Qui pour battre Phil Sharp?

© DR / Imerys

Imerys est-il en train de « tuer » la course? Le Class40 mené par le duo Britannico-Espagnol Phil Sharp – Pablo Santurde aurait-il pris un avantage décisif en enroulant le premier le phare du Fastnet en fin de matinée ? Premier au Fastnet, mais aussi premier à bénéficier depuis de bonnes conditions de vent portant, il a en quelques heures triplé son avance, qu’il porte ce soir à près de 40 milles sur un très accrocheur Serenis Consulting (Galfione – Troussel). A l’aise à toutes les allures, le plan Manuard voit s’ouvrir devant son étrave une Mer Celtique et une Manche quasiment dénuées de toute embûche de taille. La petite dorsale qui languit au large des Scilly ne devrait guère ralentir la marche en avant d’un duo déjà à pareille fête l’an passé, quand Phil Sharp harcelait de ses ardeurs Pablo Santurde, qui allait finalement s’imposer à lui pour deux petites minutes et 48 infimes secondes à bord de son Talés II. A l’heure où la tête de la flotte en termine avec l’épuisant épisode de navigation au près, qualifiée avec esprit d’ »assomme maquereaux » par les marins jamais en reste de bons mots, Imerys aurait-il tout simplement assommé la concurrence, à 340 milles de l’arrivée?

Voir le Fastnet et… revivre! Qu’il est bon et revigorant pour les duos de la Normandy Channel Race de contempler ce mythique phare du Fastnet, si indissociablement lié à la légende de la course au large! Marins expérimentés, à l’instar d’un Halvard Mabire (Campagne de France), ou régatier émérite en apprentissage de la course au large tel Cédric Château (Région Normandie), la vue du célèbre rocher, nimbé pour une fois de soleil, est un plaisir vécu comme une récompense après plus de 20 heures d’une navigation face au vent et à la mer particulièrement usante. Et quand son contournement offre enfin l’opportunité de glisser à plat, sous grandes voiles d’avant, tout en se débarrassant enfin des cirés, et autres couches néoprènes, le bonheur confère à l’extase! Brieuc Maisonneuve (Evernex – Delicecook) en oublie son genou abîmé dans un choc. Halvard Mabire son épaule blessé dans une manoeuvre intempestive. Marc Lepesqueux ses ballasts récalcitrants. Seul Maxime Sorel (V and B), handicapé par ses problèmes informatiques, souriait jaune à la vue d’un classement qui le voit rétrograder en quelques heures de sa belle deuxième place. Il se bat depuis comme un beau diable pour contester à Campagne de France une place sur le podium.

Un podium qui va jusqu’à vendredi faire l’objet de toutes les convoitises. « La configuration de course semble avoir gommé les différences de générations entre les voiliers de tête », constate, amusée, Claire Pruvot. « La puissance de la nouvelle génération peine à s’exprimer au près, et dans les conditions medium. » Au final, 10 bateaux évoluent en moins de 25 miles, une misère au regard des 370 milles encore à parcourir. Chacun croit ainsi ferment en ses chances. Les duos profitent d’une allure désormais plus confortable pour se reposer, s’alimenter et définir le plan de route idéal pour ce qui ressemble déjà à un rush final, tout schuss vers les Anglo-Normandes, et envisager dès vendredi matin, l’atterrissage dans l’embouchure de l’Orne.

Ils ont dit :

Miranda Merron, Campagne de France

« Très heureuse de voir le Fastnet, synonyme que l’on arrête d’assomer les maquereaux. Halvard a beaucoup et très bien travaillé cette nuit. Rien n’est joué. Imerys semble avoir fait le trou mais derrière, le jeu est très ouvert. On est à la bagarre pour contenir nos petits adversaires. Quel bonheur de pouvoir enlever les cirés, et prendre le temps d’un repas chaud! »

Claire Pruvot – Calvados

« Le soleil arrive autour du Fatsnet. Bientôt la fin du près. Cette nuit était tout à fait noire et très humide. On a tricoté au près dans la brise et la forte mer pour s’abriter du courant à la côte irlandaise… J’apprends beaucoup au contact de Louis (Duc) qui décide toujours judicieusement du choix des voiles. Le Fastnet, je l’ai passé trois fois en Figaro, et c’est toujours aussi magique. »

Marc Lepesqueux, Sensation Class40

« Nous n’avons pas rencontré de conditions propices à montrer le potentiel de notre bateau. Calvados et Serenis Consulting en revanche, se sont montrés très à l’aise au près. Et en plus, ils ont très bien navigué. Il va y avoir du matche jusqu’à l’arrivée. On a pas mal de petites réparations à effectuer, la faute à une préparation un peu courte sans doute.»

Marc Duos, Esprit scoot

« La météo s’améliorant, un peu de temps pour des nouvelles. A 13 h hier, arrivée du soleil après 24 h de grisaille, petite pluie et mauvaise visibilité. Vent qui est passé du sud – sud ouest 25 / 27 nœuds. Premier trajet après le départ amusant, avec plusieurs croisements entre les class 40, à la mode dériveur, bien dégagé. Vigilance pendant le croisement des rails de cargos, avec des changements de route nécessaire pour éviter des collisions (envois de flash du cargo, sans trop de changement de leur part). Passage des Needles à White un peu difficile, au près, avec du clapot, et la marée basse, avec des hauts fonds bien visibles juste sous le vent ! Puis trajet sur un seul bord au bon plein jusqu’à la pointe de l’Angleterre, dans du 20 noeuds environ et un peu de mer, secouant un peu mon estomac. Allure débridée après, assez fort; pas de spi jusqu’à maintenant en raison du vent et de la fatigue. Cela va mieux avec le soleil et la baisse du vent; grand spi. Pas de class 40 en visu. Pas de problème technique. Les courses ont été entamées mollement. Bien content d’être en mer ! Bonne journée. «

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