Phil Sharp on son jardin!

© Rick Tomlinson

Le navigateur Britannique Phil Sharp (Imerys) glisse aujourd’hui à bonne vitesse en direction des îles Anglo-Normandes, dernière marque à franchir pour les concurrents de la 8ème Normandy Channel Race avant de rallier, demain matin, la baie de Seine et la ligne d’arrivée mouillée devant Hermanville. Associé au vainqueur de l’an passé, l’Espagnol Pablo Santurde, le natif de Jersey s’applique plus que jamais à livrer une fiche absolument impeccable depuis le départ de dimanche dernier. Avec une bonne trentaine de milles d’avance, il se sait toujours sous la pression d’un impressionnant groupe de chasseurs bien décidé à parier jusqu’aux dernières encablures de course sur les pièges de la météo, ou des terribles courants des Anglo Normandes et du raz Blanchard pour les ralentir. Avec 7 Class40 à ses trousses regroupés en moins de 8 milles, Phil ne peut se permettre le moindre faux pas, a fortiori en son jardin. Pour ses poursuivants, ce sont 24 heures absolument folles qui s’avancent. De V and B (Maxime Sorel – Antoine Carpentier) deuxième, en alternace avec Serenis Consulting (Galfione – Troussel), à Moonpalace (Roeland Franssens – Michel Kleuinjans), voire Région Normandie (Olivier Cardin- Cédric Chateau), huitième à 41 milles du leader, et 11 milles du deuxième, tous les espoirs sont autorisés, et malgré la fatigue accumulée durant ces 4 derniers jours de course, les duos jettent toute leurs forces dans cet épique final à rebondissements.

La belle descente au portant depuis le rocher du Fastnet aura été, pour les Class40, perturbée par l’impérieuse nécessité de choisir très tôt son point de contournement du Dispositif de Séparation de trafic (DST), zone interdite aux concurrents et située au large de Land’s End, à la pointe de la Cornouaille anglaise. Une manœuvre d’évitement qui aura coûté au duo Jean Galfione – Nicolas Troussel (Serenis Consulting), la deuxième place, au profit d’un étonnant V and B. Maxime Sorel et Antoine Carpentier naviguent en effet depuis plusieurs jours sans aide informatique, un peu en aveugle. Ils sont pourtant parvenus à se glisser en deuxième position peu après le passage à Wolf Rock, et donnent depuis le tempo d’une chasse à l’Anglo-Hispanique duo de tête d’anthologie. Une poignée de milles séparent en effet pas moins de 8 Class40 éparpillés en latitude au travers de la Manche. Dans un vent d’ouest modéré, le sprint désormais lancé jusqu’à Guernesey va consommer les dernières réserves physiques de marins soumis depuis le départ dimanche dernier à toutes les conditions de mer et de vent. Chacun a fait ses jeux et les prochains empannages définiront l’ordre de passage à Guernesey.

Familier des forts courants du site, Phil Sharp cravache contre la montre pour bénéficier du puissant jus en circulation du côté d’Alderney. Une composante que ses poursuivants ont eux aussi à l’esprit, mais que la présence à vue d’adversaires obstinés relègue pour l’heure au second plan. La parole est aux barreurs et aux spécialistes de la glisse. Une certitude, il y aura du monde demain matin dans l’écluse d’Ouistreham tant les écarts, lors du passage de ligne, et dans le sillage d’Emerys, seront infimes.

Dernière ETA pour Imerys : demain matin entre 5 heures 30 et 6 heures 30 sur la ligne.

Problèmes de voiles d’avant pour les Japonais de Kiho

Hiroshi Kitada et Hiroki Goto ont relaté ce matin leurs sérieux problèmes de voiles d’avant. Trinquette, Grand gennaker de capelage et l’emmagasineur ont été perdus « par accident », ainsi que le relataient les deux hommes ce matin. Dans leur malheur, l’équipage Nippon bénéficie comme l’ensemble de la flotte de conditions de vent portant modérées, idéales pour continuer à progresser avec les voiles restantes, Génois ou grand spi. On attend ainsi vendredi soir ou samedi matin à Caen le premier voilier japonais à concourir dans la Normandy Channel Race.

Ils ont dit :

V and B – Maxime Sorel

« Une nuit super courte à enchaîner les empannages! C’est dur de ne pas savoir où l’on doit aller (ordinateur HS). Autant sur la dernière Québec Saint-Malo, nous avions le même problème mais cette fois-ci le parcours est tellement truffé d’embûches que c’est encore plus pénalisant! Déjà 48h à l’aveugle. Heureusement, cette dernière journée, nous l’avons passé aux côtés de plusieurs de nos concurrents. On naviguait à vue. Du coup, il est plus simple de faire de la tactique par rapport à leur trajectoire. On n’a pas arrêté de faire le yoyo au classement car nous devions faire des bords de recalage vers le nord pour aller chercher plus de vent. La marque qui permet de déterminer le classement étant plus dans le sud du parcours, quand on va vers le nord on rétrograde au classement mais cela seulement pour quelques temps! Nous avons passé le DST nord Scilly en longeant la pointe de l’Angleterre. On est au coude à coude avec Serenis Consulting. Il va falloir s’arracher pour passer Jean Galfione et Nicolas Troussel ce dernier étant un double vainqueur de la solitaire du figaro, donc un spécialiste de la régate comme celle que l’on réalise en ce moment. L’objectif du jour est de rallier le sud de Guernesey en maintenant notre position et sans faire d’erreur tactique avec le courant de la Manche. »

Phil Sharp, Imerys :

« Wow! quelles conditions extraordinaires nous avons connu depuis le Fastnet! Nous sommes au portant dans 15 à 20 noeuds de vent, idéales pour glisser sous grand spi, tout en asséchant le bateau après une première partie de course très humide. Un contraste incroyable. Nous avons passé Land’s End et sommes entrés dans la Manche en milieu de nuit. Un grand soulagement et une satisfaction en regard de l’avance que nous avons pu creuser. Malgré notre belle avance, Pablo et moi-même continuons de tirer très fort sur le bateau. Nous commençons seulement à instaurer une routine entre nous pour pouvoir nous reposer à tour de rôle, car nous étions bien fatigués après ces premiers jours très difficiles, particulièrement après Tuskar. Il n’a pas fait très chaud non plus. J’ingurgite des quantités énormes de thé pour maintenir la température de mon corps. Pablo a lui choisi de porter sa combinaison de survie. Il avait l’air ridicule mais ce n’était en définitive pas une mauvaise idée. Il semble beaucoup plus heureux maintenant qu’il commence à sécher ses chaussettes. Le porridge que j’ai préparé nous a donné un bon coup de « boost » pour la journée. Je crois que Pablo apprécie cette petite spécialité, bien qu’il continue d’y verser du thé. La prochaine étape est Guernesey et nous espérons attraper le courant favorable à Alderney. Nous appuyons donc fort sur l’accélérateur, tout en gardant un oeil dans le rétro. »

Claire Pruvot – Calvados :

« Nous sommes entourés de normands ! Après avoir croisé de près Campagne de France cette nuit, on a pris le parti de passer dans les Scilly contrairement à nos adversaires directs. Et finalement ce matin on se retrouve au cap Lizard ! Marc Lepesqueux est juste derrière nous et Halvard et Miranda nous « contrôlent » : ils ont ré-empanné sous notre vent ! C’est une belle journée de portant qui s’annonce, en espérant que le vent tienne encore un peu comme ça pour qu’on traverse la Manche sans encombres, direction Guernesey ! »

Francois Lassort – Montres Herbelin :

« De phare en phare… Nous avons quitté le phare de Tuskar à 22h50 utc hier soir et nous voila à l’approche du phare du Fastnet, qui balise le sud de l’Irlande. Nous allons encore le passer de nuit… Nous avons régaté avec nos collègues « vintage » toute la journée. Nous étions tous les trois dans un rayon de 5 miles vers 13h00. Sauf problème, nous devrions conserver notre place de 1er Vintage d’ici le Fastnet. Belle journée ensoleillée, mais fraîche. Vent mollissant en première partie de journée et devenu soutenu 18 à 23 noeuds depuis. Je suis surpris du peu de voiliers (croisières) rencontrés depuis le début de la course. Nous serons contents de virer le Fastnet et de reprendre une route au portant. Ras le bol du près et de son programme essorage..! Nous admirons la course en tête sur notre écran d’ordi. ça ne chôme pas ! Merci les gars de ne pas aller trop vite car nous risquons fort d’avoir fait tout le tour pour rien, et de n’être même pas classés si nous arrivons 36h après le 1er. J’allais oublier… Aujourd’hui, filet de maquereaux, sardines à la tomates pomme et chocolat au lait pour midi, et ce soir blanquette de veau aux pomme de terre. »

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