La longue route…

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© Sébastien Destremau

67e jour de course… Les sentiments sont ambivalents. Si le bonheur d’être en mer prédomine, les 18 concurrents encore en course trouvent forcément le temps long et ont hâte de toucher terre. Eric Bellion a franchi le cap Horn ce mercredi à 15h49 (heure française). Conrad Colman fera de même dans la nuit et pour le groupe des quatre (Boissières, Amedeo, Roura, Wilson), il faudra patienter jusqu’à ce week-end. Tout en avant de la flotte, au large du Cap-Vert, Armel Le Cléac’h accentue son avance sur Alex Thomson mais la situation reste complexe et l’arrivée des premiers est prévue d’ici huit jours. Au contact depuis le Sud de la Tasmanie, Jean Le Cam et Yann Eliès ne semblent pas disposés à se séparer. Aucun ne lâchera le moindre mille jusqu’à l’arrivée.

Eric Bellion a franchi le cap Horn, Conrad Colman en approche, le groupe des quatre attendu ce week-end

Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) a passé le cap Horn ce mercredi à 15h49 (heure française), et ce après 66 jours, 02 heures et 47 minutes de course. Il est le premier bizuth de ce huitième Vendée Globe à franchir le troisième et dernier grand cap du tour du monde en solo. Les huit concurrents qui le précèdent ont en effet tous au moins une participation à leur actif. C’est la deuxième fois qu’Eric passe le Horn, la première remonte à 2005, en équipage avec des amis sur un petit bateau de croisière de 8 mètres.
Le prochain au Horn sera Conrad Colman (Foresight Natural Energy), lui aussi bizuth de ce Vendée Globe. Il y est attendu la nuit prochaine. Ce sera son troisième passage (après la Global Ocean Race et la Barcelona World Race), mais comme Bellion, le premier en solitaire. « Le cap Horn est forcément un grand moment. Les conditions sont fabuleuses, je suis au portant sous spi, dans un vent de moins de 20 nœuds. J’ai pris quelques bons coups dans les mers du Sud et je suis soulagé de rencontrer de telles conditions pour le Horn », raconte Conrad.
Encore à plus de 1000 milles du but ce soir, Arnaud Boissières (La Mie Câline), Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut), Alan Roura (La Fabrique) et Rich Wilson (Great American IV) atteindront ce cap mythique le week-end prochain. « Nous allons vivre un passage de cap épique avec 35 à 45 nœuds de vent : un vrai grand Sud jusqu’au bout », prévient Alan Roura. « Je pourrai rentrer dans l’Atlantique et faire route vers la maison en étant fier de moi. »
Un bon millier de milles derrière, on trouve l’Espagnol Didac Costa qui résiste bien aux assauts de Romain Attanasio.
« J’aimerais bien gratter Didac mais il avance bien, il s’échappe à chaque fois dans le petit temps », regrette Romain. « C’est embêtant pour moi. Mais je ne me focalise pas là-dessus. Je compte les milles qui me séparent du cap Horn. » Ce cap mythique est décidément dans bien des têtes… Y compris dans celles de Pieter Heerema (No Way Back) et de Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) pour qui la route vers le « rocher » est pourtant encore bien longue : plus de 3000 milles.

Armel creuse l’écart mais la situation reste complexe

9000 milles devant, au large du Cap-Vert, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) accentue son avance sur Alex Thomson (Hugo Boss) de pointage en pointage. Le leader breton, en tête depuis 39 jours consécutifs, peut souffler, mais certainement pas se relâcher. Les modèles météo sont très instables et la situation inhabituelle pour un mois de janvier. Une dépression se déplaçant d’Est en Ouest met un peu le bazar. Les conditions sont orageuses, le vent instable. Il reste donc des coups à jouer pour Alex Thomson d’autant que les routages annoncent une fin de parcours compliquée pour les leaders, attendus aux Sables d’Olonne d’ici huit jours, le jeudi 19 janvier.
Avec la rage de vaincre qui le caractérise, Jérémie Beyou (Maître CoQ) cravache pour gagner des milles. Depuis la sortie du Pot au noir il navigue au près et tient bien la corde pour décrocher une place sur le podium, sur la troisième marche, voire mieux…

Jean Le Cam/Yann Eliès : « Une logique de marquage »

Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) sera le prochain à franchir l’équateur, dans la journée de demain. A priori le Pot au noir ne sera pas trop méchant pour lui. Joints ce jour en vacations, Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) affirment tous deux que la porte semble également s’ouvrir devant leurs étraves. Mais ils restent vigilants…
Jean et Yann ne se quittent plus depuis le Sud de la Tasmanie et il est bien possible que cette lutte dure jusqu’au bout ! Yann Eliès : « En naviguant au contact, on est sur les réglages plus qu’à l’accoutumée. On surveille les performances de l’autre en direct. C’est le côté positif. Le point plus négatif, c’est qu’on s’adapte parfois à la trajectoire de l’adversaire et on choisit des options stratégiques différentes de celles qu’on pourrait prendre en solo. Nous sommes dans une logique de marquage. »
Plus de 1200 milles derrière, la situation est bien différente pour Louis Burton (Bureau Vallée) qui n’a personne à marquer. Mais cela ne l’empêche pas de naviguer de manière très performante, à une remarquable 7e place. On saluera enfin la performance du Hongrois Nandor Fa (Spirit of Hungary) qui, à 63 ans, réalise un superbe Vendée Globe pour sa troisième participation. Il est ce soir 8e, avec plus de 600 milles d’avance sur Eric Bellion.

Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) :

« Soleil, 15 nœuds dans les alizés : je vis de belles journées actuellement. J’ai pu prendre une douche, je dors bien la nuit. Et le duel avec Jean (Le Cam) pimente la fin de course. Je me sens bien en mer. Il faut savoir prendre du plaisir dans ces instants magiques même si ma femme et mes enfants commencent à manquer… »

Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) :

« Ce serait une historie de blaireaux de se rentrer dedans avec Yann (rires) ! Nous faisons très attention, on surveille l’AIS, on s’oblige à ne pas trop dormir. Et si on anticipe un risque de collision, on n’hésite pas à s’appeler. Autrement on ne se parle pas beaucoup avec Yann. Il pense que ma VHF ne marche pas mais je n’en suis pas si sûr. J’essaierai de l’appeler tout à l’heure. »

Conrad Colman (Foresight Natural Energy) :

« Je profite de la fin des mers du Sud. Malgré les moments de terreur et d’angoisse, je suis triste de quitter cet endroit. C’est magique, c’est le bout du monde. Je planifie déjà mon prochain passage. »

Alan Roura (La Fabrique) :

« Après mes soucis techniques d’il y a quelques jours, je suis content d’avoir retrouvé de la vitesse et d’être à l’attaque. C’est sympa de naviguer près de Rich (Wilson) et aussi de Fabrice (Amedeo) et Arnaud (Boissières). Au final, j’aimerais bien me décoller d’eux car naviguer à proximité complique parfois les choses. L’autre jour nous étions à la même vitesse avec Rich. ll y avait une brume à couper au couteau. Nous avons dû changer nos routes pour éviter la collision. »

Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) :

« J’étais à la table à carte en train de regarder un film quand le bateau est parti au tas d’un coup dans un grain. J’ai dû sortir prendre un deuxième ris. Tout ça en sous-vêtements, sous l’eau, en plein hiver… J’ai tout un tas de vêtements trempés au pied de ma table à cartes. Mais je n’ai rien cassé. Et je vais pouvoir reprendre mon film ! Sinon c’était une bonne journée, il faisait beau, ça glissait bien, la mer était dans le bon sens. Ça commençait à ressembler à ce qu’on m’avait vendu du Pacifique. »

Source

Agence Mer & Media.

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