Le Pacifique désormais dans le viseur de François Gabart

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© Jean-Marie LIOT / ALEA / MACIF

Après 19 jours 14 heures et 10 minutes de mer, François Gabart a franchi vendredi à 0h15* la longitude du Cap Leeuwin, au sud-ouest de l’Australie, avec une avance d’un jour et demi sur le tableau de marche de Thomas Coville, détenteur du record du tour du monde en solitaire. Confronté à des conditions de mer difficiles, le skipper de MACIF doit malgré tout continuer à naviguer vite pour rester à l’avant d’un front froid et redescendre en latitude avant d’entrer dans le Pacifique.

Le lieu : Leeuwin

Moins de 8 jours après avoir salué le Cap de Bonne-Espérance, François Gabart a franchi vendredi à 0h15 (heure française) le deuxième des trois caps de son tour du monde en solitaire, le Cap Leeuwin, après 19 jours 14 heures et 10 minutes. Un nouveau chrono de référence pour le trimaran MACIF, dont la moyenne depuis le départ d’Ouessant est de 26,5 nœuds, puisque Sodebo, barré par Thomas Coville, avait mis 1 jour 12 heures et 59 minutes de plus l’an dernier pour passer au sud-ouest de l’Australie. Confronté à des conditions de mer difficiles dans cette fin d’océan Indien, François Gabart, joint vendredi matin, reste mesuré au moment de commenter ce chrono : « Je ne peux que m’en satisfaire ! J’aurais signé sans hésiter avant le départ à l’idée d’être ici avec ce temps de passage, mais autant à Bonne-Espérance, j’ai eu le temps de voir venir le truc, c’était un vrai soulagement, autant là, je suis concentré sur comment rester devant le front, gagner dans le sud et réparer les petites bricoles que j’ai à bord. Je n’ai pas trop le temps de m’appesantir sur le chrono ». Samedi, MACIF passera sous la Tasmanie, qui marque l’entrée dans le Pacifique. L’occasion pour le skipper de faire un premier bilan de sa traversée de l’Indien : « Thomas avait eu un océan Indien difficile mais très rapide, du coup, il a regagné un peu de temps sur moi, mais malgré mes déboires et mes trajectoires – j’ai fait un paquet de milles en plus par rapport à la route optimale -, je pense que j’ai limité la casse. J’en ai bavé un peu, ce n’est pas une promenade de santé, mais je ne vois pas comment les mers du Sud sur un multicoque de 30 mètres peuvent être une promenade de santé ».

Le chiffre : 14

Positionné sur une route assez nord (46° vendredi matin), François Gabart bénéficie actuellement d’une température qu’il juge « parfaite » avec 14 degrés au thermomètre. En revanche, les conditions de mer sont très difficiles avec un bateau qui bouge en permanence, balloté par des flots particulièrement capricieux : « La mer n’est pas énorme, 3-4 mètres, mais elle est très creuse, très courte, c’est assez violent. Le bateau fait quand même 30 mètres de long et quand la vague vient déferler à l’étrave, elle a tendance à l’emporter avec elle. Si tu pars en surf dans le sens de la vague, tu accélères très fort très vite, mais tu t’arrêtes aussi très fort très vite en bas, et après, pour relancer, c’est infernal. Dans ces conditions, c’est dur d’avoir une trajectoire correcte. Je passe beaucoup de temps au pilote pour abattre/lofer. La nuit dernière, ça ne le faisait pas bien ; de jour, j’arrive à mieux sentir les ondulations et les angles pour mieux placer l’étrave. J’espère que ça va se calmer, car avec pas mal de mer et de moins en moins de vent, ce n’est pas facile de rester rapide ».

Le prochain rendez-vous : le Pacifique

Lorsqu’il aura franchi samedi la longitude de la Tasmanie, François Gabart pénétrera alors dans l’océan Pacifique, avec pour objectif de remettre du sud dans sa route et de retrouver des conditions de glisse indispensables pour aller vite. La situation météo semble cependant encore assez incertaine : « Je vais descendre dans le front, ensuite, je surveille une petite dépression descendant entre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande qui n’a pas l’air très active. Suivant son développement, ça peut engendrer une petite zone sans vent, mais ça ne devrait pas durer très longtemps. Après, il y a un flux d’ouest relativement fort, mais ce qui est dommage, c’est qu’il est vraiment d’ouest, ce qui va m’obliger à tirer des bords au portant : ce ne sera pas un bord de tout droit sans manœuvrer ». La seconde partie du Pacifique s’annonce également compliquée avec pas mal de zones de glaces sur la route. « Autant jusqu’ici, j’ai eu moins de glaces par rapport à l’hiver dernier, autant sur la fin du Pacifique, il y en a plus. Pour le moment, ce n’est pas gênant si on arrive par le nord, mais si les trajectoires idéales nous font arriver par le sud, ça peut poser des problèmes ; j’espère que la situation météo sera favorable », commente le skipper du trimaran MACIF.

L’état de santé : fatigué

Secoués en cette fin d’océan Indien, le skipper et le trimaran MACIF accusent un petit coup de moins bien compréhensible au vu des conditions et des hautes vitesses des derniers jours. « Je ne cache pas que je suis fatigué, ça fait deux-trois jours que je n’ai pas beaucoup dormi. Avec les chocs assez violents, c’est dur de fermer l’œil, confirme François Gabart. Les choses toutes bêtes peuvent devenir très compliquées, comme arriver à rester allongé ou assis dans un endroit sans bouger dans tous les sens. C’est compliqué aussi de manger, les conditions de vie sont difficiles, tu luttes pour tout ». Les temps de sommeil sont en effet assez réduits ces derniers temps (entre 2h30 et 4h par 24 heures), et pourtant, le marin va devoir conserver de la force, parce qu’il a « quelques bricoles » à effectuer : « J’ai vu des petites casses ce matin qui m’enquiquinent un peu : la galette de J2 (pièce ronde à l’avant du bateau servant à fixer par le bas le J2, voile d’avant) qui est cassée, une petite fuite… Rien de fondamentalement très grave au niveau structurel, mais ça va me prendre un peu d’énergie dans les jours qui viennent. Même si ça bouge, je vais essayer de faire le maximum de petites réparations à l’intérieur avant la tombée de la nuit. J’espère ensuite trouver un créneau demain si les conditions le permettent, pour faire un peu de composite à l’extérieur. Mais a priori, si je ne me sers pas de l’enrouleur de J2, il n’y a pas d’urgence ». Reste que l’intéressé le rappelait la semaine dernière : une petite bricole, si elle n’est pas traitée à temps, peut devenir problématique, d’où son envie de réparer au plus vite.

* : le temps affiché par François Gabart sur la photo diffère de quelques minutes de celui communiqué lors du passage du Cap Leeuwin. L’équipe à terre reçoit en effet les données de localisation du bateau toutes les 5 minutes. A bord, François Gabart dispose lui d’informations en temps réel.

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WindReport'

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