Que d’émotions vécues pendant onze jours !

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© Christophe Breschi

Le départ tout d’abord, même si c’est le troisième pour moi, reste un moment particulier. De l’impatience d’y aller, mais aussi du stress et de l’appréhension. Sûrement un peu de fatigue accumulée dans ces derniers jours avec toute l’excitation sur le village de course. J’ai pourtant eu la chance d’avoir auprès de moi deux supers amis, Pic et Julien, qui ont passé 10 jours à préparer le bateau aux petits oignons … un confort incroyable (merci mille fois à tous les deux !). Famille et amis ont également donné un petit coup de main….

Et donc ça y est, 3 heures avant le coup de canon, on se retrouve sur le plan d’eau autour de la ligne de départ. Le temps s’écoule, on observe les conditions, la brume tombe, la visibilité diminue, et quand enfin arrive le début de la procédure des 8 minutes avant départ. C’est alors que tout s’accélère et qu’il faut être à 300 % de ses possibilités. Mais un problème électronique survient brutalement me privant de pilote automatique!!! Sans pilote, je n’ai qu’une possibilité, rentrer au port pour réparer! C’est un coup de poignard dans le cœur qui accélère encore si c’est possible mon rythme cardiaque! Je me précipite à l’intérieur en priant que personne ne me rentre dedans, je débranche des câbles, j’en rebranche d’autres, j’essaie de relancer le pilote en mode « dégradé »…. OUF!!! ça marche ! On est à trois minutes du départ… « Bon départ » dit le comité de course dans la VHF. Je suis bien placé sur la ligne, mais le cœur est encore tout emballé!!!

Pendant la première heure, je suis accompagné de… Quelques virements de bord jusqu’à la porte qui marque la sortie de la baie. Je suis en tête de flotte. C’est vraiment parti!

La suite, c’est une bataille dans le petit temps pour rejoindre la pointe espagnole, avec Erwan Le Mené toujours un peu devant moi, à l’aise dans ces conditions. Je me fais une très grosse frayeur de nuit à proximité des côtes espagnoles, un chalutier que je dois éviter au dernier moment. Je réalise un empannage un peu précipité sous les lumières de ses projecteurs et sous ses commentaires peu amènes à la radio ! Je ressors de l’événement les jambes tremblotantes et mets plusieurs minutes à m’en remettre.

Après trois nuits de course, nous abordons le Cap Finisterre, passage redouté où le vent peut accélérer brutalement et où la mer devient vite peu praticable. Erwan et moi sommes déjà bien dans le rouge en terme de sommeil et nous adoptons au même moment une attitude très sage pour aborder ce passage. Nous affalons les spis et profitons de la baisse de régime du vent pour dormir une heure. Je suis ensuite le premier à renvoyer de la toile lorsque la mer se calme un tout petit peu. Peu de temps plus tard, elle se range franchement… Le moment où jamais d’appuyer sur l’accélérateur. Il me suffit de lâcher les rênes et le bateau s’emballe montrant une nouvelle fois à quel point il est extraordinaire. Je vole littéralement sur l’eau, en équilibre sur la quille transformée en foil, Griffon.fr et moi passons les vagues sans les toucher. Un régal qui dure presque 20 heures au bout desquelles j’ai accumulé une petite avance sur mes concurrents.

Malheureusement, la suite va se révéler beaucoup moins sportive car en gagnant vers le sud, nous nous rapprochons d’une immense zone sans vent. Après mûre réflexion, je décide d’essayer de la contourner en obliquant ma route vers l’est pendant toute une journée. Peine perdue, je me fais engluer dans les calmes. Cela va durer trois jours, rythmés par les annonces journalières du classement dans lequel je me vois perdre des milles par dizaines. Forcément, le moral en est affecté. Je m’imagine arriver avec de nombreuses heures de retard, compromettant toute chance de jouer la gagne sur la deuxième étape. C’est dur, très dur ! On se sent impuissant car sans vent, impossible de faire de la stratégie. On s’astreint alors à avancer mètre après mètre, sur une mer d’huile, en exploitant les micro risées à peine perceptibles tellement elles sont subtiles !

Je conserve un infime espoir, car je pense que je navigue dans l’est d’Arthur Léopold-Léger qui mène désormais la course ! Le « miracle » (mais ce n’en est pas un, j’avais finalement pris la bonne option d’aller dans l’est), survient à 12h de l’arrivée, alors que j’accusais un retard de 20 milles sur Arthur, Le vent revient enfin, et par l’est! J’en bénéficie donc le premier et je reprends la tête de l’étape. Bien sûr, si vous, vous l’apprenez au premier pointage du matin, moi je ne le sais pas encore (nous n’avons un classement qu’une fois par 24 heures, à la mi-journée). C’est à deux heures de l’arrivée à Las Palmas qu’entendant le dernier classement, j’apprends la superbe nouvelle ! Non seulement je n’ai plus de retard, mais je suis en tête de deux milles. Les premiers Zodiacs m’approchent, j’exulte ! Pourtant à l’horizon les voiles d’Arthur apparaissent. Il arrive du nord, j’arrive du nord-est. Dans un dernier effort, je me remets en mode régate au contact. A l’approche de la ligne d’arrivée, nos routes finissent par se croiser. Il n’y a guère que trois longueurs de bateau entre nous mais je suis devant et je peux contrôler Arthur en exécutant deux empannages successifs pour me placer entre lui et la ligne. C’est avec une joie énorme que je la franchis. Quel contraste avec à peine deux heures plus tôt !

Du coup je suis dans une superbe position pour attaquer la deuxième étape ! Erwan et les autres… sont à deux heures et plus. Mieux vaut les avoir d’avance que de retard. Rien n’est joué !!!

Voici pour finir la vidéo de cette première étape…. « avec des moments où ça déboule, et d’autres un peu plus tranquilles!

Source

Ian Lipinski

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