Les contrôles de jauge IMOCA, comment ça marche ?

La jauge IMOCA définit de nombreux critères très précis (et évolutifs) en vue d’accroître la sécurité des marins et d’assurer l’équité sportive. Si certaines données sont relativement « simples » à vérifier (comme la longueur, la largeur, le poids ou le nombre de voiles), d’autres s’avèrent bien plus complexes à appréhender, notamment celles concernant les critères de stabilité et de puissance. Mené par René Boulaire, le chef mesureur, et Manu Guedon, en contact étroit avec les teams IMOCA, ce travail autour de la jauge est essentiel, notamment en amont d’une épreuve comme la Bermudes 1000 Race qui partira de Douarnenez ce jeudi à 17H00. Explications.

Différentes phases permettent de s’assurer qu’un IMOCA est à la jauge. La première se déroule durant la construction. Très proche de l’équipe, de l’architecte et du constructeur, le chef mesureur René Boulaire, assisté de Manu Guedon, vérifie les techniques de fabrication, les matériaux utilisés, toutes les caractéristiques de dimension (longueur, largeur, tirant d’eau, tirant d’air).

Une fois le bateau sorti de chantier, il faut peser le bateau, les foils, le mât mais aussi vérifier que la quille est conforme au cahier des charges – et bien d’autres choses encore. Puis on soumet le bateau au spectaculaire test à 90 degrés qui consiste à le « coucher » sur l’eau pour déterminer la position du centre de gravité. Ce test est réalisé pour les IMOCA neufs mais aussi lorsque des modifications importantes sont faites, comme un changement de mât, de quille, d’appendices…

Stabilité et puissance, les deux grands critères de la jauge IMOCA

Une fois le poids et le centre de gravité définis, il est possible de passer à la phase suivante des contrôles, qui consiste essentiellement à respecter les critères de stabilité et de puissance. L’enjeu du travail de Réné Boulaire et de Manu Guedon est d’effectuer les mesures physiques les plus précises pour que les calculateurs disposent des bonnes données pour vérifier tous les critères de stabilité. Pour chaque bateau, les calculs sont effectués numériquement au minimum une fois par an, grâce à des simulations numériques très poussées.

« Pour les nouveaux IMOCA, le RM (moment de redressement) du bateau doit être inférieur ou égal à 25,5 tonnes/mètres à 25 degrés de gite », indique par exemple René Boulaire. Un test à 180° est aussi simulé : le bateau est intégralement retourné et doit être capable de se redresser en actionnant la quille pendulaire. D’autres tests permettent de vérifier que le bateau ne chavire pas avant 110° de gîte. « Nous voulons que les IMOCA soient des voiliers vraiment marins, capables de naviguer en toute sécurité autour de la planète. Il faut à tout prix éviter qu’ils chavirent et restent à l’envers », explique Antoine Mermod, Président de la classe.

Des vérifications régulières des points névralgiques et du matériel de sécurité

Chaque année, les équipes doivent faire d’autres contrôles pour obtenir le certificat de jauge, document indispensable pour prendre part aux courses inscrites au calendrier de l’IMOCA. Le mât doit par exemple être contrôle à l’aide d’ultra sons. Quant aux quilles monotypes, elles doivent être inspectées tous les quatre ans.

René Boulaire et Manu Guédon viennent régulièrement à bord des IMOCA pour une vérification de tous les éléments de sécurité. Au départ de certaines courses, comme la Bermudes 1000 Race qui arrive tôt dans la saison, ils travaillent en étroite collaboration avec les contrôleurs d’équipements de course au large de la FFVoile. « Nous faisons un tour complet du bateau pour vérifier de nombreux éléments comme les lignes de vie, les filières, les chandeliers, les balcons, les balises, les radeaux de survie, etc. Toutes ces parties du bateau doivent être conformes à la jauge IMOCA telle qu’elle est écrite », précise Manu Guedon. « Il faut aussi faire un point sur les papiers du bateau, voir si l’immatriculation est à jour, si le bateau est bien déclaré et qu’il est apte à naviguer. »

Le jaugeur, au cœur des designs des bateaux et de leurs évolutions

René Boulaire et Manu Guedon échangent constamment avec les teams pour les accompagner et définir clairement les limites liées à la jauge. Les règles à respecter sont nombreuses et très précises. A toutes les phases d’un projet, les différents contrôles de jauge prennent du temps, ils sont complexes et il faut bien l’avouer contraignants pour les marins. Mais ils sont absolument essentiels dans la perspective du Vendée Globe. « Notre démarche n’est pas répressive mais au contraire constructive », souligne René Boulaire. « On répond aux interrogations des coureurs, on les assiste, on les aide à respecter tous les points de jauge. »

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