Départ rapide et peu d’options à attendre.

© Olivier Blanchet

Les dix Class40 en lice* dans ce Défi Atlantique Guadeloupe > Horta > La Rochelle s’élanceront demain lundi 8 avril à 13 heures locales (soit 15 heures Françaises ou 13heures TU) depuis le port de Horta, en direction de La Rochelle. Cette deuxième étape rapide, longue de 1 300 milles théoriques et qui ne semble a priori pas offrir beaucoup d’options, attise toutes les convoitises. Une dépression centrée au large de la Bretagne offrira lundi matin en son Sud et sur la ligne de départ des vents de secteur Sud-Ouest, d’abord modérés, puis de plus en plus soutenus, jusqu’à plus de 20 noeuds. Une nouvelle dépression centrée, elle, loin du côté de Terre-Neuve, va cependant venir renforcer ce vent de Sud-Ouest pour les concurrents et on attend des forces à plus de 30 noeuds, avec des rafales à 40 sur la zone d’évolution des bateaux.

Vers un final incertain ?

C’est donc une course de vitesse qui s’annonce, au moins pour les trois premiers jours, et comme à l’accoutumée, plus les concurrents avanceront vers l’Est, et plus la pression dans leurs voiles augmentera, favorisant les premiers de cordée. « Un scénario classique en cette saison » précise Christian Dumard de Great Circle Squid, partenaire météo de la course. « C’est surtout pour la dernière partie de la course et le Golfe de Gascogne que demeurent nombre d’incertitudes. Le vent va faiblir, mais difficile pour l’heure d’en préciser la force et la direction. Les bateaux partiront en avant du front, aux allures portantes, et devraient ainsi profiter d’une mer peu creusée. On peut à ce jour tabler sur 5 jours de navigation, soit une arrivée à La Rochelle dans la journée de samedi. »

Un classement pas si figé…

Reposés, ravis d’une escale pleine d’enchantement, d’amitié et de convivialité, les équipages repartent complètement requinqués de Faial et, vive est l’envie d’en découdre. Aymeric Chappellier (Aïna Enfance et avenir) part serein, avec 8 bonnes heures d’avance sur son concurrent le plus immédiat, Catherine Pourre et les trois hommes d’équipage d’Earendil. La troisième marche du podium est encore plus loin au classement général, puisque Kito de Pavant et son Made in Midi déplorent déjà plus de 24 heures de retard. Aucun de ces trois équipages ne vend cependant la peau de l’ours. Ce deuxième tronçon de l’épreuve est redoutable et s’annonce particulièrement tonique. Dès le départ, une course de vitesse contre le déplacement de la dépression sera lancée, avec la hantise de se voir dépasser par le front, tandis que les petits camarades continuent de cavaler en avant de celui-ci. C’est bien ainsi qu’en voile se creusent les écarts. Les appétits sont donc parfaitement aiguisés chez chacun des équipages. Les étonnants italiens de Enel Green Power, 4ème du général, emmenés par Andrea Fantini, veulent surfer sur la vague de l’ambition, de la bonne humeur et d’un bateau redoutable à toutes les allures malgré son âge vénérable (2007). Ils continuent de croire en leur bonne étoile et se verraient bien grimper sur le podium à La Rochelle.

*Tibco de Loïc Féquet est toujours, à l’heure où nous écrivons ces lignes à 370 milles d’Horta. En compagnie de Benoit Champanhac et Arnaud Le Gal, il cravache pour rallier les Açores le plus vite possible, sans doute lundi en soirée. Il compte faire le plein de produits frais et de gasoil, avant de repartir le plus vite possible, en course vers La Rochelle. Pour mémoire, Lamotte Module création de Luke Berry avait démâté tôt après le départ.

Ils ont dit :

Aymeric Chappellier (Aïna Enfance et avenir)

« On a procédé rapidement aux vérifications du bateau. On a tout réparé et on est prêt depuis deux jours. On regarde la semaine à venir. La première manche a été très belle. On a un peu d’avance, mais avec cette dépression derrière nous et du portant fort, il ne faudra pas s’endormir. Pas de pression particulière. On a un peu d’avance mais rien n’est fait. Derrière le front, on peut vite prendre des heures de retard. Il faut bien naviguer, ne pas faire d’erreur, ne pas casser. On a hâte de rentrer, heureux de ramener le bateau à la maison. Je vais tout faire pour arriver en tête à la maison. Nos adversaires sont piqués au vif, on va se défendre. Je peux m’appuyer sur Eric (Quesnel) et Rodrigue (Cabaz), je peux dormir sur mes deux oreilles. Il va juste falloir doubler les portions parce qu’ils mangent beaucoup (rires)!… »

Catherine Pourre, Earendil

« Horta est d’une tranquillité hors du temps, très reposante, vraiment au milieu de l’océan. On a été reçu merveilleusement, par des gens qui aiment la mer. La première étape s’est bien passée, avec une mer pas trop mal rangée, et moins de près que prévu. Notre début de course a été laborieux mais on est bien revenu dans le match. Je suis heureuse de découvrir de nouveaux marins, en l’occurrence Ambroggio Beccaria. J’ai beaucoup appris au contact de l’équipage. On n’a « que » 10 heures de retard sur Aïna, on peut être ambitieux, surtout si l’arrivée se joue dans peu de vent. On a aussi une marge sur le troisième. Avec Earendil, et depuis 2015, nous passons l’hiver aux Antilles, suite à une transat hivernale. On reste aux Caraïbes et aux Etats-Unis, puis on revient vers l’Europe en transat et en course, Bermudes-Hambourg l’an passé, et Québec Saint-Malo l’an prochain. On va faire tout le championnat Class40 et le championnat du RORC. »

Kito De Pavant (Made in Midi)

« On serait bien resté un peu plus longtemps à Horta. Il y a un job à finir, et cela ne va pas être facile. On s’attend à un golfe de Gascogne compliqué. L’étape s’annonce ventée, au portant! Ca va être rapide mais dur. On va essayer de faire une belle trajectoire, et de rester sur le podium. Il sera difficile de gagner des places, et très facile d’en perdre. On continue en double avec Alex, et cela fonctionne à merveille. J’aime bien le format de cette course, qui laisse beaucoup de liberté aux équipages. Alex apporte une culture différente, une autre façon d’appréhender la couse au large. Il a énormément de qualités, c’est pour ça qu’on le voit sur toutes sortes de supports. Il apporte beaucoup de fraicheur, de positivité, et est très compétent. Il me permet d’avancer sur le préparation en vue de la Transat Jacques Vabre. »

Andrea Fantini (Enel Green Power)

« Je ne veux plus partir… et rester à Horta! (Rires). Cette étape a été parfaite. On s’est reposé, on a bricolé. Ce sera dur de quitter les Açoriens et ces îles magiques. On a envie d’arriver à La Rochelle. On sent une pression positive suite à notre belle 4ème place. On veut bien faire. On est ambitieux ! Pourquoi pas un podium ? Cela va aller vite, avec moins de tactique. Les angles sont très ouverts, et donc moins favorables aux nouveaux bateaux. L’ambiance à bord est super, mais on a été très forts dans la tête. Je savais que le bateau pouvait bien marcher, mais en solo, c’est plus difficile, tandis qu’en équipage, on a pu tirer la quintessence du bateau. La troisième place n’est pas si loin. Je suis très heureux d’arriver à la Rochelle, où j’avais préparé mon bateau en 2011 pour la Transat Jacques Vabre. »

Stan Thuret (nouvel équipier sur Campagne de France)

« Je m’intéresse à cette Class40 car je prépare la Transat Anglaise. J’ai navigué sur ces bateaux en course aux Antilles et en convoyage. C’est un peu comme un gros Mini. Je pars pour 5 jours d’océanique, avec Miranda et Didier que j’ai rencontré à Antigua. J’ai parlé de mon projet et cela les a intéressé. Je vais faire un peu d’images pour Miranda qui a un chouette projet de Vendée Globe. J’ai déjà navigué avec Samantha Davis, et j’aime bien la rigueur britannique. La flotte Class40 a encore un côté Mini, avec des pros, des amateurs et une super ambiance. Je sui ravi de retourner à la Rochelle, d’où j’étais parti pour ma Mini Transat. On va être au portant majoritairement. J’adorerai arriver à Horta par la voile. C’est magnifique, on y retrouve ici un peu de Normandie, des Alpes, de la Norvège. Mon projet cinéma avance également (PS : Stan est réalisateur). Je suis sur deux tableaux, bateau et cinéma. Je suis aidé par l’équipe de Roland Jourdain à Concarneau. Mon scénario est ficelé et je suis dans le timing. Cette transat va m’apporter beaucoup de références visuelles que j’utiliserai pour le film. »

Classement général provisoire :

  1.  Aïna Enfance et avenir (Aymeric Chappellier) : 9 jours, 15 heures, 46 minutes et 19 secondes
  2.  Earendil (Catherine Pourre) : 10 jours, 00 heure, 44 minutes et 40 secondes
  3.  Made in Midi (Kito De pavant) : 11 jours, 00 heure, 45 minutes et 50 secondes.
  4. Enel Green Power (Andrea Fantini) : 11 jours, 06 heures, 17 minutes et 53 secondes
  5. Campagne de France (Miranda Merron) : 11 jours, 08 heures, 15 minutes et 45 secondes
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Grand Pavois Organisation

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