Le prix de l’exploit !

© Pierre Bouras

L’Océan Pacifique n’a pas voulu de Thomas Ruyant ! « Le Souffle du Nord pour Le Projet Imagine » ne verra pas les Sables d’Olonne. Le vol du Colibri jaune, symbole de l’ONG chère à Frédérique Bedos s’est achevé après 44 jours de course et d’aventure dans un petit port du sud de la Nouvelle Zélande, à mi-chemin d’un Tour du Monde tellement rêvé et si bien préparé.

Le coureur de Malo les Bains « s’est fait la peau », comme disent les fondeurs, tout au long des 12 000 milles parcourus. 8ème au moment de sa collision avec un OFNI, il s’est révélé un compétiteur incisif, un gagneur insatiable. Face à l’accumulation d’avaries graves, il a fait étalage de ressources insoupçonnées. Ni le vent, ni la mer, ni l’accumulation des infortunes n’ont pu lui arracher la moindre plainte, le moindre ressentiment. C’est un déchet de notre société de consommation qui sous la forme très probable d’un conteneur, d’une « boite », qui en infligeant d’irréversibles blessures à son Colibri, l’a finalement contrait à abdiquer, non sans avoir, jusqu’au bout, respecté ce métier de marin qu’il exerce avec passion.

En situation de survie absolue, Thomas a ramené son bateau à terre. Maître jusqu’au dernier bord de son destin, il met seul le point final à son aventure. Le Vendée Globe grave sa légende d’édition en édition dans le dépassement et le chagrin des hommes. Thomas s’inscrit, certes à son coeur défendant, au premier rang de ce mythe. Il ne recevra pas l’hommage des Vendéens. Mais son exploit lui vaut ce soir l’admiration silencieuse et le respect muet des amoureux d’histoires de mer, de 180 partenaires et plus de 1000 supporters nordistes dont certains se réunissent ce soir à Lille avec l’équipe terre, pour partager ensemble, coudes serrés, l’arrivée de leur marin à bon port, leur héros « humble ».

Premiers mots de Thomas à terre, sur le ponton du port de Bluff, dans le sud de la Nouvelle-Zélande

« C’est brutal ! Tout s’arrête en un instant. Lorsque je me suis réveillé, projeté par l’impact au fond du bateau, j’ai deviné que c’était très grave. Je n’ai plus pensé qu’à une chose, sauver mon bateau. Dans mon malheur, je me trouvais proche de côtes habitées. Je frissonne en pensant à ce qu’aurait été mon histoire si cela s’était passé en plein Océan Pacifique. Pour la première fois, je me suis réellement senti en danger. En approche de la Nouvelle Zélande, j’ai eu jusqu’à 45 noeuds de vent ! L’eau a envahi le compartiment avant. J’avais le doigt sur ma balise de détresse, et j’étais sur le point de tout déclencher. Passée la pointe sud ouest de la Nouvelle Zélande, la mer et le vent se sont calmés, et j’ai été gratifié d’un couché de soleil extraordinaire sur les montagnes néo zélandaises, rien que pour moi. Je suis depuis partagé entre une immense tristesse, et le soulagement. Je ramène un bateau très sérieusement blessé, mon Vendée Globe est terminé et je ne remonterai pas le chenal des Sables! Mais j’étais bien dans ma course. Jusqu’à l’impact, malgré l’accumulation des problèmes, j’étais en course et je pensais déjà au Pacifique où m’attendaient des conditions plutôt clémentes. Rien ne nous prépare à cela, bien que nous y pensions toujours. L’avarie, l’incident mécanique qui pousse à l’abandon. Quand cela vous arrive, cela vous sonne. On a du mal à y croire. Je suis aussi dans un état de fatigue émotionnelle extrême et cela m’empêche de voir les choses froidement. Je sens la sympathie autour de moi. Mais elle ne change rien à ma réalité. Le Vendée Globe est terminé pour moi. »

Frédérique Bedos :

« Thomas a percuté un de nos déchets, une des conséquences de l’inconséquence de nos sociétés de consommation. Je trouve que c’est tout à fait à l’image de notre combat : un combat pour une prise de conscience globale, un combat pour la responsabilisation de chacun. Si nous ne faisons pas ce travail de transformation, nous nous mettons tous en danger, de manière individuelle et collective.Thomas a vaillamment combattu.

Quelle profonde admiration nous ressentons tous au regard de ce qu’a accompli Thomas ! Il a fait un demi tour du monde absolument incroyable, sans cesse dans le TOP 10 ! C’est extraordinaire. Il a prouvé sa détermination, sa persévérance, son courage et tout cela dans une grande simplicité, une belle humilité. Je peux vous dire que je suis extrêmement fière de ce beau Marin Imagine! Un Marin à la grande noblesse d’âme. Merci Thomas ! »

Source

TB Press

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Informations diverses

Mis à l'eau le: 20 décembre 2016

Matossé sous: 2016-17, Course au Large, IMOCA, Vendée Globe

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