Couloirs de bosses et pistes bleues

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© Gilles Morelle

Alors que Stéphane Le Diraison fait route vers Melbourne après son démâtage survenu hier soir à 700 milles des côtes australiennes, les 21 solitaires encore en course entre l’Indien et le Pacifique Sud, rencontrent des conditions météo très différentes. Même les deux premiers, Armel Le Cléac’h et Alex Thomson, séparés de 440 milles, ne naviguent plus du tout dans les mêmes systèmes. Les routages donnent d’ailleurs deux jours d’écart au cap Horn ! Tandis que le trio Eliès/Dick/Le Cam profite de belles glissades, Thomas Ruyant, 8e, saute des déferlantes, comme Arnaud Boissières et Conrad Colman encore aux prises avec une belle dépression sous le cap Leeuwin.

Le dernier des trois caps qui jalonnent le Vendée Globe se fait toujours désirer. Il marque le moment où les marins poussent le clignotant à gauche, synonyme de retour à la maison. Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) devrait d’ailleurs doubler le Horn samedi 24 décembre au matin… Alex Thomson (Hugo Boss), dimanche 25 au soir. Soit deux jours d’écart entre les leaders incontestés de ce 8e Vendée Globe, qui sont restés trois semaines au coude à coude. Le divorce a eu lieu le 15 décembre… Depuis, chacun suit son chemin dicté par la météo. Ce soir, une dorsale barre la route du Britannique, tandis que le Breton se fait la malle…

Des pistes plus ou moins cabossées

Le Pacifique Sud se montre moins violent que l’Indien pour les 7 premiers. Armel glisse à 15 nœuds sur une piste damée, neige collante pour Alex, et faux-plat pour Paul Meilhat (SMA) et Jérémie Beyou (Maître CoQ) au sud d’une dépression dans une zone de vents capricieux. Yann Eliès (Queguiner-Leucémie Espoir), Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) et Jean Le Cam (Finistère Mer Vent), tout trois distants de 40 milles, filent bon train dans un flux de Nord modéré, de la pure glisse comme sur une belle piste rouge.
Pour Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord pour le Projet Imagine), entre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande, les bosses sont au programme. Le Nordiste doit freiner (grand-voile trois ris) pour ne pas rentrer dans les vents encore plus fort. Une piste dangereuse…

Attention au hors piste !

Arnaud Boissières (La Mie Câline) et Conrad Colman (Foresight Natural Energy) doublent le cap Leeuwin, mais doivent affronter une descente vers le Pacifique le long de la barrière des glaces, autrement dit en limite de hors piste. Le flux de Sud-Ouest soutenu qui dure depuis plus de 24 heures leur demande une attention de tous les instants… Du pilotage !
Bientôt ce sera au tour des deux derniers, Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) et Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) d’être malmenés sur une piste de Kilomètre-Lancé cabossée : une dépression générant des vents de 50 nœuds est en approche !

Messages du bord

Jérémie Beyou (Maître CoQ)

« Mon objectif, c’est d’atteindre le cap Horn en un morceau, quitte à être conservateur dans mes choix de voiles pour pouvoir parer à toute mauvaise surprise. C’est d’autant plus vrai que la situation devant nous est complexe : je butte dans un système dépressionnaire qui avance à la même vitesse que moi. Je ne sais pas trop par où passer. Je devrais être au portant et au final, j’ai passé la journée au près, avec un coup 10 nœuds de vent, un coup 25 nœuds. »

Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean)

« Beaucoup d’actions depuis 4h du mat’. La vache, on n’a pas chômé… Il a fallu stopper le bateau en urgence absolue sinon je pense qu’on perdait le mât !!! Cadène d’amure de J3 arrachée, bout de bastaque bâbord explosé, un chariot de têtière de grand-voile désolidarisé du coupleur. Là, il va falloir faire ce boulot en mode acrobate. Pas envie pour le moment, la grand-voile reste sur le pont après deux heures de boulot pour remettre une bastaque, affaler la grand-voile et renvoyer le J3 seul. On repart à peu près sur la route à faible vitesse mais avec un mât. »

Stéphane Le Diraison (Compagnie du Lit-Ville de Boulogne Billancourt)

« Quand je casse, quand je rate une manœuvre, j’assume. Mais là, c’est dur à digérer. Il y avait 25-26 nœuds de vent, je naviguais prudemment, avec deux ris dans la grand-voile. Et le bateau est parti dans un surf, j’ai entendu un crac, je pensais que c’était un outrigger. Je suis sorti en urgence prendre la barre, et là j’ai vu que je n’avais plus de mât. L’explication, c’est un loop (boucle d’accroche) de bastaque qui a lâché. Le mât s’est brisé en deux morceaux. »

Louis Burton (Bureau Vallée)

« J’ai 20 nœuds d’ouest-nord-ouest. On a eu pas mal de pépins au fur et mesure des milles parcourus, mais pas de gros souci majeur… J’ai réussi a réparer les choses au fur et a mesure, j’ai enchaîné 4 quarts de sommeil de deux heures donc je suis plutôt en forme. Je suis content, j’ai passé la mi-course, c’est fini les conneries, je rentre ! Ca va forcir bientôt, entre Hobart et la Nouvelle-Zélande, dans 300 à 400 milles, il y aura une quinzaine d’heures avec un régime de rafales fortes. Dans 36 heures, ce ne sera pas simple. »

Jean Le Cam (Finistère Mer Vent)

« On est dans le front chaud, on a la chance d’être pile-poil en timing juste en avant de la dépression donc avec de la mer plate, et je vous annonce une grande nouvelle je viens de passer en ouest !
Dans la série des « indisables » j’en ai une belle. Il y a un tuyau qui fait pompe à l’arrière. Pratique, jusque-là tout va bien… Je me rends compte qu’il y avait de la flotte, j’éponge, deux heures après encore de la flotte. Je commence à me dire que j’ai un problème de safran. J’arrive à pomper, à vider. Et en fait j’avais oublié de fermer le robinet ! »

Source

Agence Mer & Media.

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