Une course de dingues !

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© Rob Burnett

Au Sud de la Nouvelle-Zélande, ce sont désormais Paul Meilhat et Jérémie Beyou qui subissent les affres de la violente dépression qui a secoué Jean-Pierre Dick, Yann Eliès et Jean Le Cam – trois marins qui sont à mi-parcours et font leur entrée dans le Pacifique. Dans le même temps, les deux leaders (Armel Le Cléac’h et Alex Thomson) profitent de conditions maniables quoi que complexes d’un point de vue stratégique. Portés par le Britannique Alex Thomson qui est donc toujours dans le match pour jouer la gagne, les sept autres skippers étrangers réalisent de belles performances en deuxième partie de flotte.

« Ambiance fin du monde avant l’apocalypse. C’est gris, on ne distingue pas le jour de la nuit. La crête des vagues fume depuis de nombreuses heures, signe que le vent a dépassé les 35 nœuds. Drôle de sentiment : peur de faire une connerie, de casser un truc et de se faire manger. Et en même temps cette adrénaline d’être là à défier les éléments. Quelle course de dingues, il n’y a qu’au Vendée Globe que tu vis ça ! » Ce message de Jérémie Beyou en dit long sur l’ambiance qui règne à bord de son Maître CoQ, mais aussi sur le SMA de Paul Meilhat, lui aussi pris dans la tempête au Sud de la Nouvelle-Zélande. Des rafales à plus de 60 nœuds sont attendues au passage du front… La prudence est de mise pour ces deux marins qui se disputent la 3e place.

Mi-parcours et entrée dans le Pacifique pour Yann Eliès, Jean Le Cam et Jean-Pierre Dick

Après les moments difficiles qu’il ont passé dans la négociation de cette méchante dépression, Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir), Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) et Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) ont bien mérité une double bonne nouvelle : ce mercredi, ces trois solitaires franchissent la mi-parcours et font leur entrée dans le Pacifique, le plus vaste océan de la planète. Après son inédite escapade dans le détroit de Bass, entre la Tasmanie et l’Australie, Jean-Pierre Dick reprend sa route vers le grand large. Il a perdu du terrain dans l’affaire, mais ne le regrette pas : « Je n’aurais pas supporté de rester sur place à attendre que la tempête passe. Se mettre à la cape comme l’a fait Yann (Eliès) est difficile mentalement. Je préférais tracer ma route », dit-il. La lutte pour la 5e place est en tout cas relancée entre ces trois figures de la course au large.Yann Eliès et Jean Le Cam ne sont pas encore sortis d’affaire. Le vent est encore très fort. Yann raconte naviguer ce soir sous grand-voile avec quatre ris et J3, avec des rafales à plus de 50 noeuds…

« C’est agréable de ne pas être au bord du précipice pour une fois ! »

En tête de la course, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) et Alex Thomson (Hugo Boss) sont bien ralentis dans des conditions poussives. De pointage en pointage, Armel accroît son avance qui se porte à près de 300 milles ce soir. Mais rien n’est joué bien sûr car les milles restant à couvrir sont nombreux et les écueils qui se dressent sur le parcours le sont tout autant. Les prochaines heures ne s’annoncent pas simples car ils vont devoir négocier une zone de vents faibles dans le Sud-Est de la dépression qui est dans leur Nord. « C’est agréable de ne pas être au bord du précipice pour une fois ! », se réjouit Alex Thomson. « L’écart latéral est important avec Armel. Je ne peux pas me battre contre lui en ce moment, je fais ma propre course. Je ne vais pas pouvoir rattraper les milles perdus dans les jours à venir. »

Les skippers internationaux dans le match

Avant cette huitième édition, jamais un Vendée Globe n’avait réuni un plateau aussi international, avec pas moins de quatre continents et dix nationalités représentées. Après 39 jours de course, on ne déplore qu’un seul abandon sur les neuf skippers étrangers au départ. Il s’agit de Kojiro Shiraishi, victime d’un démâtage.
Le mieux classé des skippers non Français est donc le Britannique Alex Thomson qui malgré la casse de l’un de ses foils réalise une formidable performance et reste en lice pour devenir le premier skipper non Français à remporter le Vendée Globe.
Le Hongrois Nandor Fa (Spirit of Hungary) se bat pour une place dans le Top 10 face à Stéphane Le Diraison (Compagnie du Lit-Boulogne-Billancourt). Le premier poursuivant de Nandor n’est autre que le Néo-Zélandais Conrad Colman (Foresight Natural Energy). L’histoire est belle car Fa et Colman ont bouclé la dernière Barcelona World Race, le tour du monde en double, sur le même bateau. Le Kiwi réalise une course remarquable sur son bateau mis à l’eau en 2004, et malgré les nombreux soucis techniques qui émaillent son aventure : « Je suis en bonne compagnie : c’est bon pour le moral de tenir des bateaux comme celui d’Arnaud Boissières (La Mie Câline). »
Respectivement 15e, 16e et 17e, l’Irlandais Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland), le Suisse Alan Roura (La Fabrique) et l’Américain Rich Wilson (Great American IV) nous offrent une belle bagarre internationale. On note la belle performance d’Alan Roura qui s’accroche avec un bateau bien plus vieux que celui de ses concurrents directs.
La course n’est pas simple pour le Néerlandais Pieter Heerema (19e) engagé à bord d’un IMOCA à foils de dernière génération, No Way Back. Malgré la complexité de sa machine, malgré les soucis techniques, Heerema poursuit sa course, à son allure. Son pari de terminer le Vendée Globe est encore d’actualité.
Le dernier concurrent étranger est Espagnol. Il s’agit de Didac Costa (One Planet One Ocean) qui est reparti quatre jours après le reste de la flotte suite à une avarie de ballast. Il est malgré tout parvenu à remonter certains concurrents et regarde encore devant…

 

Alex Thomson (Hugo Boss) :

« Durant les prochains jours, je vais pouvoir faire un peu de bricolage et me reposer. Le rythme a été intense et cela va faire du bien de se détendre. J’ai hâte d’arriver au cap Horn. Ce sera peut-être le 25 ou le 26 décembre : un joli cadeau de Noël ! Et j’ai aussi hâte d’être tribord amures au large de Rio (Alex n’a plus qu’un seul foil, le bâbord, ndr). »

Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) :

« Gérer la tempête, c’est avant tout en sortir, pas faire de la performance. Les erreurs ne pardonnent pas. Jean-Pierre (Dick) frôle la correctionnelle mais il devrait s’en sortir. S’il allume maintenant, il peut faire son retour dans le match. On verra bien, chacun son bazar ! »

Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) :

« En passant dans le détroit de Bass, j’ai senti une odeur terrestre sympathique après toutes ces semaines en course. C’était incroyable de voir un hélicoptère débarquer pour faire des images. C’était un moment chargé d’émotion. Quand vous n’avez vu personne depuis longtemps, retrouver la civilisation fait quelque chose…
Car nous sommes en quelque sorte des hommes de Neandertal qui restent dans leur grotte. »

Conrad Colman (Foresight Natural Energy) :

« Je sens que je suis dans le plat principal du Vendée Globe. Il fait très froid mais les conditions sont merveilleuses. Les nuits sont fabuleuses avec une lune très claire. Les problèmes techniques ne m’empêchent pas de prendre du plaisir. Le Vendée Globe est bien vu auprès du grand public en Nouvelle-Zélande. Je suis le premier Kiwi à y participer mais il est certain que je ne serai pas le dernier. La Nouvelle-Zélande est un petit pays qui a une grande culture du sport, principalement le rugby. Un de mes objectifs en participant à cette course est bien d’emmener le public avec moi. »

Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland) :

« Les derniers jours étaient compliqués. Je viens de passer les Kerguelen. Je n’imagine pas combien la navigation devait être difficile quand les marins français ont découvert ces îles… J’ai dû monter dans le mât hier pour résoudre des problèmes avec une drisse. J’avais peur. Mais il fallait régler ce souci avant la bonne dépression qui arrive. J’ai fait l’ascension dans vingt nœuds de vent et sur mer forte. C’était épuisant physiquement et exigeant psychologiquement. J’ai mis plusieurs heures à m’en remettre. »

Source

Agence Mer & Media.

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