Une édition typée

  • © François Van Malleghem / Transquadra - Martinique
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En attendant les résultats définitifs, trois faits marquants sont à retenir sur cette édition 2017-2018 de la Transquadra – Martinique : des conditions météo exceptionnellement dures, une préparation technique qui pèse sur les résultats mais pas que… et les carènes planantes en question, ou pas.

Une vingtaine de concurrents est encore en mer, ce lundi après-midi. La brise est de plus en plus légère, le soleil de plus en plus chaud et les sargasses ont fait leur apparition… Parfois pénalisés par des avaries plus ou moins lourdes (spis en lambeaux, bômes ou étais cassés, pilotes en rade…) les coureurs progressent à leur rythme vers la Martinique.

A terre, 3 jours après l’arrivée des vainqueurs, l’heure est aux premiers bilans de cette édition typée de la Transquadra.

Secoués, malmenés

De mémoire de quadrasailors, cette édition fut particulièrement rude, physique, technique avec un début et une fin de course marqués par des conditions météo hors normes.

Le départ, donné dans des conditions musclées et instables, a cueilli les coureurs à froid. Marins et bateaux ont souffert dès la première nuit : une mâchoire, deux mâts, un vit-de-mulet, de très nombreux spis et tangons cassés. Tout ne fut malheureusement pas réparable…

Quelques jours avant l’arrivée, une dépression, chargée de grains violents et accompagnée d’une mer forte, hachée, très désordonnée a secoué les coureurs, physiquement et moralement. « C’était un vrai shaker, on était obligés de s’attacher en permanence », « la mer était terriblement dure », « on s’est enfermés dans le bateau pendant quelques heures, le temps de laisser passer le gros du coup de vent et de se reposer… »

Aucun récidiviste de la Transquadra n’avait souvenir de conditions aussi rudes… mais il en faudrait cependant plus pour les empêcher de revenir : le sel de compétition et le miel des plaisirs du large resteront toujours les plus forts.

Amateurs, mais préparés à la mode « pro »… ou pas

Autre fait marquant de cette édition de la Transquadra – Martinique, la hausse du niveau de préparation (et donc du niveau technique en mer) d’un nombre croissant de coureurs.

La Transquadra est une épreuve de longue haleine, qui se prépare 2 à 3 ans à l’avance. Mais, plus ça va, plus cette préparation semble se professionnaliser et peser sur le résultat final.

Le duo Chombart de Lauwe / Sorin (Ogic), qui devrait l’emporter chez les doubles atlantiques, était, par exemple, extrêmement bien préparé. Ils font partie de cette nouvelle catégorie de quadrasailors à avoir fait appel à des coureurs professionnels pour explorer dans le détail tous les secrets de la course au large. Suivi de chantier et personnalisation de leur bateau, préparation en mer et à terre : pendant plus de deux ans ces deux anciens ministes ont confié leur recherche de performance à un véritable « coach », Corentin Douguet, avec succès.

On pourrait également citer Alexandre Ozon et Jean-Pierre Kelbert, expérimentés, talentueux, compétiteurs dans l’âme, ont eux aussi bien préparé leur course.

Au-delà de la quête de performance, la préparation et l’expérience sont aussi gages de sécurité et de plaisir en mer. Comme le reconnaissait Louis-Marie Dusserre (Raging Bee) à son arrivée au Marin : « je n’étais techniquement pas assez préparé au solitaire. Je suis parti la fleur au fusil. Résultat, je me suis mis en danger et je n’ai pu ni apprécier ni performer comme je l’aurais voulu. »

« J’avais bien préparé le bateau mais on se fait toujours surprendre » reconnaissait aussi Jean-Paul Le Breton (La Souris Mermon). Tandis que les expérimentés Renaud Barathon et Olivier Grassi (O Calm) avouaient avoir manqué d’entrainement…

La préparation, c’est du temps, un budget que chacun dose à sa façon : son absence ou sa légèreté font aussi partie du charme des courses amateurs !

Avantage aux carènes planantes

Troisième fait marquant de ce cru 2017-2018 : une météo favorable aux carènes planantes. Sur la 1ère comme sur la 2e étape, les spis furent de sortie 90 à 95% du temps !

Ces conditions très typées ont favorisé des carènes tout aussi typées, avec, aux avant-postes de cette transat : un Bepox 990, un Figaro Bénéteau 2, un Sormiou 29…

« Les bateaux ont été sous spi de Madère à la Martinique, c’était une étape pour les bateaux dits « planants ». Ce sont des bateaux en général légers et avec des bonnes longueurs de flottaison. Ces bateaux-là se caractérisent par leur ratio longueur à la flottaison/déplacement. On s’aperçoit que les carènes qui ont performé (et qui étaient très bien menées par ailleurs) ont un faible déplacement et une grande longueur à la flottaison. Au sein de la jauge IRC, c’est ce qu’on appelle le DLR (Displacement Lenght Ratio). Sur une édition de près – ça arrive, en 1996, il y a eu 3 jours de portant seulement – on ne les aurait pas vus aux avant-postes. Il est de toute façon très rare d’avoir des Transquadra quasi intégralement disputées dans du vent portant et fort comme cette année.

On peut décider de faire en sorte d’avoir une flotte très homogène, constituée de bateaux polyvalents. Faut-il le faire ? C’est un débat », commente Mico Bolo, directeur de course.

On retrouve cependant aussi sur les podiums, comme toujours, des JPK et des Sun Fast, ainsi qu’un A35, pourtant réputé pour ses qualités de bateau de près…

Bref, la machine ne fait pas tout !

Source

Jacques Pallu

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Informations diverses

Mis à l'eau le: 26 février 2018

Matossé sous: Course au Large, TransQuadra

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