Virer: où, quand, comment ?

© Hamish Hooper/CAMPER ETNZ

Quatre jours sur le même bord et, enfin, un virement général hier soir. À la faveur d’une bascule de vent inattendue, les six concurrents ont commencé à se positionner pour entrer dans le détroit de Malacca. L’île de Pulau We, qu’ils doivent laisser sur tribord et qui marque l’entrée du détroit, est encore à 250 milles. Mais il faut déjà se placer pour aborder en bonne position cette phase cruciale de l’étape.

« On a du vent de face depuis les Maldives, » commentait à midi Franck Cammas lors d’une vacation audio, « mais c’est un vent très instable. Il y a eu de belles rotations et on a fait quelques virements avec le reste de la flotte. Du coup, il ne faut pas se tromper quand on vire. Une erreur dans le choix des bords coute bien plus cher qu’une erreur dans le choix des voiles. »

Le skipper français sait que rien n’est acquis, même si Groupama 4 est passé de la troisième à la deuxième place en 24 heures. 6,4 milles derrière le nouveau leader, CAMPER, il est placé en milieu de flotte et progresse dans cinq à 15 nœuds de vent de nord-est.

Le recadrage a commencé hier soir avec un virement imprévu à 21h UTC. « On devait faire un bord jusqu’à Sumatra quand le vent a énormément basculé : 40 degrés de rotation non visibles sur les fichiers. Tout le monde a viré en début de nuit. »

Une centaine de milles plus tard, la flotte a reviré, cap à l’est. À 13h UTC, CAMPER et PUMA, troisième, encadrent Groupama. Telefónica est quatrième et persiste à rester au nord de la flotte – « une layline de 300 milles, c’est un choix risqué, mais ils vont vite, » commente Cammas. Abu Dhabi Ocean Racing, cinquième, et Sanya, sixième, sont plus au sud.

« On est sous un gros nuage, » confiait aujourd’hui le navigateur de Team Sanya Aksel Magdahl. L’équipage de Mike Sanderson a touché pendant quelques heures des vents d’ouest, conséquences de ce même nuage.

Dernier de la flotte, le bateau aux couleurs chinoises est un Volvo Open 70 de la dernière génération et est moins rapide. Les hommes de Sanya Lan espèrent donc une redistribution des cartes dans les 700 milles du détroit de Malacca, qu’ils attaqueront demain.

D’ici là, le vent devrait forcir et tourner à l’est. Bascule à prévoir autour de la pointe nord de Sumatra avec sans doute un dernier virement à placer.

« C’est un peu compliqué à l’approche de Sumatra. Il y a une dépression sous le vent de l’île. Brises de mer et de terre vont entrer en jeu.

« Le premier jour, premier jour et demi dans le détroit a l’air assez ouvert, » continue le Norvégien, déjà navigateur d’Ericsson 3 sur la dernière édition de la course. Il avait alors franchi le détroit lors de l’étape entre Cochin et Singapour.

« On devra décider d’aller à la côte ou pas – plus tard dans le détroit, il faut de toute manière aller à la côte. La manière dont on négociera toutes ces différentes parties dépendra du moment où on y arrivera. »

Étape 3, acte 2, Malé – Sanya, 3051 milles

Positions le 26 janvier 2012 à 13h UTC :

  1. CAMPER with Emirates Team New Zealand – 11,2 nœuds – à 1941,6 milles de Sanya
  2. Groupama sailing team- 12 nœuds – à 6,40 milles du leader
  3. PUMA Ocean Racing powered by BERG – 11,8 nœuds – à 8,80 milles du leader
  4. Team Telefónica – 13,3 nœuds – à 9,70 milles du leader
  5. Abu Dhabi Ocean Racing – 11,1 nœuds – à 27,40 milles du leader
  6. Team Sanya – 10,6 nœuds – à 39,60 milles du leader

Source

Anne Massot

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