettre sur les rails. Dans ce contexte, je vais essayer de faire une course propre, sans faire de bêtises. C’est ma première régate en Figaro. Je pars sans aucune prétention de classement. Je prends des bonnes bâches aux entraînements alors je ne m’attends pas à jouer aux avant-postes d’autant que j’ai très peu de back-up en solitaire. Je vais me battre au mieux avec les concurrents autour de moi et donner le meilleur de moi-même. Je vais découvrir le support, le solitaire et le large : ça fait beaucoup de choses d’un coup, mais c’est aussi ce qui motive. »

Benoît Hochart (La Chaîne de l’Espoir) :

« Comme tous les autres, je suis content de retourner régater. Mon objectif est avant tout de prendre du plaisir. Je ne veux pas me prendre la tête et naviguer simplement. Faire les choses bien, comme je sais les faire. Le but est de retrouver des sensations et les bons réflexes. J’espère réussir à mettre en place ce que j’ai travaillé à l’entraînement et voir comment j’ai réussi à progresser. Après la longue période de confinement, on a forcément perdu quelques automatismes mais je ne m’inquiète pas plus que ça. Lors de cette course, on va subir beaucoup de changements de conditions. On s’attend à avoir de la pétole au début et un peu plus d’air ensuite. Les transitions seront importantes et il faudra réussir à bien anticiper les choses et les changements de voiles. Il faudra rester à l’affût et se monter opportuniste. Ça va pas mal jouer c’est sûr ! »

Source

Laure Lunven - de Hercé

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