Lune de miel

© Concarneau Entreprendre

Après une semaine de séparation, les deux groupes qui avaient opté pour des voies divergentes au large de Madère, se sont retrouvés au milieu de l’Atlantique : avantage aux « Nordistes » qui croisent avec plus de cinquante milles de marge, mais surtout le trio s’est scindé avec la voie solitaire du tandem Hardy-Ruyant…

Ce sont les retrouvailles ! Certes pas autant que certains l’auraient aimé, mais après cette « convergence des luttes » entre partisans du Nord et afficionados du Sud, la flotte s’est reconstituée en un peloton, même si les écarts entre les leaders et les derniers du groupe atteignent tout de même plus de 150 milles… Mais il y a encore de la route avant d’apercevoir à l’horizon, les reliefs antillais : 1 700 milles d’alizés parfois stables à plus de vingt-cinq nœuds, parfois mollassons et variables en direction, ce qui implique quelques recadrages à l’image de la route de deux Nordistes, en escalier…

Avantage Nord

Mais incontestablement, ce deuxième set (après celui de Madère) met en valeur la prise de risque de Sébastien Simon & Morgan Lagravière (Bretagne CMB Performance) et de Anthony Marchand & Alexis Loison (Groupe Royer-Secours Populaire) qui ont longtemps douté avant de se rassurer quand ils ont pu laisser dans leur tableau arrière cet anticyclone qui les talonnait. Mais deux sets ne font pas le match et la dernière ligne droite (qui s’annonce finalement très brisée) a encore de quoi redistribuer les points… Surtout qu’un « solitaire » vient casser les codes en partant plein Ouest depuis hier soir : Adrien Hardy & Thomas Ruyant (Agir Recouvrement) sont désormais bien installés en tête du classement avec leur position décalée de près de cinquante milles par rapport à la trajectoire du peloton !

Et ce coup droit n’est pas un coup bas car il y avait deux solutions pour ce trio du Nord : soit glisser devant les étraves du groupe du Sud afin de contrôler la flotte jusqu’à l’arrivée, soit prendre la tangente en optimisant sa route sans se préoccuper de ses concurrents. La deuxième option s’avère la bonne pour l’instant, mais il y a de quoi s’interroger pour la suite car les alizés vont progressivement s’orienter au secteur Est et il faudra alors choisir son camp : remonter encore au-dessus du 20° Nord ou glisser vers le 18° Nord où Gildas Mahé & Nicolas Troussel (Breizh Cola) persévèrent en bordure d’anticyclone…

Du miel dans le fiel

Mais un paramètre change aussi la donne depuis plusieurs nuits : la lune sera pleine ce jeudi soir et ce projecteur astral rend la vie à bord plus sereine. Certes la masse nuageuse qui englobe encore le peloton réduit sensiblement cet effet d’illumination nocturne même si elle a l’avantage de réduire la chaleur tropicale. Or certains sont sortis de ce plombage céleste et peuvent donc bénéficier à plein de ce disque luminescent ! Car si la phase portugaise a été aussi dynamique et tendue à bord des Figaro Bénéteau, c’était aussi parce qu’une nuit quasi noire enveloppait les équipages. Cette luminosité rend aussi les nuits plus courtes (alors qu’elles durent presque douze heures sous les tropiques) et plus faciles à gérer quand les grains se détachent dans le ciel et que les vagues se découpent à l’horizon… Après le divorce canarien, la lune de miel de ce regroupement n’est pas une lune de fiel !

Ils ont dit

Loïs Berrehar (Concarneau Entreprendre)

« Le ciel est très bouché, il fait nuit noire. Nous ne voyons pas grand-chose. Nous avons encore 25 nœuds mais globalement c’est un alizé correct. Les Nordistes sont venus se caler devant nous. C’est bien joué. Ça va être compliqué de rattraper les tous premiers car ils ont déjà 80 milles d’avance. Par contre, nous sommes en contact avec plusieurs bateaux comme Surmfit Kappa-Cerfrance, Bretagne CMB Espoir, TeamWork… On va enclencher le jeu des empannages pour se recaler. Il faudra manœuvrer au bon moment et au bon endroit. D’ici deux-trois jours, on va commencer à faire des empannages : or selon les grains et les angles que nous faisons, la vitesse est différente. Ça se passe très bien à bord, on fait des quarts selon la fatigue, mais nous sommes un peu usés. »

Gildas Mahé (Breizh Cola)

« Nous sommes à fond et on se relaie souvent car il fait nuit noire. Là, il y a la lune mais en début de nuit, il fait noir donc il faut être super concentrés quand le vent faiblit notamment parce que le spi bouge beaucoup. Nous devons être très attentifs à la marche du bateau. Pour l’instant, nous sommes contents de notre trajectoire. Nous suivons nos prévisions de routage. On ne change pas notre fusil d’épaule, on verra bien. Il y a encore des écarts latéraux et ce n’est pas pour nous déplaire. A priori, il y a toujours un peu plus de vent au Sud : nous sommes toujours un peu plus rapides. Par exemple, nous allons plus vite qu’Armor Lux-Gedimat. On veut profiter sur la durée d’une petite vitesse supplémentaire. On verra à la fin s’il y a empannage ou pas. Ce sont des conditions sympas depuis le départ de Concarneau même si le long du Portugal, c’était tonique et un peu stressant. Dans l’alizé, c’est assez couvert et finalement ça ne chauffe pas tant que ça. Nous ne sommes pas dans un alizé classique où il fait très chaud. Là, les températures sont agréables. Nous mangeons super bien. Nous avons toujours du pain mais Nico est allergique au gluten donc ce n’est que pour moi. Nous avons des plats préparés et aucuns lyophilisés à bord. Nous avons fini hier nos viandes séchées et nos fromages. On se fait plaisir et l’ambiance avec Nico est super bonne. »

CLASSEMENT du 3 mai à 5H

  1.  AGIR Recouvrement (Adrien Hardy / Thomas Ruyant) à 1739,82 milles de l’arrivée
  2.  Bretagne – CMB Performance (Sébastien Simon / Morgan Lagravière) à 15,52 milles du premier
  3.  Groupe Royer – Secours Populaire (Anthony Marchand / Alexis Loison) à 47,19 milles
  4.  Armor Lux – Gedimat (Erwan Tabarly / Thierry Chabagny) à 66,87 milles
  5.  Breizh Cola (Gildas Mahé / Nicolas Troussel) à 67,61 milles

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