Fabrice Amedeo peut rêver encore plus haut !
C’est à une très belle 11e place, et 2e bizuth, que Fabrice Amedeo a remonté ce matin le chenal des Sables d’Olonne, après 103 jours 21 heures et 01 minute de mer. Le marin-journaliste a franchi la ligne d’arrivée à 10h03 (heure française), soit 29 jours 17 heures 25 minutes et 14 secondes après le vainqueur, Armel Le Cléac’h. Très en forme malgré sa restriction alimentaire des derniers jours, Fabrice tire un bilan extrêmement positif de sa première participation au Vendée Globe. Et il annonce d’ores-et-déjà sa volonté de revenir en 2020, encore plus fort… Ce soir, il ne reste plus que sept concurrents en mer. Alan Roura va devoir s’armer de patience car il va passer au moins 24 heures dans une zone sans vent. Son ETA : lundi, entre midi et 20h. Les arrivées vont s’enchaîner la semaine prochaine avec Rich Wilson, Didac Costa, Romain Attanasio et peut-être Conrad Colman. Ce dernier pourra recevoir le prix de la combativité s’il parvient à couper la ligne sous gréement de fortune…
24 heures après Arnaud Boissières (La Mie Câline) c’est Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut), son compagnon de route, qui a remonté le chenal ce samedi dans des conditions idylliques et devant un public acquis à sa cause. Son temps de course : 103 jours 21 heures et 01 minute. Il s’est ainsi emparé de la 11e place et il est le 2e bizuth de ce Vendée Globe derrière Eric Bellion (CommeUnSeulHomme). Rappelons qu’ils étaient 14 à découvrir le Vendée Globe pour cette huitième édition.
En conférence de presse, Fabrice est revenu sur son aventure avec des mots forts : « Sur ce Vendée Globe, j’avais l’impression de vivre une vie entière en une seule journée. Cette épreuve est d’une puissance phénoménale, on s’expose à ce que la nature a de plus sauvage. Le défi a été à la hauteur de ce que j’imaginais. Mon objectif premier était personnel, je voulais me confronter aux grands marins que j’admire depuis toujours. Après, je suis journaliste et j’ai à cœur de partager ce que je fais. Il m’est arrivé de pleurer et après de crier de joie une fois que j’avais surmonté les épreuves. Je suis allé chercher des choses dont je ne soupçonnais pas l’existence en moi. Je vais garder au fond de la rétine toutes ces images, le Horn, les albatros, le gris de la mer, dans ma vie de tous les jours. » Emballé par son expérience, le skipper-journaliste ne cache pas son ambition de participer une deuxième fois au Vendée Globe en 2020 : « J’étais en apprentissage et maintenant je veux revenir en compétition ! »
Alan Roura doit s’armer de patience
Le fougueux Alan Roura (La Fabrique) doit prendre son mal en patience. Bien qu’à seulement 228 milles de l’arrivée (au pointage de 15h), il ne peut pas entrevoir une arrivée avant lundi. En cause, une bulle anticyclonique qui lui barre complètement la route. Le Suisse va passer au moins 24 heures à vitesse très réduite avant de retoucher du vent dans la nuit de dimanche à lundi. « Se retrouver bloqué, si proche du but, c’est vraiment atroce », confie Alan. « Je suis incapable de dire quand je sortirai de là et quand j’arriverai aux Sables… C’est le jeu de la voile. Il n’y a pas 12 000 stratégies, il faut faire marcher le bateau du mieux possible, bien matosser, mettre le maximum de toile. Mais les spis ne tiennent pas dans cette petite houle. Je suis sous grand gennaker, j’avance du mieux que je peux. Mais les voiles claquent encore, c’est dur pour les nerfs. » L’estimation précise de son heure d’arrivée est difficile à déterminer, mais la Direction de Course parle d’un franchissement de la ligne lundi entre midi et 20h.
Trois ou quatre arrivées la semaine prochaine
Après Alan Roura, trois ou quatre marins pourraient également en finir la semaine prochaine. L’incertitude demeure pour Conrad Colman (Foresight Natural Energy) qui progresse encore à bonne allure (6 nœuds) vers le cap Finisterre. Mais la suite des événements s’annonce plus complexe car le vent devrait basculer au Nord et donc l’obliger à progresser au près, ce qui n’est pas idéal sous gréement de fortune. Au pointage de 15h, le Néo-Zélandais n’était plus qu’à 450 milles du but.
Pour les trois autres concurrents en approche des Sables d’Olonne, la situation est plus claire. Rich Wilson (Great American IV) et Didac Costa (One Planet One Ocean) naviguent dans le Nord de l’anticyclone des Açores, dans des conditions propices à la vitesse. 200 milles dans l’Ouest de cet archipel, Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) profite d’un bon vent de Sud pour gagner dans le Nord-Est. Tout va bien pour Romain qui devrait avoir de bonnes conditions jusqu’à l’arrivée. Seul bémol : il va terminer sa course tribord amures, et sera donc handicapé par sa dérive cassée suite à un choc avec un OFNI. Rich, Didac et Romain sont attendus aux Sables d’Olonne entre mercredi et vendredi.
Sébastien Destremau : « Je vais finir par me mettre en retard ! »
Pieter Heerema (No Way Back) poursuit sa remontée plein Nord dans les alizés. Le Néerlandais est contraint de naviguer avec trois ris dans la grand-voile. Pour le moment le vent est bien établi et Pieter n’est pas trop handicapé, mais les choses se compliqueront quand le vent faiblira. Il va donc attendre que les conditions se calment pour tenter de résoudre le problème et pouvoir renvoyer toute la toile. Heerema devrait emprunter une route similaire à celles de ses prédécesseurs, par l’Ouest des Açores.
Quant à Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean), il peine toujours dans un Pot au noir très collant. Il a envoyé un message aujourd’hui : « 77 milles parcourus au cours des dernières 24 heures, dont seulement 47 milles de gain vers l’objectif. Cela fait 2 nœuds de moyenne ! C’est peu, c’est très peu… Le pot au noir me colle aux fesses. Je vais finir par me mettre en retard ! »
Alan Roura (La Fabrique) :
« L’arrivée, c’est une page qui se tourne. J’ai envie de revenir en 2020 avec un bateau plus performant. Il va falloir trouver un budget et un bateau. C’est toujours dur de repartir de zéro. Il y a une part de peur mais au moins j’aurai fait un beau premier Vendée Globe. Je me serai battu du mieux que je pouvais. Je peux rentrer la tête haute avec cette 12e place. Il me tarde d’arriver… »