Jack Bouttell : « La Volvo Ocean Race, le très haut de gamme »

© Martin Keruzore/Volvo Ocean Race

Déjà présent lors de l’édition 2014-2015, Jack Bouttell, 26 ans, dispute sa deuxième Volvo Ocean Race au sein de l’équipage de Dongfeng Race Team. Né en Australie, installé ensuite en Angleterre puis passé par la France pour découvrir la course au large en solitaire en Figaro, il fait office de n°1 sur le VO65 battant pavillon chinois. Avant le départ de la troisième étape entre Le Cap et Melbourne, il nous a expliqué dans un français parfait sa passion pour la Volvo Ocean Race et… le Vendée Globe, dont il espère prendre le départ en 2020.

Que gardez-vous de la deuxième étape de la Volvo Ocean Race entre Lisbonne et Le Cap ?

Cela a été une étape dure, au cours de laquelle nous avons appris beaucoup de choses sur la flotte. Nous avons très bien navigué, puisque nous avons été en tête pendant dix jours, avant cet empannage un peu trop tardif qui nous a fait tomber dans la molle et nous a coûté notre première place. Cela a été un moment très dur pour Charles et Pascal (Caudrelier et Bidégorry, le skipper et le navigateur), parce que nous avons perdu 60-70 milles, mais nous avons réussi à trouver une bonne vitesse pour revenir et finir deuxièmes. Franchement, je n’aurais jamais pensé que nous parviendrions à réussir un tel retour, nous avons beaucoup appris sur l’état d’esprit de l’équipe.

Comment vous sentez-vous justement dans cette équipe ?

C’est très intéressant, parce que par rapport à la dernière fois, où l’équipe était très française avec aussi quelques marins chinois, là, c’est plus mélangé avec deux Kiwis, une Hollandaise, moi qui suis anglo-australien, il y a un bon mélange et beaucoup d’expérience.

Contrairement à la dernière édition de la Volvo Ocean Race, Dongfeng Race Team fait cette fois partie des favoris, cela se ressent ?

Oui, c’est un vrai challenge pour Charles qui doit assumer ce statut. Nous avons eu la chance d’être le premier projet à débuter, ce qui nous a permis de passer pas mal de temps à Lisbonne et à Lorient pour naviguer, nous nous sommes beaucoup concentrés sur la vitesse, notamment au reaching, donc on espère bien remporter cette Volvo. Après, je ne suis pas sûr que ça nous mette plus de pression, on est parfois bien plus relax quand on sait qu’on a eu le temps de bien faire les choses pendant la préparation. Notre objectif premier, c’est de rester constants, de terminer à chaque fois sur le podium, ce que nous avons réussi jusqu’ici. Après, la route est encore très longue et ce sont souvent les dernières étapes qui sont les plus importantes, avec des bateaux et des équipes qui fatiguent, il faudra garder de l’énergie pour la fin de course.

Dans quel état d’esprit abordez-vous cette troisième étape à destination de Melbourne et l’Australie, votre pays de naissance ?

Elle va être très dure, d’autant que l’escale à Melbourne sera très courte, 5-6 jours, et qu’on n’a pas le droit de faire des modifications importantes sur le bateau, seulement deux membres de l’équipe technique sont autorisés à travailler dessus. Derrière, il y aura une nouvelle étape de 6000 milles vers Hong Kong, donc il ne faut pas avoir de problèmes matériels sur cette étape. Pour moi, ce sera une première dans l’Indien et le Grand Sud, j’ai hâte d’y être, je sais qu’en tant que n°1, je vais être souvent très mouillé, j’ai beaucoup échangé avec Stu (Bannatyne) et Daryl (Wislang, forfait de dernière minute) pour être le plus « safe » possible lorsque je serai à l’avant.

En tant qu’anglo-saxon, quelle valeur a pour vous la Volvo Ocean Race ?

C’est la meilleure course du monde en équipage, tout simplement, le très haut de gamme. Je me souviens que quand j’étais enfant, j’avais été marqué par un documentaire appelé « Ocean Worries » qui racontait l’édition avec des bateaux comme Illbruck, Assa Abloy… Je prenais cette course plus comme une aventure extraordinaire que comme une compétition, et c’est aussi pour ça que je suis fasciné par le Vendée Globe que j’espère courir en 2020. Cette expérience sur la Volvo Ocean Race va d’ailleurs beaucoup m’aider en termes de gestion de projet, de logistique, mais aussi de navigation et de compétition, parce que c’est une course où tu es à fond pendant neuf mois pour gagner.

Racontez-nous votre fascination pour le Vendée Globe…

Plus jeune, j’avais vu un documentaire sur la course, j’avais trouvé l’aventure extraordinaire, je ne comprenais pas comment un homme ou une femme pouvait arriver à faire le tour du monde en solitaire, pour moi, c’était comme escalader Everest. Petit à petit, en devenant moi-même marin professionnel, je me suis dit que c’était possible, même si peu de personnes dans le monde y arrivent, et lorsque je me suis rendu au départ du dernier, j’ai trouvé ça extraordinaire à voir.

Est-ce pour ça que vous êtes venu naviguer en France, sur le circuit Figaro ?

Oui, j’ai échangé avec des gens en Angleterre, comme Mike Golding, Charles Darbyshire ou Mark Turner, qui m’ont dit que je devais aller en France et apprendre le français pour aller voir comment ça se passait. J’ai eu la chance de pouvoir faire trois saisons en Figaro avec l’Artemis Offshore Academy, ce qui m’a permis de découvrir cet univers.

Et d’y obtenir de bons résultats sur la Solitaire…

Pour ma première saison, je termine premier bizuth, la seconde a été moins bonne, je fais 24e, et la troisième, je réussis à finir 10e, dans le Top 10, ce qui était mon objectif, sachant que j’avais eu peu de moyens pour me préparer.

Maintenant, vous visez le Vendée Globe, dès 2020 ?

Oui, je viens d’ailleurs de racheter l’ancien Spirit of Canada, avec lequel Derek Hatfield a fait le Vendée Globe 2008. Je vais le ramener du Canada l’été prochain après la Volvo Ocean Race, j’espère trouver des partenaires pour faire un chantier dessus et l’améliorer. Entre deux étapes de la Volvo, j’essaie de monter un budget, j’en suis au démarrage du projet.

Combien espérez-vous trouver ?

Si je trouve entre 1 et 2 millions d’euros, ce serait bien, ça me permettrait de faire quelques modifications sur le bateau, de faire la Transat Jacques Vabre en 2019, puis la transat retour, et si je trouve rapidement, pourquoi pas la Route du Rhum et la Barcelona World Race ? Ce qui est certain, c’est que cette Volvo Ocean Race m’apporte beaucoup, et que ça va continuer, puisque normalement, je vais faire toutes les étapes. J’apprends énormément sur la façon de naviguer et je vais découvrir les mers du Sud…

Une victoire ne pourrait que vous aider davantage…

Oui, c’est clair, et de toute façon, c’est notre objectif depuis le début de l’aventure !

Source

Volvo Ocean Race

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