Encore 17 000 milles de régate planétaire !

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© Jean-Marie Liot

Il en reste du chemin à parcourir alors que le trio Thomson/Le Cléac’h/Josse mène la danse, et que le catalan Didac Costa ferme la marche du 8e Vendée Globe à 3 700 milles ! Et il reste encore des places à prendre… ou à perdre. L’entame dans les mers du sud promet du suspense pour les leaders qui devraient bientôt rentrer dans une zone de vents faibles et perturbés. Tandis que l’Atlantique Sud n’en finit par pour les 15 derniers qui régatent à couteaux tirés dans une météo ronchon et capricieuse. Vous l’aurez compris, en ce 20e jour de course, le suspense reste entier, c’est à la fois stressant et motivant pour les 26 marins en course.

Vivement le Grand Sud !

Ils sont quinze à ronger leur frein. Quinze marins à subir les caprices du vent et à se dire que l’écart avec la tête de flotte devient complètement fou ! « Je n’ai jamais vu ça sur mes précédents Vendée Globe, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. C’était dur il y a deux jours, ça va mieux aujourd’hui, mais nous ne sommes pas encore dans le Grand Sud, on va même avoir du près ! J’ai vraiment hâte de doubler Bonne Espérance… » confiait Arnaud Boissières (La Mie Câline) cet après-midi à la vacation. N’empêche, la régate est belle. Louis Burton (Bureau Vallée), 11e à 2 600 milles d’Alex Thomson, mène la troupe avec une trajectoire tendue, et visiblement se préparait tout à l’heure à changer de bord donc à charger le matériel de l’autre côté : « Rappelez-moi, car je suis en pleine manœuvre ! » nous indiquait-il tout à l’heure. Une régate planétaire grandiose se joue en ce moment et un certain Conrad Colman n’en revient pas d’être si bien placé. « Je suis super heureux, je joue avec des bateaux beaucoup plus récents que le mien (qui date de 2005), je me bats avec Nando Fa (Spirit of Hungary) et Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut). Si on m’avait dit ça avant de partir, je ne l’aurais pas cru… » avouait-il tout sourire ce matin par téléphone satellite. Les coups stratégiques vont fuser maintenant dans ce groupe qui ne cache pas son envie de rejoindre le cap de Bonne Espérance le plus rapidement possible.

Quatre oiseaux blessés bientôt à bon port

L’Initiatives-Cœur de Tanguy de Lamotte est attendu dans le chenal des Sables d’Olonne ce lundi après-midi après 13 jours de mer difficiles depuis son escale au cap Vert. Un retour forcé pour cause de grosse avarie de tête de mât qui aura cependant permis de sauver 30 enfants ! Bertrand de Broc, lui, a quitté l’archipel de Fernando de Noronha hier soir, jeudi. Le skipper aidé de Marc Guillemot, son chef de projet, a doublé l’Equateur, cap sur la Bretagne, sans passer par La Martinique, escale qu’il avait envisagé au moment de son abandon, le 19 novembre. Enfin, Vincent Riou (PRB) et Morgan Lagravière (Safran) font route vers le port de Cape Town en Afrique du Sud, distant de 400 milles pour le premier, et de 200 milles pour second.

 

Marc Guillemot, chef de projet MACSF

« Nous ne sommes plus très loin de l’équateur, nous avons décidé de ne pas faire d’escale. On va faire route directement sur la Bretagne ou la Vendée, on ne s’arrête pas en Martinique. Ça a bien bossé, on va pouvoir continuer je pense. On est partis hier soir du mouillage, vers 17-18h. L’objectif, c’est de revenir en Vendée ou en Bretagne : on gagne du temps et de l’argent. Ça sera plus simple pour tout le monde. Les dégâts ne sont pas dramatiques visuellement, on a enlevé ce qui pouvait vibrer sous la coque, on espère que c’était ça. Ce n’était pas facile de plonger. Pour le moment ça ne fait pas de bruit. »

Alex Thomson, Hugo Boss

« Je n’ai aucune idée quel jour nous sommes, mais c’est une belle journée dans les mers du Sud et il y a du soleil. Pendant la nuit, j’étais assez lent à cause d’un front faible qui est passé, et cela explique pourquoi Banque Populaire a réduit l’écart, mais maintenant, j’ai du vent. Cela va être délicat au cours des jours à venir. C’est comme enfiler du fil dans une aiguille. Il faut que je reste dans la veine de vent sans m’approcher trop de la Zone d’Exclusion Antarctique. C’est pour cela que je me suis positionné un peu plus au nord. Je suis tribord amures, ce qui veut dire que le foil est descendu, ce qui est fantastique. Je suis content d’être de nouveau sur mon foil. J’ai regardé le petit bout qui sort du côté. Cela a l’air misérable. Je ne sais pas quand je vais pouvoir le couper, mais à un moment il va falloir que je le fasse. Mais pour le moment, le soleil est de retour et il y a du vent. Je progresse à 20 nœuds et il est l’heure d’être rapide. »

Conrad Colman, Firesight Natural Energy

« Tout va très bien ce matin. Actuellement les conditions sont sympathiques. J’ai 17 nœuds de vent, je suis en train de glisser sous grand-spi, j’ai la grand-voile aussi. Il y a de la bagarre autour de moi et en connaissant les bonhommes, je suis bien content d’être ici puisque j’ai le bateau qui est le plus vieux. Je suis dans ce groupe grâce à ma motivation et je vais tout faire pour y rester. Ce week-end ça risque d’être compliqué. On n’aura pas les mêmes conditions que les leaders dans l’Atlantique. On n’a pas la même trace. On a lutté pour chaque centimètre. On a bataillé avec les rafales, les nuages et les molles. Je suis monté deux fois au mât pour changer le point d’accroche en tête de mât. Il est super important car cette drisse sert à hisser quatre voiles. J’ai tout fait pour sécuriser. J’ai des bleus sur les bras et les jambes. Mais sinon je suis content des conditions sur le bateau et je suis prêt pour la suite. »

Jean-Pierre Dick, StMichel-Virbac

« Tout va bien. Une nuit assez chargée avec des vents qui montent qui changent de direction. C’était assez fatiguant. Ce matin ça a diminué mais ça va remonter rapidement. Beaucoup d’actions, mais peu de soleil. Le ciel est vraiment gris, voire noir dans certains grains. J’ai inspecté mon bateau autant que faire se peut. Tout me semble en place, malheureusement on ne peut pas tout déceler. Ça va être un des intérêts d’aujourd’hui de faire ça. Le problème, c’est que le vent évolue. On devrait empanner quelques centaines de milles avant Bonne Espérance. Après on va partir dans le grand Sud avec du vent de Sud-Ouest. Je suis dans l’optique de ne pas lâcher sur la vitesse et de rester en course. Il y a eu des abandons, dont on ne peut jamais se réjouir mais qui améliorent le classement. Je veux recoller. On ne peut pas dire que je suis complétement pépère. J’essaye d’attaquer. »

Yann Eliès, Queguiner-Leucémie Espoir

« D’un point de vue cartésien, quand on regarde les chiffres, je suis à plus de 1000 milles des premiers. L’aspect comptable des choses n’est pas très bon. Après les premiers abandons, je suis sixième. Je reviens un peu. J’aimerai rejoindre mes petits copains et jouer une place dans les cinq premiers. J’ai fait une croix sur les premières places. Les foilers sont capables d’accélérations fulgurantes que je ne peux pas tenir. Je vais mener ma barque tranquillement jusqu’à l’arrivée. Sans trop martyriser ma machine. Le chemin est encore long. On sait que sur une Vendée Globe, il faut aller vite, mais il faut finir. J’ai resserré deux-trois vis. J’ai regardé le gréement. On va rentrer dans un tunnel et rester de longues semaines cloîtrés à l’intérieur puisqu’il va faire froid et humide. J’ai sorti les voiles de brise : le petit gennaker, la trinquette de brise. J’ai reculé les poids de tout ce qui était à bord. J’ai laissé à disposition les boites à outils pour être prêt à bricoler en urgence. J’ai sorti les sacs avec les bonnets, les polaires, les gants. Je vais sortir au fur et à mesure le matériel pour le grand Sud. Je sais en mon fort intérieur que le Vendée Globe peut accoucher de tout. »

Romain Attanasio, Famille Mary – Etamine du Lys

« Les conditions sont bonnes depuis quelques jours. Je fais le Vendée Globe donc je suis content. Le bateau va bien. Je n’ai rien cassé. Moi ça va aussi. Il fait juste très chaud. J’ai commencé à matosser pour l’empannage de tout à l’heure, j’ai pris une suée en une demie heure. Mais sinon les conditions sont super. Les nuits sont agréables, très claires, c’est incroyable. On voit très bien les étoiles. On a aussi eu la lune incroyable la semaine dernière. C’est le feu d’artifice tous les soirs. Les mers du Sud, c’est le gros morceau. C’est long à venir parce qu’il y a toute la traversée de l’Atlantique Sud. Il y a peu de vent. J’essaye de naviguer calmement, de préserver le bateau. Des fois je me dis même « Romain c’est quand même une course, active toi ». Je ne veux pas prendre de risque. Pour l’instant ça s’est bien enchaîné. J’ai doublé Eric (Bellion) il y a deux jours. Il n’a pas eu de bol, il est tombé dans une zone sans vent. Les mers du Sud ça sera dans huit jours. »

Message du bord de Kito de Pavant, Bastide Otio

« Allo la terre…. Ça se rafraichit par ici (30° Sud). J’ai ressorti un assortiment de polaires de différentes épaisseurs, merci Marinepool, propres et sèches parce que emballées sous vide. Et mis dans un sac les tenues d’été qui commençaient à être franchement « rougnées »… Je ne suis quasiment pas sorti dehors cette nuit. Pourtant, il fait beau avec un ciel bien étoilé mais ce sont des tonnes d’eau salée qui déferlent sur le pont. Le bateau est bien équilibré au reaching et ça va vite, pas assez à mon goût, car je pensais qu’il y aurait plus de vent et du coup, je suis un peu sous-toilé, enfin, ça dépend des moments… et surtout je ne voudrais surtout pas que la dépression argentine ne passe sous mon nez sans me prendre dans ses bagages… C’est assez incroyable la perf que viennent de réaliser les leaders de ce VG, 17 jours à Bonne-Espérance !!! Il m’en faudra au moins 7 de plus… Bien désolé aussi pour Morgan et l’équipe Safran qui, décidément, manque de réussite sur cette course… J’ai eu également des nouvelles d’Alan, le p’tit Suisse, qui m’a envoyé un mail. C’est cool de sa part et je suis content que tout se passe bien pour lui, en tout cas, c’est comme ça que je l’ai ressenti… »

Source

Agence Mer & Media.

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