Régates grandioses et acharnées

© Guido Cantini

13 nœuds de vent, du soleil, un décor de rêve entre les îles de Lérins et le massif de l’Esterel, il n’en fallait pas plus pour que la magie opère sur cette journée de compétition des Régates Royales – Trophée Panerai, après deux jours de courses annulées. Toutes voiles dehors, les 200 équipages ont avalé un parcours de 16 milles et trois manches pour les Dragon. Un spectacle de toute beauté et des bagarres incroyables dans chacune des catégories.

« On affale le spi ! ». Au passage de la bouée sous le vent, l’équipage de Moonbeam of Fife fait descendre l’immense spinnaker asymétrique orné d’un dragon noir. Ils sont cinq au pied de mât à récupérer la toile tandis que cinq autres reprennent déjà l’écoute de grand-voile pour repartir au près. Les voix résonnent entre les cathédrales de voiles, les drisses grincent, les voiles claquent. Quel spectacle ! Hallowe’en, le cotre Marconi de près de 25 mètres, est à moins d’une longueur de Moonbeam of Fife. Ces deux yachts dessinés par le célèbre architecte William Fife au tout début du siècle dernier se livrent à un duel féroce, du genre match-race sur la coupe de l’America… Ça se passe comme ça sur les Régates Royales, dernière étape du circuit Panerai, ces bijoux de voiliers viennent pour la compétition, pour tenter de décrocher le graal.

Blue Haze, Moonbeam of Fife, Yanira, Elena of London… rois de la piste

Manœuvres rondement menées, rappel de rigueur, voiles parfaitement réglées, il ne fallait pas faire d’erreurs sur ce plan d’eau tactique et savoir saisir sa chance. Le Dragon russe To Be Continued en a fait les frais et fut contraint de rentrer au port pour rupture d’étai. Dans cette série internationale de très haut niveau, la moindre erreur se paie cash. Les trois manches courues aujourd’hui ont démontré combien il est difficile de rester régulier face au Britannique Blue Haze et au au Russe Annapurna.

Dans la catégorie des Big Boat, Moonbeam of Fife prend la tête du classement général provisoire après avoir parfaitement navigué et maitrisé ses adversaires Mariska et Hallowe’en. Redoutable dans ces conditions de vent médium, Kelpie remporte la palme malgré son grand âge (1903) devant Kismet et Viola dans le groupe des Auriques. Chez les Schooners, ces immenses voiliers aux gréements « cathédrale » avec plus de 1000 m2 de toile, c’est Elena qui devance Mariette. Dans les autres catégories, Yanira (Classic), Sagittarius (Classic Racer), Cippino (Marconi de plus de 15 m), Fjord III (Marconi de moins de 15 m), Vanessa (Spirit of Tradition) prennent les commandes du classement…

Demain, les conditions météo promettent encore un ballet de voiles magnifiques et de la compétition de haute voltige : 10-13 nœuds de vent sous le soleil assurément…

Le chiffre du jour : 13

C’est le nombre de yachts fêtant leur anniversaire de plus de 50 ans sur les Régates Royales

  • Kismet : 120 ans, plan Fife & Son de 1898, longueur : 14,63 m
  • Mariska : 110 ans, plan Fife & Son de 1908, longueur 23,40 m
  • Viola : 110 ans, plan Fife & Son de 1908, longueur : 12,75 m
  • Cambria : 90 ans, plan Fife & Son de 1928, longueur 34,55 m
  • Blitzen : 80 ans, plan Sparkman & Stephen de 1938, longueur : 16,80 m
  • Java : 80 ans, plan Hunt de 1938, longueur : 11,90 m
  • Serenade : 80 ans, plan Nicholas S. Potter de 1938, longueur : 21,94 m
  • Algue : 70 ans, plan Olle Enderlein de 1948, longueur ; 12,80 m
  • Argyll : 70 ans, plan Simms & Brothers de 1948, longueur : 17,23 m
  • Harlekin, 70 ans, plan Erik Nilsson de 1948, longueur : 13,57 m
  • One Wave, 70 ans, plan F. Camatte de 1948, longueur : 10,06 m
  • St Christopher, 50 ans, plan de Sparkman & Stephen de 1968, longueur : 15,39 m
  • Sovereign, 50 ans, plan de David Boyd de 1968, longueur : 21,31 m

Zoom sur un équipage

9 Australiens sur Yanira, plan norvégien de 1953

Du beau monde navigue cette année sur ce Cruiser Racer signé de l’architecte norvégien Bjarne Aas ! Neuf as de la voile en Australie participent pour la deuxième fois consécutive aux Régates Royales. « C’est un évènement fantastique, les voiliers sont magiques. Nous sommes là pour deux semaines car après Cannes nous allons naviguer à Saint-Tropez. » explique Phil Eadie, triple vainqueur de la Sydney-Hobart sur 38 participations… Une bande de copains donc complètement toquée de tout ce qui flotte sur l’eau et qui a usé ses fonds de cirés sur de multiples supports, du dériveur léger au catamaran volant de la coupe de l’America. « Nous fêtons sur Yanira le 35e anniversaire de la victoire des Australiens à bord d’Australia II sur le defender américain Liberty. C’était le 26 septembre 1983 » raconte James Harrison, également vainqueur de la Sydney Hobart, équipier à l’époque sur le partner ship de Liberty II. A bord de Yanira, cette équipe de choc à la moyenne d’âge de 69 ans compte bien briller dans la catégorie des Classic Marconi face à des concurrents affûtés comme Lys, Samouraï ou Argos. Il va y avoir du sport dans la baie de Cannes.

Source

Soazig Guého

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