Retenir les Voiles !

© Gilles Martin-Raget

Les marins qui naviguent, sont des marins heureux. Fatigués et heureux, les 4 000 équipiers présents à Saint-Tropez peinent ce soir à réaliser qu’ils ont bel et bien disputé cet après-midi la dernière régate de cette exceptionnelle 20ème édition des Voiles. L’adrénaline de courses à couteaux tirés retombe doucement, après la tension des longs parcours côtiers au contact pour les voiliers Classiques et Modernes, et l’excitation des parcours bananes enchainés devant Pampelonne par les Wally. La nuit tropézienne va longtemps résonner des échanges enthousiastes déclinés en plusieurs langues par des régatiers venus du monde entier, et déjà avides de retrouver l’an prochain l’extraordinaire cocktail de convivialité, de spectacle, d’histoire nautique et de sport qui font les Voiles. Les lauréats de cette 20ème édition sont connus. Ils recevront demain la juste récompense de leurs efforts lors de la traditionnelle remise des Prix organisée sur le Village des Voiles de Saint-Tropez.

Une pleine semaine de course !

Le coup de vent qui a balayé le golfe de Gènes et joliment secoué les Voiles en début de semaine, s’est finalement volatilisé pour laisser place aujourd’hui à un très agréable souffle venu du sud est, parfaitement mis à profit par les différents comités de course pour lancer deux belles manches de type « bananes » à Pampelonne pour les Wally, et un parcours côtiers dans le golfe pour les voiliers classiques, tandis que les voiliers Modernes naviguaient sur un grand triangle de près de 20 milles au large. De quoi établir définitivement les hiérarchies entraperçues dans chacun des groupes depuis le début de semaine. Saint-Tropez sacrera demain les meilleurs, certains très attendus, d’autres parfois franchement surprenants.

6 Manches validées pour les Wally

Magic Carpet3 et Lyra ont poursuivi jusqu’au bout leur cordial et viril affrontement. Deux parcours bananes étaient au programme dans des conditions de vent et de mer optimum. Malgré un passage devant le Jury International, et une disqualification dans l’ultime manche, le 80 pieds Lyra est le vainqueur du Trophée BMW.

Les Mini Maxis intouchables

Point de surprise chez les grands IRC A, les Mini Maxis de 72 pieds ont régné sans partage, et la lutte pour la victoire s’est vite circonscrite à un duel entre Jethou et le nouveau plan Botin Cannonball à l’italien Dario Ferrari. Ce dernier, épaulé du spécialiste de la Coupe de l’America Sébastien Col, remporte trois des quatre manches validées et triomphe au général, au terme de régates véritablement disputées au coude à coude, l’issue se jouant à chaque fois en secondes. On notera le très bon comportement du nouveau venu aux Voiles, l’italien Twin Soul B, un Mylius 80 très performant. Vainqueur hier, Wallino complète le podium.

Gladiator en costaud

On attendait beaucoup des joutes à couteaux tirés promises par les IRC C, groupe qui rassemble des voiliers d’une quinzaine de mètres taillés pour la course et la performance comme les TP 52 et autres Swan 50. Les favoris étaient au rendez-vous, et on célèbre au sommet des « charts » le TP 52 Britannique Gladiator (Tony Langley) qui s’impose sur le fil, ne laissant aujourd’hui à personne le privilège de franchir la ligne d’arrivée en tête. Le A 40 RC Team Chalets de Philippe Saint André ne s’incline qu’au nombre de victoires. Le vainqueur de ce groupe très dense en qualité comme en quantité (32 bateaux) sera récompensé demain du Trophée Edmond de Rothschild.

Les yachts Classiques ont fait le spectacle dans le golfe

Un air limpide, un golfe parcouru de longs frissons, et un joli vent majoritairement à l’est ont habillé le si photogénique rivage tropézien des parures idéales pour accueillir 120 majestueux yachts Classiques. Leurs évolutions, mélanges de voiles auriques ou bermudiennes, ont été un enchantement capté par des centaines de photographes internationaux. Vedettes parmi les vedettes, les 20 splendeurs signées du maitre William Fife. Leur groupe, réuni sous la bannière du Jubilé Fife, a mobilisé les attentions tout au long de cette belle semaine Tropézienne. Le cotre aurique de 1908 Viola, barré par le « Ministe » Rochelais Fabien Desprée triomphe – et décroche donc le très convoité Trophée Rolex – à l’issue d’une formidable empoignade face au véloce8 m JI Suisse Carron II et le sublime cotre de 1898 Kismet. Hispania signe une belle 6ème place au sein de ce groupe star. Il devance ainsi les 3 autres 15 mètres J.

En Bref

Merci André

Il a, 18 années durant, affiché sa silhouette altière de commandeur dans les coulisses et à la tête des Voiles de Saint-Tropez. André Beaufils a, l’hiver dernier, confié la barre de la Société Nautique de Saint-Tropez à Tony Oller. Il demeure le premier admirateur des Voiles dont il souhaite voir poursuivre leur évolution avec pour seul credo, le plaisir des régatiers. « J’ai pris beaucoup de plaisir durant ces 18 ans. J’ai scrupuleusement respecté ce qui m’apparaissait être l’esprit, la conception de Patrice de Colmont, à savoir fairplay sur l’eau, et convivialité à terre. Pas d’autre motivation que le plaisir, pour tout le monde, et surtout pas le profit! J’ai apporté ma modeste contribution, et la machine qui fait tourner les Voiles est toujours là. On n’a jamais changé que le Président. Tony apportera sa touche personnelle. J’espère lui avoir transmis cet esprit qui nous tient tant à coeur, loin du travers mercantile. La fête existe grâce aux régatiers, qui continueront de venir, comme en atteste la longueur de la liste d’attente. Je ne me préoccupe pas de savoir ce qu’ont été les Voiles ; les Voiles seront! et cela suffit à mon bonheur. »

La Der du Bailli de Suffren II

La vedette de la SNSM de Saint-Tropez, Bailli de Suffren II, effectue en ce début d’automne ses dernières sorties. Un nouveau Canot Tous Temps (CTT) va désormais le remplacer. Témoin de la Nioulargue, et bien entendu des Voiles, depuis son lancement en 1988, le valeureux canot a bien mérité du monde de la mer. Son patron, Eric Esters, et son Président Pierre Yves Barasc ont tenu aujourd’hui à marquer le coup, en entrant à la fin des régates dans le sillage du dernier concurrent, dans le petit port de Saint-Tropez, toutes sirènes hurlantes, et canon à eau activé, l’équipage déployant une banderole avec ce simple mot : « Merci » Un hommage salué de part et d’autre du port par les klaxons et avertisseurs conjugués de nombreux voiliers…

Le saviez vous?

Les Voiles accueillent comme à l’accoutumée une flotte d’environ 300 bateaux, qui battent pavillon d’une vingtaine de pays différents : Allemagne, Belgique, British Virgin Island, Cayman, Canada, Channel Island, Espagne, France, Guernesey, Ile de Man, Italie, Lettonie, Luxembourg, Malte, Monaco, Pays-Bas, Saint-Kitts & Nevis, Suisse, UK et USA.

L’une des réalisations les plus remarquables de Fife se situe hors du yachting. En 1814, il construit le vapeur à aubes Industry, la septième unité de ce genre sortie des chantiers de la Clyde ; celui-ci, lors de sa démolition soixante-dix ans plus tard, était le plus vieux vapeur du monde. Source : William Collier

Yachts extraordinaires :

Le maxi yacht (32,50 m) Ribelle fait ses grands débuts aux Voiles. Lancé en 2017, ce plan Malcolm McKeon tout en carbone et titane est un fin coursier remarquablement agencé pour la belle plaisance. Son propriétaire cherchait un bon compromis entre performance, et confort. Son vaste cockpit en verre est l’une de ses spécificités. Ribelle devrait recevoir une garde robe spécifique aux courses du circuit des Maxis auquel il souhaite participer.

Ils ont dit :

La minute essentielle de Georges Kohrel :

« Avec 300 voiliers dans le golfe, si un bateau coulait, l’équipage pourrait rentrer à pied à Saint-Tropez… »

Sidney Gavignet, Stiren (Sparksman&Stephens 1963)

A quelque semaine du départ de la Route du Rhum qu’il disputera sur son 52 pieds café joyeux en classe « Rhum mono », Sidney Gavignet s’accorde une pause Yachting à Saint-Tropez. Il barre le yawl Bermudien Stiren, avec un équipage d’amateurs éclairés ; « Cela fait longtemps que je n’étais pas revenu aux Voiles. Depuis mon poste de barreur, j’ai le loisir de profiter du spectacle. L’événement est exceptionnel. J’y croise avec plaisir nombre de coureurs français et étrangers issus comme moi de la course au large. Ce mélange des genres, des expériences, est vraiment intéressant… »

Source

Maguelonne Turcat

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