C’est parti pour ce 33ème Mini-Fastnet

© Gildas Hémon - Kérys

Beau temps, belle mer. « Un temps de demoiselles » commente Denis Hugues, directeur de course, « parfait pour les retraités » précise Fred Guérin le vétéran de l’épreuve (63 ans). Il ne faudrait toutefois pas croire que ça va être « la croisière s’amuse » ou « Martine à la plage ».
Sur les pontons et au briefing, on sent bien les équipages un peu tendus. La journée va être longue jusqu’à la mise en route de l’extra-continental Circus en fin d’après-midi.
Les uns parce qu’ils s’élancent pour la première fois sur cette épreuve longue et exigeante. Pour ceux-là, le défi est relevé avant tout envers eux-mêmes, ils veulent se prouver qu’ils en sont capables, qu’ils peuvent le faire. Ils craignent aussi un peu de ne pas être à la hauteur, de se faire larguer d’emblée, d’être dans les choux, à la ramasse. C’est qu’il y a la crainte de la mer, du large, de plusieurs jours d’isolement en milieu hostile. Ils ne le savent pas encore, pourtant ils font déjà partie de la flotte des 6,50, ils font partie de la famille Mini. Les autres parce qu’ils ont une réputation à défendre, et ça c’est pas rien, une réputation de marins. Ils roulent un peu des mécaniques, plaisantent entre eux, se chambrent gentiment, mais ceci n’est là que pour masquer le stress qui monte, prendre un bon départ, ne pas merder les premières manœuvres au contact, pas de coup foireux, et être à l’attaque dès le premier bord, être au taquet mais ne rien casser. Elle n’est pas la même, mais elle est toujours là la petite boule au ventre qui précède la compétition.

Une météo de rêve

Il devrait y avoir du vent tout le temps, et jamais trop fort. Land’s end et le passage le long de la côte Irlandaise seront des endroits clé aux niveaux stratégique et technique, sans oublier que la lucidité nécessaire aux bons choix sera à gérer en amont. Dans ces conditions, les premiers Protos devraient mettre 3 jours et demi et les Séries 4 jours (Il ne s’agit que d’une indication). Pour mémoire, le record de la course est détenu par le n° 865 (Plan Raison) avec Ian Lipinski et David Raison en 3 jours 08 heures 52 minutes 19 secondes, établi en 2017. En Série, c’est le n° 869 (Pogo 3) qui a jusqu’ici été le plus rapide en 2016 Avec Davy Beaudart et Charly Fernbach en 3 jours 17 heures 26 minutes et 20 secondes.
Comme le dit Jean-Jacques Quéré, le météorologue de la course : « Deux maîtres-mots vont caractériser cette 33ème édition : Anticyclone et Vents de secteur Est à Nord Est. Le premier va résider quelques jours sur le Royaume-Uni avant de se décaler mardi vers la Mer du Nord, non sans maintenir une dorsale vers le centre Atlantique et un nouvel Anticyclone. Le second résulte naturellement de la position du premier. C’est pourtant une brise thermique de W/WNW de 9/13 nœuds qui accompagnera les Minis en baie pour le départ à 17h00. Il faudra attendre la Pointe St-Matthieu à hauteur du goulet de Brest puis le Chenal du Four pour que le NE 13/16 nœuds, avec rafales à 20/22 nœuds s’installe durablement ». En termes de compétition, il n’y aura pas de temps morts, pas de round d’observation. C’est la bagarre dès le lever de rideau. Il s’agira d’être dans le groupe de tête et de prendre le rythme qui sera, sans aucun doute, très soutenu.
Pour la suite du parcours, le Météorologue continue : « La Traversée de la Manche s’effectuera sous un vent de 12/16 nœuds s’ouvrant NNE après le DST. Pour devenir provisoirement variable 5/10 nœuds autour de Land’s End ». Un moment clé de la compétition où le peloton de tête pourrait perdre quelques plumes ; à l’arrière il faudra aussi cravacher pour ne pas lâcher le morceau et se faire distancer.
Jean-Jacques Quéré poursuit son parcours météo : « Après avoir soufflé NE/E 5/10 nœuds, dans la nuit de lundi à mardi, le flux s’orientera au SE 12/15 nœuds en journée en Mer Celtique mais restera NE/E 15/20 nœuds au Fastnet. Toujours de l’Est dominant 12/18 nœuds en Mer Celtique mercredi alors que le vent fraîchira 17/23 nœuds avec rafales à 28 aux îles Scilly et à l’ouvert de la Manche. Le lux d’ENE 15/20 nœuds persistera à l’ouvert de la Manche jeudi atteignant 17/23 nœuds avec rafales à 25 nœuds en fin d’après-midi et en soirée vers Ouessant. Ce flux mollira 13/17 nœuds à l’ouvert de la Manche dans la nuit de jeudi à vendredi (15/20 nœuds à Ouessant) et restera soutenu hors de la baie de Douarnenez toute la journée ».

Lundi 25 juin à 9h00 : Wolf Rock devant les étraves

Après le Chenal du Four passé avec le courant portant, les équipages ont entamé la traversée de la Manche au reaching (vent de travers) poussés par un vent de NE d’une dizaine de nœuds, cap direct sur la pointe de l’Angleterre. A cette allure, la troupe va bon train, de très bonnes conditions de navigation, voiles hautes, sous la lune, à veiller les cargos.
Dans ces conditions, la flotte s’étire un peu mais reste compacte. Seul « Novintiss » est un peu décroché. Les frères Ternon, Henri et Jean-Baptiste ont eu un peu de peine à prendre le rythme des skippers plus aguerris, mais se sont rapprochés du peloton auquel ils s’accrochent maintenant à 5 milles de distance. Car il ne faut pas s’y tromper, ça ne chôme pas sur les petits voiliers en course. Si les conditions sont tranquilles et favorables, ils sont tous au taquet, à bloc, donnant le maximum pour rester dans le coup. Pas étonnant donc de retrouver les cadors aux avants postes.
Chez les Protos, les deux nez ronds sont bord à bord : « Jaune BFR Marée Haute » (Jambou/Fievet) et Lillienthal (Riechers/Bogacki). A leurs côtés, « Tartine cherche du Beurre » (Trehin/Denis) un nouveau plan Lombard mis à l’eau pour la première fois il y a 2 semaines et qui démontre de belles possibilités, il est vrai avec deux fous furieux aux commandes. Cinq milles derrière, ils sont quatre à batailler ferme pour garder le contact dans une allure qui leur est moins favorable: « Initiatives Générations Océans » (Perrin/Turpin), « Rousseau Clôtures » (Le Mené/Mary), « Ino Rope » (Champion/Senechal) et « Queguiner-Leucémie Espoir »(Busnel/Horeau). Autant dire que ceux-là n’ont pas dit leur dernier mot, ce n’est pas le genre des gaillards.
Chez les Séries, le combat au sommet est bien au rendez-vous, ils sont quatre à avoir pris la poudre d’escampette : « Wanted Sponsor » (Beccaria/Le Turquais), « Kerhis-Cerfrance » (Bouroullec/Gueho), « TTB » (Crémer/LeDraoulec) et « Grassi Bateaux » (Grassi/Beaudart). Ils se tiennent dans un mouchoir. Pas loin du tout, en file indienne, la résistance s’organise avec « April Marine » (Machetel/Chedeville), « Sunovation » (Witzmann/Koster) et « Cheminant » (D’Estais/Aubrun). Même topo dans cette catégorie, la messe n’est pas dite.

A noter la très belle performance du Proto/Série sur plan David Raison « Voile Baie de Morlaix » (Cloarec/Jezequel) qui bataille à hauteur des quatre premiers Séries. Affaire à suivre. De même que « Caraïbes Course au Large » (Piperol/Bertrand), lui aussi Proto/Série sur plan Etienne Bertrand qui est sous le vent du groupe de chasse des Séries.

Balade Celtique à 15h00

Après le DST des Scilly, et le passage de la Bann Shoal qui en marque le coin NE que les marins doivent laisser à bâbord, c’est la traversée de la Mer Celtique vers les côtes Irlandaises, distante de 150 milles nautiques. L’explication au sommet va pouvoir continuer dans les deux catégories. Dans chacune d’elles, il s’agit bien d’une empoignade, d’un corps à corps, d’une coque à coque. Aucune défaillance n’est permise, elles se payent cash. La tension reste maximale dans le serpent multicolore des Mini 6,50. Les effets de sites et les courants n’arrangent rien à l’affaire, et l’entrée en Mer Celtique sonne comme une libération.
En Protos, les sept échappés creusent un peu l’écart, petit à petit, au forceps, inéluctablement. Si ces cinq-là ont pris une option sur le classement final, leur hiérarchie est loin d’être établie. A chaque pointage sur la cartographie leurs positions changent d’ordre : « Générations Océan » (Perrin/Turpin), « Tartine cherche du Beurre » (Trehin/Denis), « Rousseau Clôtures » (Le Mené/Mary), « BFR Marée Haute Jaune » (Jambou/Fievet), « Lillienthal » (Riechers/Bogacki). Les suivants ne sont pas loin.
Quelques petits milles nautiques dans le sillage des échappés, le groupe des poursuivants est essentiellement constitué de six Pogo3 (auxquels se mêlent trois ou quatre Protos). Ces six-là se rendent coup pour coup, il n’y a pas de pose sur ce front-là. A ce petit jeu, les équipages les plus forts émergent, il n’est donc pas étonnant de retrouver sur une même ligne « Wanted Sponsor » (Beccaria/Le Turquais) et « TTB » (Crémer/Le Draoulec). A peine quelques encablures plus loin, sur leurs talons, ils sont cinq à l’affût : « Kerhis-Cerfrance » (Bouroullec/Gueho), « Helly Hansen » (Roubal/Kolacek), « Grassi Bateaux » (Grassi /Beaudart), « Cheminant » (D’Estais /Aubrun) et « April Marine » (Machetel /Chedeville).

Le Parcours (environ 600 milles) : Douarnenez – Chenal du Four – Wolf Rock – Bouée Racon extrémité nord DST Est des Scilly – Bouée Stags – Phare du Fastnet – Douarnenez.

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