Le Figaro, antichambre de l’IMOCA ?

© Alexis Courcoux

La 50ème Solitaire Urgo-Le Figaro s’est achevée mercredi après une quatrième et dernière étape qui a vu la victoire d’Eric Péron et confirmé celle de Yoann Richomme au classement général final. A peine remis de cette dernière étape pas moins éprouvante que les précédentes, quelques skippers doubles spécialistes du Figaro et de l’IMOCA ont fait le point sur l’édition 2019 à laquelle ils ont participé.
S’il se confirme qu’il faut être un hyper spécialiste du Figaro pour s’imposer dans La Solitaire, le retour en Figaro pour les skippers IMOCA ne semble pas une épreuve des plus aisées… Quels points communs et différences dans la façon de courir sur un petit bateau (le Figaro) par rapport à un grand bateau (l’IMOCA 60) ? Le circuit Figaro est-il un passage obligé pour gagner les grandes courses en IMOCA ? Et n’est-ce pas difficile de revenir sur le circuit Figaro quand on court en IMOCA ? Les réponses de Yoann Richomme (1er), Michel Desjoyeaux (12ème), Yann Eliès (16ème), Jérémie Beyou (20ème et Thomas Ruyant (38ème).

A quelques mois du départ de la Transat Jacques Vabre et un peu plus d’un an du Vendée Globe, alors que la plupart des nouveaux IMOCA de dernière génération ne sont pas encore à l’eau, la 50ème Solitaire du Figaro était l’occasion pour quelques skippers IMOCA de se frotter à la concurrence figariste, une façon de faire le point sur leur fraicheur physique et leur capacité d’endurance.
Grand vainqueur de La Solitaire 2019, Yoann Richomme (HelloWork-Groupe Télégramme) ne boude pas son plaisir et encense la Classe et son Figaro 3 : « Je me suis éclaté avec ce nouveau bateau grâce auquel la Classe va prendre beaucoup d’importance. En termes de niveau, le Figaro c’est incomparable… C’est une leçon d’engagement, une école fantastique pour apprendre et pour progresser. Passer à l’IMOCA est dans la logique des choses pour moi et j’espère toujours être au départ du Vendée Globe l’an prochain ». Le vainqueur de la dernière Route du Rhum-Destination Guadeloupe en Class40, va maintenant reprendre les entrainements en IMOCA avec Damien Seguin aux côtés duquel il participera à la Rolex Fastnet Race dans un mois, avant de s’aligner sur la Transat Jacques Vabre.

Pour Thomas Ruyant (Advens – La Fondation de la Mer) : « Le Figaro c’est l’olympisme de la course au large. Performer en Figaro est une preuve de talent et ce talent peut être utilisé en IMOCA…, mais le Figaro n’est pas pour moi un passage obligé. De grands skippers à l’image de Jean-Pierre Dick, Bernard Stamm ou Alex Thomson pour ne citer qu’eux, n’ont pas eu besoin de ce passage par le Figaro… Avoir fait du Figaro ne suffit pas non plus. Il faut avoir fait d’autres choses, du Mini, du Class40′ qui sont des supports aussi importants pour se préparer au passage en IMOCA ».

Le Figaro pour performer en IMOCA

Triple vainqueur de l’épreuve (2005-2011-2014), Jérémie Beyou (Charal) le dit haut et fort : « Il faut avoir la volonté farouche d’y aller, car on ne se frotte pas à un tel niveau sans motivation. La Solitaire est une référence en terme de préparation. Personnellement, il me faut 2 à 3 ans pour retrouver le rythme et me remettre dans la peau d’un Figariste… Cette édition 2019 n’échappe pas à la règle, c’est vraiment un exercice de spécialiste. Il n’y a qu’à regarder qui sont les 10 premiers… Pour l’emporter il faut être Figariste à 100% ». Après deux semaines de vacances, le skipper de Charal va reprendre les entrainements en double avec Christopher Pratt avec lequel il s’alignera au départ de la Transat Jacques Vabre.

Pour Michel Desjoyeaux (Lumibird), triple vainqueur de l’épreuve (1992, 1998, 2007) et très satisfait de sa place de 12ème cette année : « Faire de l’IMOCA sans avoir fait du Figaro est un non-sens, car le plus gros groupe de haut-niveau est là ! L’expérience du Figaro est incontournable pour performer sur un Vendée Globe. Après, il ne faut pas se tromper lorsque l’on passe à l’IMOCA car le bateau est beaucoup plus grand, plus lourd, plus puissant et la préparation très technique ».
Une analyse que partage Yann Eliès (StMichel) pour qui : « Un passage par le Figaro est quasiment obligatoire pour gagner en IMOCA. Le Figaro est un concentré de tout ce que l’on va vivre en IMOCA, surtout avec le nouveau bateau. Faire du Figaro est aussi très complémentaire car on ne passe pas assez de temps sur l’eau en IMOCA et le Figaro donne l’occasion de se maintenir au niveau et de continuer à progresser. Cette édition a été compliquée pour moi. Je me voyais clairement plus haut dans le classement final. J’ai manqué de fraicheur sur cette édition dont toutes les étapes ont été difficiles. Je reviendrai peut-être l’an prochain, mais aujourd’hui je me concentre à trouver un partenaire pour The Ocean Race qui m’attire beaucoup et pour le Vendée Globe 2024 « . D’ici-là Yann embarquera sur le tout nouvel IMOCA Apivia aux côtés de Charlie Dalin pour la Transat Jacques Vabre qui partira le 27 octobre prochain du Havre.

Revenir, c’est accepter de se mettre en danger

« C’est pas mal de se remettre parfois en cause et de se mettre en danger sur le circuit Figaro » explique Yann Eliès :  » car l’exercice est très difficile et le niveau très élevé. Cette année, un seul de nous a réussi à rendre une copie très propre… », Yoann Richomme, qui de son côté rend hommage aux skippers IMOCA qui reviennent sur le circuit Figaro : « J’imagine que c’est très difficile pour Yann, Jérémie, Armel ou Mich’ de revenir sur la Figaro où on a potentiellement tous le risque de se prendre une grosse bâche… Il faut avoir aussi le mental pour accepter ça ! ».

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