47 solitaires dans les starting-blocks

© Christophe Breschi

Trois semaines après la Sardinha Cup qui s’est disputée en double, les Figaristes s’apprêtent à rempiler pour un tour. Une différence cependant (et de taille) : c’est en solitaire qu’ils vont en découdre cette fois, dans le cadre de la 16e édition de la Solo Maître CoQ. L’épreuve s’annonce haute en couleurs, car au-delà du fait qu’elle est la toute première confrontation en solo sur le tout nouveau Figaro Bénéteau 3, elle rassemble un plateau d’exception. Jugez plutôt : pas moins de 47 marins sont engagés, parmi lesquels les plus grands noms de la voile, tels Beyou, Desjoyeaux, Eliès, Gautier, Le Cléach’, Peyron, Richomme ou encore Ruyant. Eux et les autres piaffent d’impatience de se jauger et de se confronter à la concurrence, à la fois sur des parcours côtiers et une grande course off-shore.

« A la veille de cette Solo Maître CoQ, il y a énormément de questions en suspens mais ce qui est fascinant, c’est le casting. On retrouve des gens de tous les horizons et de toutes les tranches d’âge. Il faut être assez conscient du niveau incroyable de la course ! », lance Loïck Peyron qui, du haut de ses 59 ans, est le doyen de la compétition. « L’on retrouve des gens dont c’est la spécialité, des gens dont ça l’était et des gens dont ça ne l’est pas exactement, ce qui est plutôt mon cas. On est cependant tous excités de se mesurer les uns aux autres et d’essayer de maîtriser la petite machine tout seul, ce que l’on a commencé à faire aux entraînements et lors des convoyages. Il demeure pas mal d’inconnues. On a pu voir des choses en double mais on sait que la navigation en solitaire, c’est une autre dimension. Une dimension qui a le mérite, non pas de niveler mais d’augmenter les différences », poursuit le skipper d’Action Enfance qui se prépare donc à entamer un nouvel exercice, et pas des moindres, sur le nouveau Figaro Bénéteau 3. « C’est un bateau un peu compliqué, qui n’aime pas être sous pilote et sur lequel il faut changer de voiles dès que le vent change de 10°. Cela implique beaucoup de manœuvres, beaucoup d’anticipation et beaucoup de concessions me semble-t-il », détaille Peyron, rejoint sur le sujet par Armel Le Cléac’h qui, pour sa part, fait son retour sur le circuit Figaro à l’occasion de la Solo Maître CoQ six ans après sa dernière participation à la fameuse Solitaire.

Des bords rallongés

« Le nouveau support est, techniquement, un peu plus compliqué que le précédent. Il y a une voile de plus, ce qui, mine de rien, change pas mal de choses. Il y a, de ce fait, beaucoup à apprendre ou à réapprendre, mais c’est aussi pour cette raison que tout le monde revient cette année. Quarante-sept bateaux sur une même ligne de départ, ça va être génial. Il va aussi falloir être vigilant mais ce sera un apprentissage en mode accéléré, ce qui est parfait à un mois de la Solitaire Urgo – Le Figaro », détaille le skipper de Banque Populaire. Même son de cloche ou presque du côté de Gildas Morvan, le skipper de Niji. « Depuis le début de l’année, on a fait beaucoup de double pour découvrir le bateau. On a vu que c’était compliqué, même à deux. Il y a beaucoup de voiles, beaucoup de ranges… Maintenant il va falloir adapter tout ça en solitaire. Cette Solo Maître CoQ va être le premier grand test en solitaire pour nous tous. On va essayer de ne pas s’emmêler les pinceaux dans les manœuvres et faire en sorte de mener le bateau à 100%, ce qui n’est pas évident tout seul. Clairement, on n’a pas le droit à l’erreur et en ce sens, c’est vraiment très bien que les organisateurs de la course aient décidé d’allonger un peu les bords des parcours des deux premières journées », souligne le Finistérien qui prépare cette année sa 22e participation à la Solitaire, rien de moins. De fait, l’association Les Sables d’Olonne Vendée Course au Large, qui orchestre l’évènement pour la quatrième année consécutive, a choisi de ne proposer que des grands côtiers lors de deux premiers jours de jours. Exit les éventuels parcours de type « banane » avant la grande course de 350 milles.

Limiter les risques

« Nous nous adaptions aux contraintes du nouveau bateau et c’est ainsi que nous avons décidé de rallonger les parcours sans, évidemment, entacher les aspects tactiques et stratégiques », assure Marc Chopin, le Directeur de l’association. Une décision qui a naturellement été reçue avec enthousiasme par l’ensemble des coureurs. « Aujourd’hui, nous sommes encore en phase de découverte. On n’a pas encore les clés sur la réalisation propre de toutes les manœuvres. Les problèmes peuvent arriver assez vite et la casse aussi. Après dix ans de Figaro 2, tout le monde se servait de son bateau comme d’une mobylette. Là, on est encore en rodage et c’est cool que les organisateurs de course soient compréhensifs », avoue Julien Villion, le skipper de Majan qui se réjouit par ailleurs de débuter les débats dans des conditions très clémentes. « Du vent plutôt faible est annoncé pour le début de semaine. C’est plutôt sympa de savoir que l’on va débuter les choses en douceur, même si cela ne signifie pas pour autant que l’on ne va pas avoir un peu chaud », note le Morbihannais dont l’avis est partagé par Armel Le Cléac’h.

Un ton à donner

« On va se prendre la tête pour trouver les solutions pour faire avancer le bateau mais ce sera intéressant dans tous les cas car au stade où on en est, tout le temps passé sur l’eau, quelles que soient les conditions, est important », assure le vainqueur du Vendée Globe 2016-2017, forcément heureux de revenir aux Sables d’Olonne, tout comme Yann Eliès. Ce dernier, récent vainqueur de la Sardinha Cup en double avec Sam Davies fait, de fait, partie des hommes attendus sur cette Solo Maître CoQ. « Ce n’est pas parce que j’ai gagné la première course du Championnat que je me sens pousser des ailes. C’est difficile de dire que de courir en solitaire remet tout à zéro, mais, mine de rien, ce n’est pas si faux. En ce qui me concerne, j’ai uniquement fait le convoyage pour venir aux Sables tout seul et un stage en faux-solo à Port-la-Forêt. Cette Solo Maître CoQ va forcément remettre les choses à plat. Comme les autres l’ont déjà expliqué, la configuration du bateau a changé. On est sur quelque-chose qui ressemble plus à un 60 pieds IMOCA, avec beaucoup de voiles à utiliser. C’est très technique mais aussi très physique et à cela se rajoute le fait que l’on va régater à 47, ce qui n’est pas rien. Je ne compte pas prendre de risques sur les petites courses mais en revanche, j’ai bien l’intention de faire une belle grande étape », relate le skipper de St Michel, bien conscient que cette 16e Solo Maître Co

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Laure Lunven - de Hercé

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