Guerre des nerfs

© Eloi Stichelbaut

Qu’elle est longue cette remontée de l’Atlantique ! Qu’il se fait désirer ce Horn pour Pieter Heerema et Sébastien Destremau ! Les 16 marins encore en course poursuivent leur chemin vers Les Sables d’Olonne avec une patience infinie à l’heure où Armel Le Cléac’h et Alex Thomson dorment dans des lits douillets, savourent de bons petits plats et se délectent de douches chaudes…

Jérémie Beyou entame une bataille contre l’absence de vent. Son ETA (Estimated Time Arrival) sur la ligne d’arrivée ne cesse de reculer : de dimanche soir, les routages donnent maintenant lundi soir… tard. Il faut dire que le skipper de Maître CoQ navigue en ce moment dans un golfe de Gascogne mollasson, capricieux qui le fait se traîner à 4 nœuds. Diantre ! Jérémie vit une fin de course éprouvante à devoir régler, barrer, manœuvrer pour tenter de grappiller des milles malgré tout.

Des agrafes au menton et deux lascars aux trousses pour Jean-Pierre Dick

« En manœuvrant hier, j’ai trébuché. Je me suis ouvert le menton sur la filière. Ce n’est pas grave mais il a quand même fallu que je pose des agrafes pour refermer la blessure. Du coup, j’ai trois agrafes dont une dans la joue. Et oui, même en bon véto, ce n’est pas évident de viser avec l’agrafeuse quand le bateau bouge ! » indiquait ce midi le skipper de StMichel-Virbac. Son foiler orange et bleu a pris son envol en milieu de journée grâce à l’arrivée d’une dépression qui le propulse à vivre allure (plus de 20 nœuds) vers le but ultime. Jipé fut le premier à accélérer, mais Yann Eliès et Jean Le Cam vont rapidement prendre le train et la folle course de vitesse va pouvoir commencer… jusqu’à la ligne d’arrivée. Les trois skippers sont attendus mercredi 25 janvier aux Sables d’Olonne. Dans quel ordre ? Mystère et boule de gomme.

Burton sort du Pot de colle, Boissières en pleine forme, Destremau rêve de Horn

Chacun sa route, chacun ses préoccupations, chacun ses objectifs. Englué depuis trois jours dans un Pot au Noir très collant, le skipper de Bureau Vallée a enfin touché les prémices des alizés de l’hémisphère nord en ce début d’après-midi et recommence à glisser à la vitesse de 10 nœuds. Nandor Fa (Spirit of Hungary), quant à lui, semblait très heureux et en pleine forme lors de la vacation anglaise ce midi, avec des conditions de navigation agréables au niveau de la corne du Brésil. Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) et Conrad Colman (Foresight Natural Energy) souffrent au près dans le classique système météo orageux au large du Cabo Frio. Il va leur falloir tirer des bords pendant trois jours avant d’atteindre les vents d’Est… Patience ! Du coup Cali (Arnaud Boissières) se fixe un nouvel objectif en concertation avec son camarade de jeu Fabrice Amedeo : réduire l’écart avec Conrad et Eric.
Nouveau cap Hornier, Romain Attanasio pas loin de Didac Costa (moins de 30 milles), a toujours le sourire malgré le peu de vent qui l’accompagne vers le détroit de Le Maire. Il a assisté à l’amerrissage bruyant d’un albatros, mieux qu’un film comique à la TV !
Enfin, Pieter Heerema et Sébastien Destremau rongent leur frein et trouvent le temps bien long dans le Pacifique Sud. Le Horn, ce sera dans trois jours pour Pieter, et dans une semaine pour Sébastien !

Arnaud Boissières, La Mie Câline

« Avec Fabrice Amedeo, on se fait un match entre nous et on ne s’occupe pas du classement car onze ou douzième cela n’a pas d’importance. On se motive en essayant de se rapprocher de ceux qui sont devant nous, Conrad Colman et Eric Bellion, c’est plus intéressant. Je suis admiratif de ce qu’Éric a fait, j’étais assez proche de lui dans le Pacifique et à un moment, il s’est révélé parce qu’il a pris confiance dans son bateau et il s’est mis à attaquer. »

Sébastien Destremau, TechnoFirst-faceOcean

« Je suis à 200 milles du point Nemo, j’ai mis une petite laine depuis hier soir. Aujourd’hui il y a plusieurs bonnes nouvelles, on est passé ce matin au-dessous des 9000 milles avant l’arrivée aux Sables, ensuite j’ai rattrapé 120 milles sur Pieter Heerema sur les dernières 24 h. Et enfin à Toulon il y a une petite fête avec tous nos partenaires de FaceOcean, un barbecue avec beaucoup de monde, nous allons faire une vidéo et cela me fait plaisir de partager mon Vendée Globe avec eux. »

Jean-Pierre Dick, StMichel-Virbac

« Ça ne va pas être facile, ça va être une petite bataille. Quéguiner-Leucémie Espoir a ré-empanné dans mon intérieur, donc il a décidé de ne pas passer derrière moi mais de rester à l’intérieur. On va voir ce que ça va donner dans les prochains jours. Je devrais avoir un peu plus de vent que lui dans les fronts, ça va être intéressant ! »

Romain Attanasio, Famille Mary-Etamine du Lys

« Je l’attendais tellement ce cap Horn, avec impatience, mon premier en plus, j’étais hyper content hier, je le suis encore, c’est la première fois je crois que je suis content d’être dans la pétole et que je ne râle pas. Je suis complètement arrêté depuis deux heures. Une vraie mer d’huile, donc j’attends que ça rentre. Le passage du détroit de Le Maire, j’espère que ça va aller. J’ai relu les cours de Jean-Yves Bernot, j’espère que le vent va se lever. »

Pieter Heerema, No Way Back

« On avance de nouveau depuis quelques heures, mais jusque là, c’était très, très lent. J’ai été englué dans une zone de calmes derrière la dépression et elle était plus grande que prévue. C’est incroyable, car les prévisions changent après quelques heures. Il y a quelques jours la Direction de Course m’a averti de vents de 45 à 65 nœuds devant moi. J’ai donc ralenti, et maintenant c’est le contraire. Si je ne suis pas assez rapide, je vais être rattrapé par des vents forts. Des dépressions se développent rapidement de tous côtés. »

Source

Agence Mer & Media.

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