Entre répit et furie

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© Stephane Le Diraison

En tête, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) et Alex Thomson (Hugo Boss), distants de 334 milles, commencent à sortir de la bulle sans vent qui les empêchait d’avancer depuis 24 heures. Les deux leaders se sont donc offerts un peu de répit dans ce Vendée Globe de brutes qui se déroule depuis le départ des Sables d’Olonne à plus de 17 nœuds de moyenne ! Derrière, plusieurs concurrents continuent de manger leur pain noir. Alan Roura (La Fabrique), Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland) et Rich Wilson (Great American IV) sont terrés à l’intérieur de leurs Imoca arisés et affrontent un gros coup de vent. Ils ne sont pas les seuls à faire le gros dos…

« On commence le mode survie. Il y a beaucoup de vent, beaucoup de mer, le bateau tape. Je suis obligé de garder de la vitesse sinon je vais tout péter. L’Indien, c’est le diable sur mer. » confiait le benjamin du Vendée Globe, Alan Roura, à la vacation de la matinée. Pour la troupe des 7 bateaux au beau milieu de l’océan Indien (de Conrad Colman 12e à Eric Bellion 18e), la vie en mer ressemble à un combat. Une grosse dépression générant des vents de nord jusqu’à 50 nœuds les contraint à naviguer sous voilure réduite (trois ris et J3, tourmentin même pour certains d’entre eux). Pour parer le pire de ce phénomène météo dangereux, Conrad Colman (Foresight Natural Energy) et Arnaud Boissières (La Mie Câline) ont choisi une trajectoire assez nord. « A partir de ce soir, nous allons prendre un bon coup de pieds aux fesses. Mon placement est prudent. Je ne veux pas me retrouver avec 45 nœuds de Nord et 60 dans les rafales en limite de la ZEA qui remonte à la longitude du cap Leeuwin » explique Cali.

Yann Eliès, Jean Le Cam et Jean-Pierre Dick secoués

Chaque manœuvre coûte de l’énergie, chaque petite chose bête du quotidien, comme se faire du café où grignoter un morceau, devient un exploit. Que dire du sommeil ! Les déferlantes résonnent comme des coups de boutoir sur la coque en carbone… Impossible de fermer l’œil, ni de se détendre. C’est ce que vivent en ce moment les trois mousquetaires, qui vont avoir encore 24 à 36 heures difficiles à naviguer sur une grosse mer casse-bateau. Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) dispose d’un meilleur angle pour pouvoir continuer à attaquer. Il le dit lui-même « Je descends avec un meilleur angle que Yann et Jean vers le sud de la Nouvelle-Zélande. Je pense que je serai à égalité avec Quéguiner-Leucémie Espoir et un peu devant Finistère Mer Vent. Mais, le grand bénéficiaire de l’opération sera le Roi Jean ! ».

Du répit pour les deux leaders

Armel Le Cléac’h fut le premier à accélérer dans l’après-midi. De 10 nœuds de vitesse ce matin, le natif de la baie de Morlaix pointe désormais à plus de 19 nœuds, 334 milles devant le Britannique Alex Thomson. Les deux pilotes ont profité de l’accalmie pour récupérer de leur folle cavalcade depuis le 6 novembre dernier. Une courte pause puisqu’Armel est déjà dans le flux de Nord-Ouest de 18 nœuds, tandis qu’Alex peine encore dans des vents erratiques. L’hémorragie de milles devrait donc continuer. Pour les deux marins qui devraient atteindre le cap Horn le jour de Noël, l’heure est désormais à la stratégie, au placement, aux petits coups bien placés sur l’échiquier du Pacifique. Aussi fatiguant pour les nerfs que des surfs à 20 nœuds dans une mer démontée .

Louis Burton, Bureau Vallée

« Je suis passé dans la nuit au cap Leeuwin. J’ai la banane depuis. Les conditions sont ventées mais relativement raisonnables. Il n’y a pas trop de mer. J’ai la pleine lune et les étoiles. J’ai mis un peu de Sud dans ma route. Je suis entre 20 et 30 nœuds au portant. J’aurai deux ou trois empannages à faire avant d’entrer dans le Pacifique. Je vais tâcher de rester Sud pour ne pas ramasser trop de vent. L’Indien est surprenant et fidèle aux légendes que j’avais pu entendre. »

Alan Roura, La Fabrique

« On commence le mode survie. Il y a beaucoup de vent, beaucoup de mer, le bateau tape. Je suis obligé de garder de la vitesse sinon je vais tout péter. L’Indien c’est le diable sur mer. Il faut se battre tous les jours. C’est l’hiver. Pendant trois jours on va encore avoir des conditions extrèmes. C’est difficile mentalement. On a tous enlevé notre cerveau. On est là à essayer de sauver les meubles et notre bateau. C’est assez dur. »

Thomas Ruyant, Le Souffle du Nord pour Le Projet Imagine

« Avant d’entrer dans le Pacifique, il y a une petite transition. Ce fameux goulet entre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande. Elle n’est pas simple, on l’a vu pour les bateaux de devant. Le chemin n’est pas facile à trouver. On sent qu’on est dans le dur du Vendée Globe. Mon bateau est nickel. J’ai pris le temps de bien faire les choses et d’avoir un bateau intègre. Les réparations sont bonnes donc je peux me concentrer sur la marche du bateau, les conditions à venir et la vie à bord. »

Sébastien Destremau, TechnoFirst-faceOcean

« Avec mon copain Romain Attanasio, on est à la lutte depuis deux-trois jours. C’est top. C’est un grand moment cette entrée dans l’Indien. C’est réconfortant d’avoir un bateau à côté. Ce sont des conditions exceptionnelles. On avance sans tirer sur le bateau. Je pourrais mettre plus de voile, être sous grand gennaker, mais non, je continue comme ça, je joue la prudence toujours. Je vis la solitude extrêmement bien. La première fois que j’ai navigué en solitaire, c’était lors de la transat de qualification. Et là, on arrive à 40 jours, ça commence à causer ! »

Nandor Fa, Spirit of Hungary

« Cela a été dur, car il y a beaucoup de grains musclés et rien n’est stable. La mer est énorme et croisée. Il faut que je me précipite dehors tout le temps. Cela fait dix fois que je prends un ris et puis que je le largue de nouveau. C’est du travail jour et nuit. J’ai heurté quelque chose et l’arrière de la quille a été touché et le carénage du bord de fuite a été arraché. Cela ne présente pas un danger, mais l’écoulement ne se fait pas très bien et cela fait du bruit ».

Source

Agence Mer & Media.

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