IMOCA : Une édition de haut vol

© Alex Thomson Racing

Avec 20 skippers au départ dont dix s’alignent sur des foilers*, cette édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe en IMOCA s’annonce disputée, indécise et passionnante. En l’espace de quatre ans, la classe IMOCA a opéré sa mue. Toujours plus complexes, spectaculaires et exigeants, ces monocoques de 60 pieds sont devenus des engins « afoilants »… Mais derrière les avions de chasse, les bateaux d’ancienne génération n’ont rien de vieux coucous. Les plus performants de ce match des « vintage » peuvent même espérer briguer les places d’honneur à Pointe-à-Pitre.

Ils étaient neuf en 2014 et n’ont jamais été plus de treize au cours des 40 ans d’histoire de la course. Le plateau composé de 20 concurrents cette année – 17 hommes et 3 femmes de 5 nationalités – en dit long sur la bonne santé de la classe**. On prédit chez les monocoques de 60 pieds une bataille au couteau pour une traversée de seulement 11 jours pour les plus rapides. Déjà en 2014, François Gabart vainqueur dans cette catégorie (12j 4h 38mn 55s), bouclait le parcours plus vite que Laurent Bourgnon en 1998 sur son trimaran Orma ! En quatre ans, les foils sont apparus et promettent des performances encore à la hausse sur une course aux allures de (long) sprint.

Un foiler sur deux

10 foilers sur 20 bateaux au départ, c’est du jamais vu. Six IMOCA avaient déjà ces nageoires (ces ailes plutôt !) inscrites sur leur acte de naissance (Bureau Vallée, Charal, Hugo Boss, Malizia II-Yacht Club de Monaco, Newrest-Art & Fenêtres, UCAR-Saint Michel). Pour les quatre autres, la transformation a eu lieu en cours d’existence (Initiatives-Cœur, La Fabrique, La Mie Câline-Artipôle, PRB).

Aux plans porteurs sans limitation de taille, s’ajoutent toujours ballasts, mâts ailes, quille basculante, safrans relevables,… Les IMOCA sont bel et bien, avec les multicoques de la catégorie ULTIME, les machines les plus complexes de cette 11ème Route du Rhum-Destination Guadeloupe. Sens marin et solide condition physique y sont indispensables mais ne suffisent plus à en tirer la quintessence comme l’explique Yann Eliès, l’un des favoris sur UCAR-Saint-Michel : « JP (Dick) m’a donné tout le mode d’emploi qu’il avait pendant la Transat Jacques Vabre que nous avons remportée ensemble l’année dernière. Je continue d’apprendre avec les entrainements à Port-la-Forêt et en rencontrant des intervenants extérieurs. Les bateaux sont devenus tellement complexes qu’il faut beaucoup naviguer et être au contact des autres pour comprendre et progresser. »

A Saint-Malo, les projecteurs seront tournés vers un autre triple vainqueur de la Solitaire du Figaro, Jérémie Beyou qui s’aligne sur Charal. Très démonstratif avec ses immenses foils au profil anguleux, le dernier plan VPLP mis à l’eau cet été, dessine la nouvelle génération des IMOCA. A défaut de s’être vraiment confronté (abandon sur le Défi Azimut), il a essaimé quelques vidéos décoiffantes sur les réseaux sociaux comme pour dire : « Le vol, c’est maintenant ! » Autre inconnue : on ne sait rien des évolutions engagées sur Hugo Boss que le britannique Alex Thomson a brillamment conduit à la deuxième place sur le dernier Vendée Globe et gardé au chaud depuis …

Course dans la course

Une chose est sûre : il ne faudra pas mettre trop de temps à trouver le bon tempo sur le proche Atlantique car le plateau est cette année particulièrement relevé. Sur le papier, six skippers au moins peuvent prétendre l’emporter, parmi lesquels citons Vincent Riou (PRB) mais aussi Samantha Davies (Initiatives-Cœur) qui a montré qu’elle avait pris toute la mesure de son foiler. Le nombre devrait générer un combat d’une rare intensité. Si la course peut se gagner ou se perdre dès le premier passage de front, elle peut aussi rester indécise jusqu’au canal des Saintes !

A part SMA mené par Paul Meilhat, on voit mal quel 60 pieds à dérives, pourrait tenir le rythme des foilers de tête. Reste que les aléas météo peuvent révéler des surprises et une entame musclée pourrait modifier certains plans de vol…

La course des unités d’ancienne génération sera elle aussi passionnante à suivre. Neuf 60 pieds lancés pour le Vendée Globe 2008 seront amarrés à partir du 24 octobre dans le bassin Duguay-Trouin à Saint-Malo. On trouve à leur bord quelques très bons compétiteurs qui ne sont pas là par hasard. Certains peuvent briguer les places d’honneur, comme l’a démontré l’an passé Yannick Bestaven (Maître CoQ) terminant cinquième de la Transat Jacques Vabre sur son plan Farr 2008. Dans ce groupe, il sera d’ailleurs intéressant de mesurer la plus value des foils sur les deux 60 pieds transformés cet hiver (La Mie Câline-Artipôle et La Fabrique).

A ce menu sportif, s’ajouteront quelques belles aventures. Certains viennent poser sur cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe une première pierre à leur projet de Vendée Globe 2020. Un rêve de grand large que nourrit Manuel Cousin (Groupe Setin) mais aussi Alexia Barrier (4MyPlanet) qui s’aligne sans complexe sur le plus vieux bateau de la flotte, un plan Lombard de 1998.

**IMOCA : Nouvelles ambitions

Présidée par Antoine Mermod, la classe a lancé en juin 2018 les IMOCA Globe Series, programme de courses en solitaire et double sur trois ans. Le Vendée Globe 2020 en est le point d’orgue et ces courses entrent dans le process de selection pour le tour du monde. C’est la somme des points récoltés par les skippers sur l’ensemble des huit épreuves qui permettra de sacrer le champion du monde en 2021. Après les Monaco Globe Series courues en juin, la Route du Rhum-Destination Guadeloupe est la deuxième course du championnat, affectée d’un coefficient 4, soit le plus important après celui du tour du monde. Mais l’avenir des IMOCA ne se joue pas qu’en solitaire ou en double puisque les IMOCA 60 ont été retenus par l’organisateur de la prochaine course en équipage (ex-Volvo Ocean Race) en 2021-22 dont l’avis de course préliminaire vient d’être publié.

Les 20 concurrents de la catégorie IMOCA :

  • Fabrice Amedeo (Newrest-Art & Fenêtres), plan VPLP Verdier 2015*
  • Romain Attanasio (Pure-Famille Mary), plan Farr Yacht Design 2007
  • Alexia Barrier (4MyPlanet), plan Lombard 1998
  • Yannick Bestaven (Maître CoQ), plan Farr Yacht Design 2006
  • Jérémie Beyou (Charal), plan VPLP 2018*
  • Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artipôle), plan Owen Clarke 2007*
  • Louis Burton (Bureau Vallée), plan VPLP Verdier 2015*
  • Manuel Cousin (Groupe Setin), plan Farr Yacht Design 2007
  • Samantha Davies (Initiatives-Cœur), plan VPLP Verdier 2010*
  • Yann Eliès (UCAR-Saint-Michel), plan VPLP Verdier 2015*
  • Boris Herrmann (Malizia II-Yacht Club de Monaco), plan VPLP 2015)*
  • Ari Huusela (Ariel II), plan Owen Clarke 2007
  • Isabelle Joschke (Monin), plan VPLP Verdier 2007
  • Stéphane Le Diraison (Time for Oceans), plan Finot-Conq 2008
  • Paul Meilhat (SMA), plan VPLP Verdier 2011
  • Erik Nigon (Vers un monde sans SIDA), plan Farr Yacht Design 2006
  • Vincent Riou (PRB), plan VPLP Verdier 2009*
  • Alan Roura (La Fabrique), plan Finot-Conq 2007*
  • Damien Seguin (Groupe APICIL), plan Finot-Conq 2008
  • Alex Thomson (Hugo Boss), plan VPLP Verdier 2016*

* Les bateaux équipés de foils

A noter que Morgan Lagravière et François Guiffant ont dû finalement renoncer à leur participation faute de financement.

Source

Rivacom

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