Armel freine… Thomson en profite !

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© Rob Burnett

Nous y sommes. Le Pot au Noir, ce marasme équatorial tant redouté des circumnavigateurs, vient de cueillir le leader de la flotte du 8e Vendée Globe. Armel Le Cléac’h navigue donc entre coups de molle et grains, à 4 nœuds, parfois 15, dans une chaleur étouffante et sous un ciel capricieux. Un no man’s land météorologique, un grand bazar ! Du coup, Alex Thomson se refait la cerise : il a récupéré 80 milles en 24 heures en volant tribord amures à 19,7 nœuds de moyenne… Jérémie Beyou, 3e, accélère lui-aussi. Gageons que les dés vont être relancés dans ce Pot au Noir qui grossit à vue d’œil. L’Atlantique Nord réservera lui-aussi des surprises. Bref, un bon film à suspense se prépare.

« Le Pot au Noir s’étend, j’espère qu’Armel aura des difficultés à le traverser. Ensuite l’Atlantique Nord créera des opportunités, j’en ai bien besoin ! » explique Alex Thomson à 235 milles ce soir de l’impérial Armel Le Cléac’h en tête depuis le 3 décembre. La bagarre n’est donc pas prête de se terminer au vu de l’activité du Pot au Noir bien étalé en latitude comme en longitude. Flashé à 20 nœuds tandis que Banque Populaire VIII affiche péniblement 8 nœuds de moyenne, le Gallois se montre plein d’espoir pour recoller au Breton. Quant à Jérémie Beyou, il a parfaitement maîtrisé sa remontée de l’Atlantique Sud et profite ce soir d’un alizé plus tonique lui permettant d’accélérer. Il est fort à parier que les écarts vont se réduire entre les trois premiers et qu’à la sortie de la Zone de Convergence Intertropicale la régate en tête aura un autre visage, sans compter que les marins et les bateaux accusent le coup après deux mois de mer ! Une véritable course d’endurance se déroule en ce moment…

Le roi Jean défie Sainte-Hélène

« Je suis vraiment impressionné par la performance de Jean (Le Cam), qui a réussi à se remettre dans le bain. Il a démontré une belle prestance. » soulignait hier Jean-Pierre Dick. Le skipper de Finistère Mer Vent affiche en effet une vitesse toujours supérieure à ses camarades de jeu et donne finalement le rythme. Yann Eliès avouait que s’il avait été seul il n’aurait probablement pas poussé son bateau comme il le fait. Les trois Mousquetaires se tiennent en 20 milles, sachant que StMichel-Virbac, avec son décalage à l’Ouest pourrait jouer un bon coup évitant les tentacules de l’anticyclone de Saint Hélène. Pour l’heure, Jean Le Cam est quatrième. Quel match après près de 20 000 milles parcourus ! Dernier concurrent à avoir passé le Horn (mercredi dernier), Louis Burton, 7e, se fait secouer comme un prunier au large de l’Argentine : 45 nœuds non prévus par les fichiers et une nuit entière à manœuvrer ses voiles…

Grand froid dans les mers du Sud

On le sent, les 11 marins du Pacifique Sud (à part Sébastien Destremau au corps-mort en Tasmanie) souffrent du froid et du manque de soleil. Si Romain Attanasio s’est réchauffé avec un bon cassoulet, Fabrice Amedeo ne quitte plus sa grenouillère en polaire et Rich Wilson vit avec un bonnet et trois couches de polaires. Autant dire que les moments où il faut bricoler sur le pont, comme l’a fait Didac Costa pour réparer sa grand-voile, relèvent de la bravoure. Les marins luttent malgré les 5 000 calories avalées par jour. Côté classement, Eric Bellion, 10e, se rapproche de Conrad Colman pénalisé par sa grand-voile qu’il ne peut plus hisser au-delà du troisième ris. Alan Roura, 13e, doit se frotter les mains : il réduit l’écart avec Fabrice Amedeo diablement ralenti dans une dorsale ! « Ca stimule de naviguer avec eux. En ce moment, c’est l’accordéon, mais c’est marrant d’être aussi loin sur le parcours et aussi proches les uns des autres. » racontait ce midi Arnaud Boissières 11e. C’est marrant, mais également rassurant dans ces contrées proches du point Némo, le point de la planète le plus éloigné de toutes terres…

Alex Thomson, Hugo Boss

« Je passe beaucoup de temps à étudier les fichiers de l’Atlantique Nord et comment gérer le Pot au Noir. D’habitude à cette époque de l’année le Pot au Noir est moins actif que lors de la descente, mais on dirait que la route sera longue pour arriver aux Sables d’Olonne. Au cours des prochaines 24 heures, le Pot au Noir s’étendra un peu plus. J’espère qu’Armel aura des difficultés à le traverser et que s’il est ralenti je pourrai réduire l’écart un peu… Après le Pot au Noir dans l’Atlantique Nord, nous serons au près, ce qui est assez inhabituel, mais les fichiers ne sont pas tous d’accord. Il n’est pas évident de trouver le bon chemin à travers ce bazar pour rallier Les Sables d’Olonne. Ce scénario dans l’Atlantique Nord crée des opportunités, et j’en ai besoin pour me rapprocher d’Armel pour viser la tête de la course. Je suis en forme et le bateau n’a pas trop souffert. On a quelques petits soucis, dont un problème avec l’anémomètre, mais à part cela, ce n’est pas si mauvais. »

Arnaud Boissières, La Mie Câline

« Il fait un peu froid. Il n’y a pas beaucoup de vent. C’est assez original parce que je suis au près dans les mers du Sud. Pour l’instant c’est un peu mou. Je surveille le chariot quand je touche à la grand-voile, mais il n’y a aucun souci pour le moment. Ca veut dire que la réparation tient bien. On s’écrit pas mal avec les autres. Ca stimule de naviguer avec eux. En ce moment, c’est l’accordéon, mais c’est marrant d’être aussi loin sur le parcours et aussi proches les uns des autres. Il y a un côté rassurant. »

Sébastien Destremau, TechnoFirst, faceOcean

« La sortie n’est pas large du tout parce qu’il y a des îles qui protègent l’entrée de cette baie. A partir 10h30 je n’ai plus aucune chance de sortir. En sortant tôt le matin comme ça, la brise est tellement volage et aléatoire qu’il y a des trous d’airs, il y a quand même du courant. Je ne veux prendre aucun risque, ça serait complètement débile d’aller foutre le bateau sur les cailloux. Dimanche c’est sûr que je peux partir. Le bateau est tip top nickel. »

Louis Burton, Bureau Vallée

« J’ai 45 nœuds, c’est un peu la galère. C’est beaucoup plus fort que ce qui était annoncé. Pour l’instant, j’arrive à faire la route que je veux car la mer est un peu de travers donc ça ne tape pas trop. L’idée, c’est quand même d’arriver aux Sables. Il y a de la fatigue qui se ressent sur le matériel. Tout va bien mais tu sens que ça fatigue. J’ai deux ris, J3. Si ça monte encore, je prendrai un troisième ris. Ça devrait se calmer se calmer dans 36h. »

Source

Agence Mer & Media.

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