Il se passe toujours quelque chose à Saint-Tropez !

© Carlo Borlenghi / Rolex

L’incessante activité des 300 équipages toujours en quête de perfectionnements dans leur préparation, ou de dernier lustrage et polissage de cuivres et bois précieux, a donné vie et ferveur au port de Saint-Tropez nimbé de l’éclatante lumière d’un été qui ne veut pas mourir. Le coup de vent de « nordé » ayant immobilisé les voiliers au port, le nombreux public a pu profiter toute la journée aux pontons du plus beau rassemblement de yachts Classiques et Modernes qu’il soit donné d’admirer au monde. La régate reprendra ses droits dès demain, avec l’ensemble de la flotte en lice, et ses quelques 4 000 marins, impatients d’en découdre et de graver une nouvelle saison d’inoubliables souvenirs, chaque année renouvelés, de ce yachting triomphant et éternel.

Les Classiques entrent en scène

Près de 130 voiliers Classiques, répertoriés en 12 groupes en fonction de leur taille et de leur type de gréements entrent dès demain dans l’arène Tropézienne du Golfe. L’occasion de retrouver comme de vieux amis un moment perdus de vue, les stars de ce yachting classique si fascinant. Moonbeam 4, le grand cotre aurique signé Fife de 1914, les quatre sublimes 15 m JI Tuiga, The Lady Ann, Hispania et Mariska, ou les 8 M JI Carron II, Silhouette, Fulmar et Falcon qui vont tous concourir dans le cadre d’un inédit Jubilé Fife pour le Trophée Rolex, organisé pour marquer les 130 ans du dragon d’étrave du chantier écossais. Car d’anniversaire, il est beaucoup question dans ce groupe éminemment élitiste ; construit dans l’entre-deux guerre, Cambria – le plus grand des engagés de la classe, 40 mètres au pont – qui est considéré à raison comme l’un des chefs d’œuvre de William Fife junior, fête cette année ses 90 ans, tandis que le délicat cotre aurique Viola – classé monument historique – fête lui ses 110 ans !

Une exclusivité mondiale aux Voiles

C’est une première planétaire dont l’exclusivité est donnée aux Voiles : un véritable vaisseau de la piste, la toute nouvelle Z4, est présentée en avant-première, anticipant même sa révélation au Salon de l’Automobile de Paris. « Le monde du nautisme et celui de l’automobile se retrouvent totalement dans une quête commune pour l’efficacité maximum, compte tenu de nos contraintes respectives. » Résume Loïck Peyron, le tenant du titre de la Route du Rhum, ambassadeur de la marque, présent cette semaine à Saint-Tropez. Les nombreux fans du fabricant allemand peuvent également, sur invitation, découvrir toujours en avant-première, la X7 dont la mise en circulation est programmée pour 2019. En exposition par ailleurs au pied de la capitainerie, la I 8 Roadster, la M4 cabriolet personnalisable et le nouveau Coupé Série 8. La mobilité est le maitre mot du constructeur Bavarois, très investi dans le développement de vélos électriques, également présents aux Voiles. Partenaire des Voiles depuis 2013, BMW déploie à Saint-Tropez son savoir-faire haute-couture pour présenter ses modèles et participer à l’animation du Village. Et Les Voiles année bénéficient d’un soutien de qualité sans faille avec la mise à disposition d’une flotte de 10 véhicules « de courtoisie » utilisés pour le transfert des personnalités liées à l’évènement. Sur l’eau, le BMW Trophy récompensera par ailleurs le meilleur Wally au terme des régates de la semaine.

A Kismet la Coupe d’Automne du Yacht Club de France

Après Jury, c’est, en temps compensé, le cotre aurique Kismet (Fife 1898) qui s’adjuge dans son groupe la Coupe d’Automne du Yacht Club de France, course entre Cannes et ses Régates Royales, et Saint-Tropez. Il succède à Tilly XV, le petit cotre construit en 1912 pour le frère du Kaiser Willem II. Dans les quatre autres groupes, on note les victoires de Pippa en esprit de tradition, Cippino II (Frers 1949) chez les marconi de moins de 16,50 m, Rowdy (Herreshoff 1916) chez les marconi de plus de 16,50 m. et Lys (Sparksman &Stephens 1956) au cannois Philippe Monnet chez les Classiques.

Le Mistral s’invite aux Voiles

Aussi brutal qu’éphémère, l’épisode Mistraleux qui a balayé le golfe de Saint-Tropez a cependant empêché la tenue des régates du jour, réservée comme à l’accoutumée aux voiliers Modernes. Avec plus de 25 noeuds établis dans l’avant port, la juste décision de la direction de course d’annuler purement et simplement la course du jour, a été unanimement appréciée. Ce phénomène localisé et relativement court doit laisser place pour le restant de la semaine à des conditions beaucoup plus propices à valider des courses.

En bref

Une nouvelle classe aux Voiles

Principal Race Officer des Voiles, Georges Kohrel a su répondre à une demande des concurrents. « La catégorie « Esprits de Tradition », qui pouvait regrouper des bateaux aux capacités d’évolution radicalement différentes puisqu’elle se faisait sans critère de longueur, avait été supprimée des Voiles en raison de son manque de cohérence » précise-t il « En revanche, il existe une flotte de grands bateaux modernes, d’inspiration classique, qui souhaitent courir ensemble. Ainsi est née la classe Big Spirit of Tradition, qui aura le même programme que les voiliers de tradition avec des régates du mardi au samedi, le jeudi étant traditionnellement réservé aux défis. »

Nouvelle route chargée d’histoire pour le XVIII ème Trophée Bailli de Suffren

Aux commandes de l’organisation du Trophée, Lionel Péan présentait aujourd’hui sur le Village des Voiles une petite révolution dans l’histoire de ce très prisé trophée. Si depuis 18 ans, la course empruntait la route historique et spirituelle de l’amiral Pierre André de Suffren, Bailli Grand Croix dans l’Ordre de Saint Jean de Jerusalem, aussi dit Ordre de Malte, 2019 verra les voiliers de Tradition et d’esprit de Tradition cingler dorénavant vers Minorque, dans l’archipel des Baléares. Les concurrents suivront ainsi la route tracée par Suffren et la flotte de l’Amiral de la Galissonière, libérateur de Mahon, la capitale, en juin 1756. La première partie de la course longue de 450 milles emmènera les bateaux vers Alghero, sur la côte ouest de la Sardaigne, terme de la première étape, pour se terminer à Minorque et le port de Mahon. Départ de Saint-Tropez le samedi 22 juin.

Ils ont dit :

Georges Kohrel, Principal race Officer des Voiles de Saint-Tropez

« Nous nous appuyons sur le Bulletin Meteo Spécial émis par Meteo France et qui a fait état, pour toute la journée, d’un avis de tempête sur zone. Il s’agit d’un phénomène « Mistraleux » assez classique dans la région, avec un coup de vent entre Corse et Sardaigne très fort orienté Nord Nord Est. On a enregistré dès le lever du jour 40 noeuds de vent au Levant, avec des rafales à 50 noeuds. Ce coup de vent est aussi court que brutal, puisqu’il devrait disparaitre en fin de soirée. Aucune classe en lice ne souhaite prendre le risque de casser du matériel aujourd’hui. Une belle semaine nous attend et il est hors de question de la compromettre en prenant des risques inutiles. »

Yachts extraordinaires :

Dione ; au meilleur de William Fife III

Construit à Fairlie, Ecosse, en 1912, le yawl bermudien Dione est considéré par beaucoup comme l’une de plus belle réalisation William Fife III. Très en avance sur son temps, avec sa longue quille, son immense gréement et son déplacement moyen de 25 tonnes pour 52 pieds à la flottaison (15,50 m), Dione passait admirablement dans la mer, tout en mouillant beaucoup. Cotre aurique à sa naissance, Dione a été transformée en 1938 en cotre Bermudien, perdant son bout dehors dans l’affaire. A découvrir toute la semaine aux Voiles, dans le cadre du Jubilée Fife pour le Trophée Rolex.

Les Mylius à Saint-Tropez

L’histoire du chantier italien Mylius débute en 2003, avec son rachat par le groupe Twinpack dirigé par Luciano Gandini. Régatier et amoureux des beaux bateaux, ce capitaine d’industrie s’associe avec le designer Alberto Simeone pour lancer une gamme de voiliers « racer-cruiser » haut de gamme, de 50 à 80 pieds, en mettant l’accent sur la qualité de fabrication et de finition. Les coques sont construites en Pologne, et l’assemblage et l’aménagement définitifs se déroulent à Podenzano, siège historique de l’entreprise. Trois de ces magnifiques yachts naviguent aux Voiles, Lady First 3 (Mylius 60), Twin Soul B (Mylius 80), et Daguet3 (Mylius 50) à bord duquel évolue Nicolas Troussel, Figariste et postulant à la prochaine Route du Rhum en Class40.

Le saviez vous?

Un riche marchand de Glasgow, James Smith, originaire de Jordan Hill, également scientifique et écrivain, fut l’un des tout premiers yachtmen de la Clyde en Ecosse, et l’un des premiers clients de William Fife, quand en 1807, il passa commande d’un cotre de six tonneaux, le premier plan répertorié de Fife.

Source

Maguelonne Turcat

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