Une entame à couper le souffle !

© Gilles Martin-Raget

C’est un golfe lumineux, harmonieusement animé d’une longue houle résiduelle, qui accueillait aujourd’hui l’ensemble de l’immense et somptueuse flotte des Voiles de Saint-Tropez. Sous un généreux soleil et un grand ciel d’azur, dans un vent de sud-sud-est allant fraîchissant, les trois grands groupes en lice, Wally devant Pampelonne, Modernes au large de la plage des Salins, et Classiques à l’intérieur même du Golfe, ont tous pu disputer dans des conditions de rêve leurs courses respectives : bananes pour les Wally, et grand triangle côtier en bordure de golfe pour les Classiques, tandis que les 5 Groupes IRC Modernes en décousaient au large. L’habileté des différents comités de course à anticiper les bascules du vent offrait aux régatiers toutes les possibilités de briller, quelles que soient les allures. Et la magie de la légende des Voiles d’opérer à plein, quand limpidité de la lumière, légèreté du vent, onctuosité de la houle se mêlent pour offrir aux régatiers des conditions… sublimes.

Lancement en fanfare du Jubilée Fife pour le Trophée Rolex !

L’orage de la veille avait, dans sa virulence, comme nettoyé l’air du golfe, et les 4 000 marins des Voiles s’éveillaient ce matin dans la fraicheur et la limpidité d’une atmosphère renouvelée, propice à générer pour les très nombreux photographes habitués des Voiles, des clichés proches de l’anthologie. Stars parmi les stars, les 20 plans signés du génie William Fife III entamaient aujourd’hui leur singulier ballet, dans le cadre du Jubilée Fife pour le Trophée Rolex. A la houle creuse par endroit de plus de 1,50 m, s’ajoutait vite un petit clapot dans lequel venaient buter les plus grosses unités. Les véloces 8 et 6 Mètres parvenaient ainsi à mêler longtemps leur gréement Aurique ou Bermudien aux élégantes coques des grands cotres. Le vent fraichissait alors que cette flotte toujours compacte « dégolfait », pour entamer un long triangle d’une vingtaine de milles vers la pointe des Issambres. Tous les bateaux ne s’accommodaient pas de la même manière de l’association clapot-houle, et le géant Cambria jetait l’éponge peu après le départ, vite imité par Silhouette, le 8 m dessiné par Fife en 1910, et rentrait au port réparer de légères avaries de gréement.

Les favoris au rendez-vous chez les Modernes

Carton plein du côté des Wally pour lesquels la journée a été particulièrement optimisée avec deux belles manches au compteur au large des plages de Pampelonne. On régate à Saint-Tropez dans l’esprit du yachting, et aussi pour la gagne, particulièrement chez ces seigneurs du golfe qui ont enchainés les manœuvres au couteau sur des parcours construits. Les bénéfices de la journée vont à Lyra pour la première manche et Magic Carpet3 pour la seconde.
On attendait beaucoup des joutes à couteaux tirés promises par les IRC C, groupe qui rassemble des voiliers d’une quinzaine de mètres taillés pour la course et la performance comme les TP 52 et autres Swan 50. Les favoris sont au rendez-vous, et on remarque déjà au sommet des « charts » le TP 52 Britannique Gladiator (Tony Langley) qui s’impose pour une poignée de secondes face à Arobas au français Gérard Logel. Le vainqueur de ce groupe très dense en qualité comme en quantité (32 bateaux) sera récompensé du Trophée Edmond de Rothschild. Faibles écarts et joutes très engagées également en IRC D, entre voiliers de 35 à 40 pieds, dominé ce soir par le X 35 italien Foxy Lady (Giuseppe Gambaro).

Les « petites Voiles » ont lieu demain mercredi

Une des grandes nouveautés de la 20ème édition des Voile est à taille d’enfant : la première des « Petites Voiles » aura lieu demain mercredi 3 octobre à 14h et se disputera en Optimist. Avec l’inauguration du nouveau Pôle Voile Légère, la Société Nautique de Saint-Tropez a donné le « la »: aux Voiles de Saint-Tropez comme ailleurs, il faut préparer la relève et permettre aux enfants de se forger des souvenirs qui, plus tard, les pousseront à embarquer à leur tour sur les plus beaux bateaux du monde, et qui les ramèneront avec délice sur les plans d’eau tropéziens. C’est l’exemple que veut montrer la SNST et son président, Tony Oller, dans le cadre de cette 20ème édition, en organisant une compétition amicale sur Optimist intitulée « les Petites Voiles » ouverte aux enfants de l’Ecole de Voile et à ceux des participants. Au programme, une régate entre le Pôle Voile Légère de la Société Nautique de Saint-Tropez, situé dans la baie des Canoubiers, et le port de Saint-Tropez. La flotte, qui pourrait réunir entre 15 et 20 concurrents, partira de l’anse pour venir virer une marque située au milieu du port, avant de regagner les pontons du centre nautique. Pour mémoire, cette compétition est ouverte aux enfants de l’Ecole de Voile et à ceux des participants jusqu’à l’âge de 12 ans.

En Bref

Les amis de Daniel Scotto

Daniel Scotto Di Perrotolo est plus qu’une simple figure Marseillaise. Il est dans le petit monde de la construction et de la rénovation de yachts anciens, une légende. Ce charpentier de marine semble en effet maitriser les techniques et les savoirs en usage voici plus de 140 ans. Il a, avec Marc Frilet et d’autres passionnés, présidé à la résurrection du fameux Houari Marseillais, Alcyon 1871, qui continue d’éblouir aux Voiles les marins et les passionnés de ces rapides voiliers de moins de 15 mètres, héros d’une véritable saga de la fin du 19ème siècle, quand cette flotte de voiliers surtoilés régataient intensément de Sète à San Remo, objets de paris mirobolants, et déjà, d’une franche et cordiale rivalité avec les voiliers Britanniques. Daniel sera remercié, honoré, fêté, demain quai Jean Jaurès, sur le port de Saint-Tropez, à partir de 18 heures par tous les skippers et propriétaires avec qui il a travaillé.

Ils ont dit…

Odile Boye-Carré, photographe

« Quelle journée sublime. Une véritable émotion ! habituée des Voiles, j’ai rarement vu un tel spectacle dans le golfe, avec cette houle creusée qui semblait parfois engloutir les coques des bateaux, et ces gerbes d’écume blanc immaculée, quand les étraves viennent frapper la vague. Un bonheur pour les photographes ! »

Bill Jayson, fils de Dick Jayson, initiateur historique de la Nioulargue

« C’est si bon d’être ici ! Cette première journée des Voiles a été fantastique, avec un cocktail de conditions de vent, de mer, de ciel et de soleil absolument extraordinaire. Les voiliers Modernes et Classiques ont été mis en évidence de la plus magnifique des manières… »

Décès de Pierre Paul Heckly, Président du Yacht Club de France de 2008 à 2013.

« C’est avec tristesse que nous apprenons le décès ce jour de notre ami Pierre-Paul Heckly. La Société Nautique de Saint-Tropez adresse ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches. » Tony Oller, Président de la Société Nautique de Saint-Tropez

Yachts extraordinaires

Chinook vs Rowdy…

De son nom originel Pauline, Chinook est le premier d’une sérié de 12 voiliers signés Nathanael Herreshoff qui verront le jour à l’aube des années 20. Jusqu’aux années trente, ils vont connaitre leur heure de gloire sur la côte est des Etats-Unis, bénéficiant de certains aménagements au long des années. Chinook fut donc construit en 1916 au chantier Herreshoff à Bristol, Rhode island, pour un certain Oliver Jenning de New York. Après différents changements de propriétaires, sa dénomination passe de Pauline, à Banshee puis Chinook en 1929. Seul son désormais célèbre numéro de grand voile, NY48, ne changea jamais. Chinook navigue avec bonheur en Méditerranée, et affrontera toute cette semaine une autre merveille signé Herreshoff, Rowdy, le NY 49 gréé en sloop Bermudien.

Falcon planera-t’il sur les Voiles?

Nouveau venu aux Voiles, Falcon, plan Fife construit en 1930 à Fairlie en même temps que son sister-ship Fulmar, était l’un des yachts de la Class8 MJ les plus rapide de son époque. Après avoir longtemps navigué en Amérique du Nord, il a été restauré à Fairlie en 2011, et courre désormais en Méditerranée. La Jauge internationale, ou Metre rule, jauge métrique, est une jauge de course internationale élaborée en 1907, permettant d’évaluer les performances des voiliers de compétition. Elle a permis au début du xxeme siècle de créer des classes de quillards de course pouvant régater en temps réel à condition de respecter certaines restrictions. La Jauge internationale a été adoptée pour les Jeux olympiques de Londres en 1908 et jusqu’en 1936, et pour la Coupe de l’America entre 1958 et 1987 avec les 12 Metre ayant remplacé les Classe J qui suivaient les règles de la Jauge universelle.

Source

Maguelonne Turcat

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