Départ rapide et zone sans vent à négocier

© Olivier Blanchet

C’est à 15 heures 08 très précises que les 10 Class40 engagés dans le Défi Atlantique ont quitté le port de Horta, en route vers La Rochelle distante de 1 300 milles. Les 32* marins répartis en double voire jusqu’à 4 hommes d’équipage, selon le bon vouloir des skippers, ont salué d’admirable manière le petit port de l’île de Faial et les Açoriens, pour leur accueil toujours aussi traditionnellement empreint d’amitié et de convivialité. Le comité de course placé sous la présidence de Patrick Morin avait, dans cette perspective, figuré la ligne de départ entre les deux extrémités des digues du port de commerce, offrant aux habitants de Horta un point de vue imprenable sur les évolutions de départ, en bordure des promenades qui cerclent le port, sous le regard majestueux du volcan de Pico. C’est Made in Midi à Kito De Pavant qui s’est montré le plus prompt sur la ligne, devançant au coup de canon Edenred à Emmanuel Le Roch, et Aïna Enfance et avenir d’Aymeric Chappellier.

Un podium pas si figé que cela !

Certes, la deuxième étape du Défi Atlantique, après le long morceau de bravoure entre la Guadeloupe et Horta, qui a donné lieu à plus de 2 500 miles de régate compliqué à souhait entre contournement de l’anticyclone des Açores et dépressions d’Atlantique Nord, ne revêt pas au premier regard les affres d’un suspens étouffant quant à l’issue du classement général. Aïna Enfance et avenir s’est doté d’une apparemment confortable avance de près de 9 heures sur son dauphin Earendil de Catherine Pourre, et plus de 24 heures sur Kito De Pavant (Made in Midi), troisième à Horta. Pourtant, et au regard des conditions météos plus qu’incertaines sur la fin du parcours, nul concurrent ne se livrait, ce matin encore, au moindre pronostic. L’ambiance était d’ailleurs à la concentration maximale sur les pontons de départ chez chacun des 10 protagonistes de la course. Chaque Class40 a en effet sa carte à jouer et son objectif à atteindre, pour des gains au classement général, à l’instar des Italiens de Enel Green Power, bien décidés à titiller jusqu’au bout le podium, ou pour livrer la meilleure performance possible tout au long des rapides 1 300 milles à venir.

Aymeric Chappellier en quête de consécration chez lui à la Rochelle

Aymeric Chapelier, le rochelais, oublie, l’espace d’un instant sa domination au classement général, pour ne plus se focaliser que sur un unique objectif, entrer le premier et en vainqueur dans sa ville chérie. Inutile de préciser que tant du côté d’Earendil, où officient des pointures de la course au large et de la Class40 comme Antoine Carpentier et Pietro Luciani, que du côté du duo de choc Kito De Pavant – Alex Pella sur Made in Midi, on n’entend guère laisser ce plaisir et ce privilège au Rochelais. L’esprit de revanche et de perfectionnement anime ainsi l’ensemble de la flotte. Une flotte de 10 unités qui pourrait, caprice de la météo oblige, être renforcée en fin de course, si d’aventure le manque de vent venait à régner sur le golfe de Gascogne, par Loïc Féquet et ses hommes. Leur Class40 Tibco s’était, on s’en souvient, détourné peu après le départ de Guadeloupe vers les Bermudes pour réparer des avaries de safrans. Il cravache depuis d’arrache pied pour rallier Horta, qu’il pourrait atteindre en milieu de nuit prochaine. L’idée de Loïc Féquet est d’effectuer un « pit stop » express, le temps de récupérer quelque avitaillement frais, pour repartir, en course cette fois, vers La Rochelle. Ce sont bien 11 unités que la ville aux deux tours s’apprête à accueillir en grande pompe à partir de samedi ou dimanche prochain.

* Dernière minute : Catherine Pourre ne prendra pas le départ de la seconde étape. Appelée par des obligations professionnelles, elle est rentrée en France, laissant la responsabilité du bateau à l’italien Pietro Luciani.

Ils ont dit :

Aymeric Chappellier (Aïna Enfance et avenir) – 1er à Horta

« On va essayer de rejouer la même stratégie, c’est-à-dire partir devant, accélérer et rester en tête pour être sûr que ce n’est pas là qu’il y a un coup à jouer ! Je l’avais déjà dit avant même le départ de la première étape : le but pour nous c’est d’arriver en tête à la maison ! J’ai effectivement l’impression que les autres n’ont pas très envie qu’on refasse la même. Je sens bien qu’ils l’ont un peu en travers et que là, ils sont un peu énervés pour cette deuxième étape. On va partir dans une petite dorsale, avec quand même un peu de vent dedans, mais très vite, une dépression va nous arriver dessus. Le vent va monter progressivement jusqu’à 25 nœuds avec des rafales à 30. On sera sur du portatif et la route devrait être assez rapide jusqu’au cap Finisterre. Après, en revanche, c’est plus incertain, la faute à une petite bulle. En clair, au début, la stratégie va être assez simple puisqu’on va monter au nord et jiber quand le baromètre va commencer à diminuer un peu. Dans le golfe de Gascogne, ça risque en revanche de devenir plus complexe avec des passages à niveau et, par ricochet, des coups d’élastique. Il faudra être frais et lucide jusqu’au bout. Et évidemment être devant ! ».

Catherine Pourre (Earendil) – 2e à Horta

« Notre début de course a été laborieux mais on est bien revenu dans le match. Je suis heureuse de découvrir de nouveaux marins, en l’occurrence Ambroggio Beccaria. J’ai beaucoup appris au contact de l’équipage. On n’a « que » 10 heures de retard sur Aïna, on peut être ambitieux, surtout si l’arrivée se joue dans peu de vent. On a aussi une marge sur le troisième… »

Kito De Pavant (Made in Midi) – 3e à Horta

« On s’attend à un golfe de Gascogne compliqué. L’étape s’annonce ventée, au portant ! Ca va être rapide mais dur. On va essayer de faire une belle trajectoire, et de rester sur le podium. Il sera difficile de gagner des places, et très facile d’en perdre. On continue en double avec Alex, et cela fonctionne à merveille. J’aime bien le format de cette course, qui laisse beaucoup de liberté aux équipages. Alex apporte une culture différente, une autre façon d’appréhender la couse au large. Il a énormément de qualités, c’est pour ça qu’on le voit sur toutes sortes de supports. Il apporte beaucoup de fraicheur, de positivité, et est très compétent. Il me permet d’avancer sur le préparation en vue de la Transat Jacques Vabre. »

Andrea Fantini (Enel Green Power)

« On a envie d’arriver à La Rochelle. On sent une pression positive suite à notre belle 4ème place. On veut bien faire. On est ambitieux ! Pourquoi pas un podium ? Cela va aller vite, avec moins de tactique. Les angles sont très ouverts, et donc moins favorables aux nouveaux bateaux. L’ambiance à bord est super, mais on a été très forts dans la tête. Je savais que le bateau pouvait bien marcher, mais en solo, c’est plus difficile, tandis qu’en équipage, on a pu tirer la quintessence du bateau. La troisième place n’est pas si loin… »

Classement général provisoire :

  1. Aïna Enfance et avenir (Aymeric Chappellier) : 9 jours, 15 heures, 46 minutes et 19 secondes
  2. Earendil (Catherine Pourre) : 10 jours, 00 heure, 44 minutes et 40 secondes
  3. Made in Midi (Kito De pavant) : 11 jours, 00 heure, 45 minutes et 50 secondes.
  4. Enel Green Power (Andrea Fantini) : 11 jours, 06 heures, 17 minutes et 53 secondes
  5. Campagne de France (Miranda Merron) : 11 jours, 08 heures, 15 minutes et 45 secondes
  6. Athena Groupe Immobilier – Mer Entreprendre (Thibault Hector) : 11 jours 10 heures 42 minutes 51 secondes
  7. Colombre XL (Charles-Louis Mourruau) : 11 jours 20 heures 59 minutes 27 secondes
  8. Edenred (Emmanuel Le Roch) : 12 jours 01 heure 40 minutes 58 secondes
  9. Yoda (Franz Bouvet) : 12 jours 07 heures 44 minutes 28 secondes
  10. Esprit Scout (Marc Dubos) : 12 jours 09 heures 33 minutes 12 secondes
  11. Tibco (Loïc Fequet) : DNF première étape. Toujours en mer à l’heure où nous écrivons ces lignes.

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Grand Pavois Organisation

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