Diversité, mixité, solidarité, complémentarité

2018, CONCARNEAU, PRO AM, TRANSAT AG2R LA MONDIALE

© Alexis Courcoux

Depuis sa création en 1992, la Transat AG2R LA MONDIALE ne se positionne pas seulement comme une simple traversée de l’Atlantique en double : c’est non seulement un tremplin vers les sommets de la course océanique, mais aussi l’occasion de mélanger jeunes talents et « vieux » loups de mer, soutiens solidaires et mixité, tours-du-mondistes et olympisme…

Un inventaire à la Prévert ne suffirait pas à lister les coureurs qui ont participé à la Transat AG2R LA MONDIALE depuis 1992 et qui ont fait ensuite les gros titres des journaux, lors du Vendée Globe, lors de la Route du Rhum, lors de la Volvo Ocean Race, lors de La Solitaire du Figaro et de bien d’autres courses. Michel Desjoyeaux, Lionel Lemonchois, Armel Le Cléac’h, Lionel Péan, Franck Cammas, Bertrand de Broc, Pascal Bidégorry, Florence Arthaud… sont quelques noms qui ont atteint l’Everest de la course océanique, avant ou après cette expérience en double. Car là aussi, le format à deux est une originalité en 1992 quand les courses en solitaire sont le totem des organisateurs. Créer des paires et réussir à trouver la complémentarité nécessaire pour scorer sur les 3 870 milles, voilà la clé fondamentale de cette transat atypique.

Porter des valeurs

Et si les monotypes ont changé en 2003 passant du Figaro Bénéteau au Figaro Bénéteau 2 (en attendant le 3 pour la prochaine édition), les principes fondamentaux n’ont pas bougé : privilégier la solidarité, encourager la mixité, appréhender la longueur du temps, souder une paire, surmonter les difficultés physiques et morales, transmettre son savoir et son expérience. Or pour cette quatorzième édition, les mêmes notions sont toujours exacerbées puisqu’un équipage associe deux femmes (Justine Mettraux & Isabelle Joschke), un autre un couple (Clarisse Crémer & Tanguy Le Turquais), deux autres portent les couleurs de la fraternité avec Cornouaille-Solidarité Saint Barth (Guillaume Farsy & Renaud Nicot) et Les Frigos Solidaires (Mathieu Claveau & Pierre Loulier). Sans compter la présence du Secours Populaire aux côtés du Groupe Royer (Anthony Marchand & Alexis Loison).

Cette symbiose entre Bretagne et Antilles est aussi un point de convergence pour soutenir le projet de jeunes coureurs comme Loïs Berrehar & Erwan Le Draoulec (Concarneau Entreprendre), respectivement 24 et 21 ans, mais aussi Éric Péron & Miguel Danet qui se retrouvent après dix années de projets divergents sous les couleurs antillaises du Macaron French Pastries, tout comme les Perles de Saint Barth reviennent sur cette épreuve avec Ronan Treussart et Simon Troël. Quant au Pôle Finistère de Port-La-Forêt qui anime les entraînements hivernaux, les duos formés marquent cette volonté de jouer la complémentarité avec les deux Bretagne CMB de Pierre Rhimbault & Romain Attanasio et de Sébastien Simon & Morgan Lagravière…

Soleil tropical

Et que dire de ces anciens Ministes qui viennent faire leurs armes sur le circuit Figaro, avant tout sur une transat dont ils connaissent le parcours ? Damien Cloarec s’est ainsi associé à Damien Guillou ; l’Irlandais Thomas Dolan au Cornouaillais Tanguy Bouroullec qui se sont déjà croisés lors de la dernière Mini Transat ; Corentin Douguet devenu Figariste émérite s’est tourné vers l’olympisme de Christian Ponthieu quand Benjamin Dutreux s’appuie sur l’expérience transatlantique de Frédéric Denis ! Et ils sont encore bien d’autres tandems qui apportent leur complémentarité sur ce parcours qui s’annonce tonique dès le cap Finisterre.

Alors sous ce soleil tropical qui baigne Concarneau depuis quasiment le début de la semaine, les duos ont eu le temps de prendre leur temps, de peaufiner leurs réglages, de se consacrer au public et aux médias, d’affiner leur routage pour les 1 300 milles qui les séparent encore des Canaries, passage obligé. Et des favoris, il y en a à la pelle ! Tous savent qu’il faudra être patient et réactif lors des deux premiers jours de mer pour traverser une bulle anticyclonique avant une grande cavalcade le long des côtes portugaises. S’extirper des calmes puis tenir le rythme sans partir au tas, tel est déjà le leitmotiv qui s’incruste dans les cortex…

Tour de chauffe

Ce vendredi midi était l’occasion pour les dix-neuf duos d’embarquer des invités à bord de leur Figaro Bénéteau 2 pour une dernière régate en baie de La Forêt. Ce Pro-Am se déroulait dans une petite brise de secteur Ouest 5 nœuds (après un petit temps d’attente pour que le vent s’installe), sur un parcours quasi-similaire à celui que les tandems auront à effectuer avant de pointer leur étrave sur les Canaries dimanche… Les monotypes se succédaient toutes les 30 secondes pour ce parcours de Beg Meil à Beg Meil en passant par le Cap Coz pour finir à l’entrée de Concarneau, soit environ cinq milles bouclés en moins d’une heure. Au final, le vainqueur est le tandem Damien Cloraec-Damien Guillou (Saferail) en 56’26, suivi par Sébastien Simon-Morgan Lagravière (Bretagne CMB Performance) en 58’ 59 et Corentin Douguet-Christian Ponthieu (NF Habitat) en 59’28.

Un baptême tout en couleurs

Éric Péron et Miguel Danet ont reconstitué le duo qui avait brillé sur la Transat AG2R LA MONDIALE en 2008. Un numéro que n’a pas oublié Lucien Jean-Baptiste, acteur, doubleur, réalisateur de talent (« La première étoile », « Il a déjà tes yeux ») et parrain du bateau, le Macaron French Pastries, un biscuit de toutes les couleurs…

« On a tous des passions dans la vie, dont certaines qu’on n’assouvira jamais. Le cinéma en était une, je suis dedans, mais je traîne aussi un très vieux rêve, qui est de faire une transat. Je ne sais pas si j’y arriverai un jour. Le fait que Miguel Danet et Eric Peron m’associent à leur aventure est, pour moi, aussi fort que rencontrer Brad Pitt : je suis très touché et, contrairement à ce qu’ils disent, ce sont eux les vraies stars ! »

Mathieu Claveau (Les Frigos Solidaires)

« Les Frigos Solidaires sont une association qui installe des réfrigérateurs dans la rue en libre-service : ceux qui sont dans le besoin peuvent se servir, tandis que ceux qui sont moins dans le besoin mettent des plats dedans. Cela permet de ne pas gaspiller de la nourriture ! Le principe a démarré il y a un peu moins d’un an à l’initiative de Dounia Mebtoul, une restauratrice, et aujourd’hui il y a une vingtaine de cagnottes en cours à Paris, Marseille, Brest, Tours, Strasbourg… Nous voulions inscrire cette transat sous le thème de la solidarité et nous avons ainsi proposé de porter les couleurs de cette association. Mais pour la course, nous sommes en autofinancement, avec le soutien de quelques entreprises et par crowdfunding. »

Loïs Berrehar & Erwan Draoulec (Concarneau Entreprendre)

« Nous ne sommes pas les tout fous de la Transat AG2R LA MONDIALE : ils sont tous fous ! Nous sommes seulement les plus jeunes (24 et 21 ans), mais on a déjà de la bouteille… Bien sûr que nous sommes impressionnés, mais on prend la confrontation avec les habitués du Figaro avec fierté. Le côté positif, c’est que cela nous enlève de la pression : on ne nous attend pas aux avant-postes. Mais nous commençons à les connaître puisque nous nous sommes entraînés avec eux au Pôle Finistère : ils nous ont bien accueillis… Le niveau sur le circuit est le plus haut de la course au large, et nous ne nous faisons pas d’illusion sur le résultat. Mais on connaît le parcours et on y va motivés quoique humbles. On est très content d’être là. »

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