Jour de fête

2018, BENJAMIN DUTREUX, FREDERIC DENIS, SATECO, TEAM VENDEE FORMATION, TRANSAT AG2R LA MONDIALE

© Alexis Courcoux

À quasiment mi-parcours de la Transat AG2R LA MONDIALE, la flotte des seize Figaro Bénéteau encore en course glisse toujours rapidement dans des alizés encore instables. Et si les partisans de l’Ouest pointent à près de neuf nœuds, les « Sudistes » sont légèrement plus véloces et n’ont plus que 180 milles de retard : le point de contact est prévu pour dans trois jours…

Des grèves de Concarneau à celles de Saint-Barthélemy, les seize duos n’auront quasiment effectué que du portant. Sous grand spi, sous spi lourd, sous spi léger, sous génois parfois, mais une fois la marque Jaune des Glénan débordée il y a maintenant plus de huit jours, le vent a été particulièrement favorable pour glisser vers les Antilles ! Pour autant, les Canaries ont provoqué une fracture dans la flotte et l’incertitude règne encore quant à la validité d’une option Ouest ou Sud : le bilan ne pourra être tiré que d’ici trois jours lorsque les routes vont finir par se croiser…

Du travail… sur le pont

D’ici là, chacun plante son décor : au Nord, le trio Hardy-Ruyant (Agir Recouvrement), Simon-Lagravière (Bretagne CMB Performance) et Marchand-Loison (Groupe Royer-Secours Populaire) force la descente vers les « Sudistes », mais ne semble pas encore bénéficier de la même brise. De fait, ils rendent plus de trente milles par jour en distance parcourue vers le but, ce qui tend à sensiblement réduire leur avantage : de plus de 220 milles lorsque les « Sudistes » ont pris le virage africain, le delta est passé à moins de 180 milles ce mardi matin… Il y a de quoi s’inquiéter de part et d’autre, mais il n’y a rien à faire si ce n’est faire avancer au mieux sa monture !

Du travail donc pour tous et parfois des interrogations lorsque l’un de ses concurrents proches grappille quelques dixièmes de nœuds : est-ce la pression du vent, est-ce le réglage du spinnaker, est-ce le touché de barre, est-ce la coupe de la voile ? Voir s’échapper son voisin ne serait-ce que de quelques dizaines de mètres, incruste le doute dans les esprits et oblige en permanence à « remettre sur le métier son ouvrage »…Mais « patience et longueur de temps font plus que force ni que rage », ce qui induit qu’il faut rester concentré sans trop se poser de questions : la « sanction » ne sera réellement palpable que vendredi prochain. Et il y a fort à parier que le différentiel entre les deux options ne se compte qu’en petits milles.

Mi-parcours

D’ailleurs, la mi-parcours est en vue : elle devrait prendre forme ce mardi après-midi, ce qui ne signifie pas pour autant que nous serons à la mi-temps ! Neuf jours pour atteindre le milieu du plan d’eau n’entraînent pas obligatoirement qu’il y aura autant de nuits pour rallier Saint-Barthélemy… Les alizés sont certes en place, mais comme ils suivent la courbe de l’anticyclone des Açores, ils vont progressivement prendre une direction Est (et non plus Nord-Est) qui imposera une succession d’empannages.

C’est cet enchaînement qui pourrait bien redistribuer les cartes, en particulier pour le groupe du Sud, car il y a des écarts latéraux qui changent la donne : Erwan Tabarly & Thierry Chabagny (Armor Lux-Gedimat) sont pour l’instant les plus en pointe de la bande, mais ils sont aussi 25 milles plus septentrionaux que le trio Leboucher-Pratt (Guyot Environnement), Mahé-Troussel (Breizh Cola) et Douguet-Ponthieu (NF Habitat) qui navigue à vue… Passé le 35° Ouest, c’est-à-dire dans deux jours, 24 heures avant le contact avec le groupe du Nord, les alizés prennent franchement une direction Est qu’il va falloir négocier avec subtilité : c’est ce jeu de replacement qui fera la différence aux Antilles. Il y a de l’eau à couler !

Ils ont dit

Adrien Hardy (Agir Recouvrement)

« Nous avons passé la ligne des tropiques. On essaie de se défendre comme on peut. Ce n’est pas si évident que ça car il ne faut pas que nous traînions trop dans le Nord. On essaie de prendre les bascules, mais surtout on a hâte de recroiser les autres d’ici deux-trois jours. On a 18 nœuds de vent. Hier après-midi, le vent a pas mal molli autour de 12 nœuds. Je suis assez confiant, même s’il y a plein d’incertitudes… Dans le Sud, ils ont plus de vent. C’est surtout la force du vent qui fait la différence entre eux et nous. Le point de percussion est dans trois jours : il restera toujours un petit décalage à la fin. On regarde ça mais il n’y a pas grand-chose à faire. Il faut continuer à régater par rapport aux deux autres autour de nous. Les alizés mollissent bien dès le lever du soleil pour atteindre le minimum vers midi et puis ça se reprend petit à petit. Nous avons très peu de grains. Cette nuit était un peu nuageuse. Mais surtout on ne voit plus de poissons-volants… »

Corentin Douguet (NF Habitat)

« Ça va bien à part que nous avons un tout petit déficit par rapport à nos deux compères (Guyot Environnement et Breizh Cola). Ils sont à 100% et nous à 99% ! C’est assez variable comme souvent dans les alizés. Pour l’instant, il n’y a pas de grains. C’est un petit alizé, bien établi et plutôt sympa. Nous avons des passages à un peu plus de 25 nœuds mais ils sont de moins en moins fréquents. On s’éloigne de la dépression africaine, du coup le vent perd un peu en intensité. C’est plutôt sympa : on comble petit à petit notre retard sur les tenants de l’option Ouest. On continue à bosser et à s’appliquer… Pour l’instant, nous glissons encore un peu sous la route. Peut-être que nous irons plus bas que Saint-Barth. Les routages ne descendent pas très Sud mais ça peut évoluer dans les jours à venir. Il reste encore un peu moins de dix jours de navigation. Nous avons une petite idée de ce qui nous attend mais pas jusqu’à la fin. On ne sait pas encore à quoi ressemblera l’approche des Antilles. D’ici, deux-trois jours, on devrait tous se retrouver. De toute façon, les jeux sont faits même si nous ne connaissons pas le résultat. Nous ne savons pas à quoi est dû notre déficit de vitesse. On cherche. Nous avons remonté les safrans hier car ils étaient un peu descendus, ça nous a bien aidés. Aujourd’hui, c’est la fête du travail, alors on va travailler fort ! »

CLASSEMENT du 1er mai à 5H

  1.  AGIR Recouvrement (Adrien Hardy / Thomas Ruyant) à 2080,31 milles de l’arrivée
  2. Bretagne – CMB Performance (Sébastien Simon / Morgan Lagravière) à 0,71 milles du premier
  3.  Groupe Royer – Secours Populaire (Anthony Marchand / Alexis Loison) à 4,75 milles
  4. Armor Lux – Gedimat (Erwan Tabarly / Thierry Chabagny) à 179,74 milles
  5. Guyot Environnement (Pierre Leboucher / Christopher Pratt) à 179,83 milles

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