L’oracle de Saint-Vincent

2018, CERFRANCE, SMURFIT KAPPA, TANGUY BOUROULLEC, THOMAS DOLAN, TRANSAT AG2R LA MONDIALE

© © ALEXIS COURCOUX

Cette quatrième nuit en mer a été productive : les leaders étaient ce jeudi matin au large du cap Saint-Vincent avec une brise toujours portante mais plus maniable. Après deux jours en accéléré, les duos vont devoir se pencher sur la stratégie optimale pour atteindre les Canaries…

La première nuit portugaise a fait des dégâts avec les démâtages de Skipper MACIF (Martin Le Pape & Yoann Richomme) et de Sateco-Team Vendée Formation (Benjamin Dutreux & Frédéric Denis), mais a aussi provoqué quelques petits incidents techniques qui ont plombé la vie des tandems. À l’image de Guillaume Farsy & Renaud Nicot (Cornouaille-Solidarité Saint Barth) qui ont explosé leur tangon lors d’un départ à l’abattée : la paire avait décidé de faire une escale rapide à Cascais (entrée de Lisbonne), mais a finalement opté pour une réparation à bord et repris sa route vers les Canaries.

Trouver la voie

Il faut souligner que les conditions météorologiques se sont progressivement améliorées au fil de la descente le long des côtes portugaises : les spinnakers lourds ont fait place au médium, soit volontairement pour les leaders, soit parce qu’il a explosé dans la nuit. C’est ce qui est arrivé au duo des Ministes, Thomas Dolan & Tanguy Bouroullec (Smurfit Kappa-Cerfrance) qui pouvait renvoyer de la toile avant le lever du jour… Mais ce qui importe ce jeudi est bien de se positionner non seulement pour aborder la troisième phase de cette quatorzième Transat AG2R-LA MONDIALE, mais aussi pour contrôler ses concurrents sur ce long bord de 500 milles encore vers La Palma.

Or les oracles météorologiques laissent entendre qu’il y a un peu plus de pression du côté africain que du côté madérien : rappelons que la marque de parcours est à laisser à tribord, mais n’a pas besoin d’être rasée, ce qui permet une trajectoire au cœur de l’archipel, voire même à l’extérieur, côté marocain… Déjà les leaders d’hier soir, Sébastien Simon & Morgan Lagravière (Bretagne CMB Performance) ont effectué cette nuit un recadrage vers l’Est tout comme le duo Anthony Marchand & Alexis Loison (Groupe Royer-Secours Populaire) pour protéger leur position sous le vent de la flotte, c’est-à-dire le plus à terre possible.

Ce que n’ont pas encore fait les premiers, Adrien Hardy & Thomas Ruyant (Agir Recouvrement), ni Gildas Mahé & Nicolas Troussel (Breizh Cola) : il faut donc s’attendre à quelques recalages ce jeudi lorsque le jour pointera. Or logiquement avec l’affaiblissement de ces alizés portugais, la flotte va compresser et les écarts, encore modérés puisque les dix premiers ne sont séparés que d’une quarantaine de milles avec des routes étalées sur plus de 60 milles en latéral, devraient donc se réduire. Désormais, ce n’est plus seulement la technique de barre qui va faire la différence, mais bien le positionnement sur le plan d’eau pour rester dans une veine de vent optimale. Il faut regarder le ciel pour trouver sa voie…

Ils ont dit

Thomas Ruyant (Agir Recouvrement)

« Il y a toujours du vent. On sent qu’il s’essouffle un tout petit peu avec cette fin de nuit mais nous avons encore 30-35 nœuds. On attend une diminution de la brise dans la matinée et un peu moins de vent pour la journée de demain. Quand ça souffle fort, on se relaie à la barre pour faire des quarts d’une heure car ça commence à bien tirer sur les bonhommes. Ce sont des conditions où il faut être concentrés en permanence. Nous attendons le bon moment pour rejoindre les Canaries, le point obligatoire à aller chercher. On regarde ça avec Adrien. C’est important pour la suite. Pour l’instant, nous sommes bien positionnés. Nous essayons de faire avancer le bateau vite. Nous avons la pêche. On s’attend à avoir des alizés un peu plus cools que les conditions que nous avons eu le long du Portugal. Nous avons eu quelques petits rappels à l’ordre. L’enjeu de ces trois jours était de rester lucides et suffisamment en forme pour continuer à barrer correctement et ne pas faire de fautes. »

Tanguy Bouroullec (Smurfit Kappa-CERFRANCE)

« Nous avons quelques petits problèmes techniques à gérer car nous avons éclaté notre petit spi à cause d’un bras qui s’est ouvert. Nous attendions que ça mollisse un peu pour envoyer le grand spi et c’est ce qu’on s’apprête à faire. Ça a molli un peu, nous avons désormais 25 à 30 nœuds. La mer est plus rangée qu’hier c’est pour ça que nous allons envoyer un grand spi. Nous étions bien, on se relayait régulièrement mais le petit pépin que nous avons eu, nous a bien crevés. Nous avons donc attendu que ça mollisse un peu pour repartir de plus belle. Du coup, nous en avons profité pour nous reposer un peu. Nous avons encore un peu de « tout droit » le temps d’arriver aux Canaries et après nous allons nous pencher sur la météo mais à priori il n’y a pas d’options particulières pour aller entre le Cap Saint-Vincent et les Canaries : nous allons étudier tout cela. »

CLASSEMENT du 26 avril à 5H

  1. AGIR Recouvrement (Adrien Hardy / Thomas Ruyant) à 3055,36 milles de l’arrivée
  2. Breizh Cola (Gildas Mahé / Nicolas Troussel) à 4,53 milles du premier
  3. Groupe Royer – Secours Populaire (Anthony Marchand / Alexis Loison) à 6,83 milles
  4.  Bretagne – CMB Performance (Sébastien Simon / Morgan Lagravière) à 6,91 milles
  5. Armor Lux – Gedimat (Erwan Tabarly / Thierry Chabagny) à 10,79 milles

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