Mur de bosses dans l’Atlantique Nord

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© Jean-Marie Liot / DPPI

A quatre pattes dans leur niche de carbone, cramponnés comme dans un manège de fête foraine, incapables de se faire à manger ni de fermer l’œil sous ces coups de boutoir engendrés par une mer affreuse, Arnaud Boissières, Fabrice Amedeo et Alan Roura naviguent dans des conditions de mer et de vent « casse-bateaux ». L’Atlantique Nord n’est décidément pas coopératif depuis que les 7 premiers concurrents du 8e Vendée Globe ont posé pied à terre. Nandor Fa, en avant d’une dépression, devrait rencontrer demain des rafales à 50 nœuds à l’entrée du golfe de Gascogne avant de franchir la ligne d’arrivée dans la nuit de mardi à mercredi. Quelle fin de course éprouvante !

Comme des animaux dans leur terrier…

« Je suis admiratif de mon bateau qui tient le choc, mais je stresse quand même car je sens qu’il fatigue » racontait Arnaud Boissières (La Mie Câline) à la vacation de midi, par vent de travers sur une mer forte, arrosé d’embruns et de poissons volants. Les conditions dans les Alizés de l’hémisphère Nord sont dures. « Probablement les plus dures de ce tour du monde » ajoutait Alan Roura (La Fabrique) joint également ce midi. Si pour le benjamin de la course le tour de manège devrait encore durer 4 jours, pour Cali et Fabrice séparés de moins de 40 milles, le calme devrait s’annoncer dès demain car l’anticyclone des Açores n’est plus très loin… Oui mais ! La suite promet d’être bien longue : tour par l’ouest obligatoire avant de mettre le cap vers Les Sables d’Olonne… entre le 16 et le 18 février.

Encore 60 heures de mer pour Nandor Fa, Eric Bellion attendu le samedi 11 février, Conrad Colman le lundi 13

« Je peux voir beaucoup de signes de fatigue du bateau, en particulier les voiles et des petits points de rupture. Il est temps d’arriver, temps de finir. Le mât semble bon, mais je croise les doigts. Toutes les drisses et écoutes sont fatiguées, comme moi. » confiait le skipper hongrois à la vacation devant une foule d’amis déjà présents aux Sables d’Olonne pour l’accueillir. Nandor entame sa dernière ligne droite à la manière d’un équilibriste.
Eric Bellion (CommeUnSeulHomme), 9e, et Conrad Colman (Foresight Natural Energy), 10e, dans le nord de l’anticyclone, savent bien que les conditions météo à venir vont être « rock’n roll ». Conrad racontait ce midi : « Mon itinéraire vers l’arrivée aux Sables d’Olonne présente deux options : soit, je prends un coup sur la tête vraiment dur, soit je prends un coup sur la tête vraiment, vraiment dur. Je peux aller au près avec 40 nœuds ou au portant avec 50 ! Ce n’est pas un choix facile. Quoi que je fasse, ce sera difficile et inconfortable. »

Rich Wilson, une nouvelle de coupe de cheveux et la tête à l’endroit !

Le skipper de Great American IV vient tout juste de franchir l’équateur et a offert ses cheveux à Neptune ! Disons plutôt, que c’est pour mieux supporter les 30° à l’ombre… Pour lui aussi, le Pot au Noir sera peu actif et devrait le laisser rentrer rapidement dans les alizés. Didac Costa (One Planet One Ocean) et Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) naviguent toujours collés-serrés (20 milles d’écart) dans les alizés de l’hémisphère sud pour 15 nœuds. Pieter Heerema (No Way Back), à 600 milles derrière le duel, commence à accélérer dans les mêmes alizés, tandis que Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) peine dans l’anticyclone de Sainte-Hélène à 4 700 milles du but.

Arnaud Boissières, La Mie Câline

« Avec Fabrice (Amedeo), on s’est pas mal écrit hier. La météo est changeante. Je pense qu’on bat des records de lenteur. Je vais approcher du temps de mon premier Vendée Globe (105 jours, ndlr). On fait vraiment le tour de la paroisse en contournant l’archipel des Açores. Le gain pour se rapprocher des Sables est faible en ce moment. Des fois tu te dis que le scénario météo ne nous est pas toujours favorable, pour rester poli. C’est possible que j’arrive entre le 15 et le 16 février. J’en saurai plus mardi. »

Alan Roura, La Fabrique

« Physiquement et moralement ça doit être le plus dur de ce tour du monde. On se disait que l’Indien c’était le plus dur. Donc tu en sors, t’es content, et finalement tu te rends compte que le Pacifique est plus dur que l’Indien. Et l’Atlantique tu te dis que ça y est, c’est les vacances, chaleur, bonheur, ti-punch. Eh ben non. C’est quand même con. Ça sera compliqué jusqu’au bout. Il faut ménager le bateau. C’est un gros stress car s’il y a un souci on a encore une longue route. »

Conrad Colman, Foresight Natural Energy

« Pour la suite, c’est un peu compliqué. Il y a une dépression avec deux visages. Elle va me porter jusque vers le cap Finisterre donc je vais faire des milles rapidement. Mais le problème c’est qu’elle va mettre son clignotant à droite et buter contre le cap. C’est compliqué, car j’aurai alors du vent de face. C’est assez énervant. C’est bien d’avoir passé le secteur chaud. C’est revitalisant. J’ai pris une bonne dose de soleil et j’ai tout fait sécher. Je suis prêt à affronter une semaine de folie. Au lieu de m’arracher les cheveux en regardant les options, j’ai préféré les couper. »

Nandor Fa, Spirit of Hungary

« Je vais essayer de rester le plus Sud possible. Pour le moment j’ai 42 nœuds de vent en avant de la dépression et j’avance à 25 nœuds. Je vais changer ma voile d’avant pour passer sous J3 car je vais rencontrer des conditions fortes avec 40/45 nœuds. Le bateau montre des signes de fatigue surtout dans les voiles, mais le mât tient le coup. Je croise les doigts car les bouts sont usés, un peu comme moi. Il est temps que ça se termine. Je vais essayer d’arriver le plus vite possible. Je me suis reposé une heure ou deux dans mon pouf mais j’essaye de ne pas trop dormir pour tout garder sous contrôle. »

Source

Agence Mer & Media.

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