Madère, le garde-barrière

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© Breschi / Mini Transat La Boulangère

A mesure que la mer se lisse comme un lac, les skippers de la Mini-Transat La Boulangère se font des cheveux blancs. Entre la latitude de Madère et celle des Canaries, le vent est aux abonnés absents et les moyennes désespérantes. A ce rythme, il devient illusoire de programmer une ETA. En mer comme à terre, il faut bien prendre son mal en patience.

Cette première étape de la Mini-Transat La Boulangère va peut-être entrer dans les annales de la course comme une des plus longues de l’ère moderne, quand les prototypes et les bateaux de série taillés pour la compétition ont supplanté les Muscadets et autres Serpentaires des débuts. Dans ce marasme éolien, chacun essaie de trouver son salut dans une option plus ou moins incertaine. Seule certitude, la situation profite aux attardés, à ceux qui ont musardé en route. La Fontaine n’aurait guère goûté cette morale inversée du lièvre et de la tortue, mais les Jérôme Lhermitte (Noveum), Guillermo Canardo (Open Arms) ou Thomas Béchaux (Poralu Marine) peuvent savourer. Ils ont encore gagné le droit de progresser gentiment et par là-même de réduire un peu l’écart avec les hommes de tête. D’autres n’ont pas cette chance : entre la queue de flotte et un petit groupe juste au nord de la latitude de Madère, le vent s’est là-aussi évanoui au grand dam de Vianney Desvignes (Effydin – Stade Français), François Denis (Soboat.com) ou Boris Pelsy (Novintiss). Gageons qu’entre eux, la VHF doit livrer de savoureuses conversations.

Le jeu de l’amure et du hasard

Dans ce contexte, certains ont choisi de s’en remettre à la fatalité, de confier les clés du bateau à Eole quand il voudra bien se manifester. Entre Thomas Dolan (Offshoresailing.com), Pierre Chedeville (Blue Orange Games – Fair Retail) et Yann Burkhalter (Kalaona) c’est à qui jouera le plus les bonnets de nuits. A les entendre, ce serait soirée pyjama, coucher sous la couette avant le petit déjeuner en terrasse à l’heure du lever de soleil. Mais surtout, personne ne sait vraiment à quel saint se vouer, tant les isobares sont distendus et le gradient de pression rachitique.

Au gré des pointages, les partisans d’une option prennent le pas sur les autres. Yannick Le Clech (Dragobert), un des plus à l’ouest a pris le meilleur au classement de 17 heures, quand Clarisse Crémer (TBS) une des plus à l’est semblait avoir repris la tête de course au pointage précédent. Autant dans ces conditions invoquer la puissance des tarots, ou faire des sacrifices à Neptune, mais quand il ne reste plus grand-chose à manger, est-ce vraiment raisonnable ?

En prototype Arthur Léopold-Léger (Antal-XPO) est bien décidé à ne rien lâcher. Malgré les 50 petits milles parcourus par les deux leaders en 24 heures, réussira-t-il à instiller le doute chez Ian Lipinski (Griffon.fr) qui subirait sa première défaite en deux ans de course, si tant est qu’on puisse parler de contre-performance pour une deuxième place. D’autant qu’il reste un Atlantique à traverser.

Un impératif, boire

C’est la clé d’une navigation consciente. Le règlement de la Mini-Transat La Boulangère impliquait d’embarquer au minimum 40 litres d’eau. Soit de quoi tenir sans difficulté pendant 10 à 12 jours de course. Mais on connaît les péchés mignons des coureurs au large. Il y a fort à parier que quelques énervés auront pris soin de vider quelques bouteilles dans la mer sitôt les tours de La Rochelle ayant disparu sur l’horizon, histoire d’alléger le bateau. Pour ceux qui se trouveraient en pénurie d’eau, un jerrican de neuf litres est prévu automatiquement dans le bidon de survie qu’il faudra alors desceller. Mais le verdict sera alors un passage automatique devant le jury. Entre perdre des heures et risquer sa santé, le choix devrait être vite fait.

Classement à 15h00 UTC

Prototypes

  1. Arthur Léopold-Léger – Antal XPO – à 145,2 milles de l’arrivée
  2. Ian Lipinski – Griffon.fr – à 14,3 milles du premier
  3. Romain Bolzinger – Spicee.com – à 44,5 milles du premier
  4. Erwan Le Mené – Rousseau Clôtures – à 62,1 milles du premier
  5. Simon Koster -Eight Cube Sersa- à 68,2 milles du premier

Séries

  1. Yannick Le Clech – Dragobert à 203,7 milles de l’arrivée
  2. Tanguy Bouroullec – Kerhis Cerfrance – à 3,2 milles du premier
  3. Clarisse Crémer – TBS – à 3,7 milles du premier
  4. Benoit Sineau – Cachaca II – à 3,8 milles du premier
  5. Valentin Gautier – Shaman – Banque du Leman – à 5,3 milles du premier

Source

Aurélie Bargat / Effets Mer

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