Marie Barrué : En Laser, on joue aux échecs

2018, FRA 24 Laser Radial FRA-206297 Marie BARRUE, Laser Radial, Mallorca, Olympic sailing, Trofeo Princesa Sofia Iberostar

© Jesus Renedo

Avec un père en Equipe de France de Laser et une mère secrétaire en école de voile, Marie Barrué est tombée dans la marmite salée dès son plus jeune âge. C’est à Hyères que se forge depuis toujours la destinée maritime de cette battante, devenue l’une de nos meilleures spécialistes du . Elle a à ce titre intégré l’Equipe de France de Voile début 2018. Curieuse et passionnée, du genre à ne jamais rien lâcher, Marie Barrué a horreur de faire les choses à moitié. Depuis toute petite, elle travaille dur pour réaliser son rêve : porter un jour les couleurs de la France aux Jeux Olympiques.

LE LASER, UN MODE DE VIE

Pour Marie Barrué, le COYCH (Cercle d’Organisation du Yachting de Compétition Hyérois) a toujours été une « deuxième maison ». Son père, un temps membre de l’Equipe de France de , s’entraînait dans ce club pour préparer les JO. Quant à sa mère, elle y est cadre secrétaire depuis 1997, soit un an après la naissance de Marie. Voilà un contexte familial propice à la création d’une vocation maritime. « J’ai commencé à naviguer très tôt à Hyères, j’ai baigné dedans direct. C’était très facile car nous habitions juste à côté du COYCH. Ce club, c’est toute ma vie, j’ai grandi là-bas. Aujourd’hui encore, c’est mon point de référence », raconte Marie Barrué.

Petite, elle pratique l’optimist, jusqu’à l’âge de 12 ans. Elle prend rapidement goût à la compétition et participe à de nombreuses épreuves, en France et à l’étranger. Après l’optimist, elle se met au Laser 4.7 puis à 15 ans au . « Ce support a été comme une évidence. Mon père m’a mis dessus et c’était parti ! », explique-t-elle. « Pour autant, on ne m’a jamais forcé. Mes parents m’ont laissé faire ce que je voulais, j’ai par exemple longtemps pratiqué la danse classique. Mais à la fin du lycée, la voile a pris trop d’importance et j’ai dû m’y consacrer à 100 %. Je passais tout mon temps libre à naviguer. Comme j’étais bonne élève, j’avais le droit de partir en compétition. Ces années lycéennes étaient géniales. »

Un monde à part

Son bac en poche, Marie Barrué s’inscrit dans une école d’ingénieurs, l’INSA Lyon, mais l’expérience ne lui réussit pas. La distance la séparant de la mer et de son club de cœur n’est pas étrangère à cette inadaptation. Marie fait donc son retour en Méditerranée et, à la rentrée 2015, entame des études de kiné à Marseille (elle devrait décrocher son diplôme à l’issue des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020). Cette fois elle prend le rythme. « J’avoue que je me sens quand même parfois à l’Ouest », rigole-t-elle. « Je voyage énormément en parallèle de mes études pour des compétitions ou des stages d’entraînement. Je me sens décalée, dans le bon sens du terme. C’est une chance énorme de partir aux quatre coins du monde pour assouvir sa passion sur l’eau. On vit constamment de nouvelles aventures, c’est un monde à part avec un rythme de vie bien particulier. Dans cette vie de sportif de haut niveau, on perd les notions de week-ends, de semaines, de vacances. »
Côté sportif, Marie Barrué décroche de beaux résultats dans les catégories Jeunes en , dont un titre de Championne de France et un de vice-championne d’Europe. La jeune femme mène donc de front études et compétition au plus haut niveau, bien consciente qu’elle ne doit pas négliger son avenir professionnel. Marie Barrué : « Même si j’adore le milieu de la voile et que je ne m’en lasse pas, les études m’offrent l’occasion d’en sortir un peu et de trouver une forme d’équilibre. J’ai un bon groupe d’amis à l’école de kiné, ils me permettent de me replonger dans le monde « normal ». A l’école, on partage les mêmes contraintes, les mêmes problématiques. »

En Laser, on joue aux échecs

Pour assouvir sa passion de la voile, Marie Barrué a choisi un support solitaire très exigeant. « Le Laser n’a pas une image très fun et on ne le pratique pas pour chercher des sensations fortes », reconnaît-elle. « Pourtant, c’est parfois magique quand on file au portant. Mais ce qui me plaît le plus dans cette discipline, c’est qu’elle réunit la flotte la plus importante des séries olympiques, et de loin. Le côté fun naît de cette confrontation. C’est un jeu complexe de tactique, d’observation du plan d’eau, d’anticipation, de placement… On joue aux échecs, on place nos pions. Impossible de s’ennuyer. Il faut être solide physiquement et aussi mentalement, on doit avoir envie de manger les autres ! » Paroles de battante.

Profitant du soutien indéfectible de sa famille et de son club, Marie Barrué évolue dans un cadre favorable à la progression, et les résultats suivent. Elle réalise une belle saison 2017, terminant notamment 13e des Championnats du Monde de et 6e et meilleure française de la World Cup au Japon. Des performances qui lui permettent d’intégrer l’Equipe de France de Voile début 2018. « Etre en Equipe de France permet de profiter d’un meilleur suivi, d’un soutien logistique pour nous rendre sur les compétitions… Et j’adore l’esprit d’équipe, le fait d’être tous ensemble dans un endroit qu’on ne connaît pas », souligne Marie. Si elle pratique le dériveur solitaire, la jeune femme ne s’interdit pas des incursions sur d’autres supports en équipage. Elle a ainsi à son actif de nombreuses régates en habitable et plusieurs participations au Tour de France à la Voile, en M 34 et en Diam 24.

Participer aux Jeux Olympiques doit être une expérience magique…

Quand on lui demande qui sont ses modèles, Marie Barrué cite d’emblée son père. « Il était en préparation olympique quand je suis née. Il m’a donné goût au Laser, m’a amenée sur toutes les compétitions en France et à l’étranger, m’a montré à quel point cette vie est cool. Il a été mon entraîneur jusqu’à mes 18 ans, il m’a appris la voile de haut niveau. » Marie confie avoir aussi été inspirée par Sophie de Turckheim, dont elle a suivi avec grande attention la préparation pour les Jeux Olympiques de Londres en . « C’était mon idole quand j’étais petite et maintenant c’est ma pote, on fait nos études de kiné ensemble. » Parmi ses autres modèles, elle cite Ben Ainslie, quadruple champion olympique en Laser et en . Ce n’est pas un hasard si les marins qui ont inspiré Marie ont tous un lien avec les Jeux Olympiques…

Exigeante avec elle-même (et avec les autres), Marie Barrué est une fonceuse qui, en parallèle de ses études, se donne les moyens d’être aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. « Je ne vais rien lâcher, quand j’ai quelque chose en tête rien ne m’arrête », prévient-elle. « Et si je n’arrive pas à décrocher mon ticket pour Tokyo, je me concentrerai sur Paris 2024. Aller au Jeux Olympiques serait un aboutissement, je travaille depuis toute jeune pour vivre cette expérience qui doit être magique. Et si en plus je décroche une médaille, ce sera indescriptible… »

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