Au tour du Pot

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© Fabrice Amedeo

Le passage des îles du Cap-Vert a redistribué les cartes en tête de la flotte et Alex Thomson a confirmé son ascendant en prenant le commandement après avoir traversé l’archipel dans la nuit. Désormais la problématique est de trouver le bon point d’impact pour entrer dans le Pot-au-Noir. Et si le Japonais Kojiro Shiraishi et Jean-Pierre Dick ont été légèrement ralentis par leurs avaries, pour Tanguy de Lamotte l’heure est au bilan et à la résolution de son problème de tête de mât cassé : il fait route à petite allure vers Mindelo

L’archipel du Cap-Vert a quelque peu bouleversé la donne en tête de course : en coupant le fromage entre les îles de Santo Antão et Santo Vicente (où se trouve le port de Mindelo), Alex Thomson (Hugo Boss) réalise un superbe coup tactique car il n’a pas été vraiment ralenti par les reliefs volcaniques. Alors que Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII), Morgan Lagravière (Safran) et Paul Meilhat (SMA) ont dû effectuer un double empannage pour passer dans l’Ouest des îles. Quant à Vincent Riou (PRB), il avait bien anticipé sa trajectoire pour déborder l’obstacle à une quarantaine de milles à l’Ouest, suivi comme son ombre par Jérémie Beyou (Maître CoQ) et accompagné encore plus au large par Sébastien Josse (Edmond de Rothschild). Les sept leaders sont encore très proches les uns des autres avec plus de cent milles de marge sur leur poursuivants direct, Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) qui a aussi dû effectuer un petit recadrage à l’Ouest.

Autour du Pot

Désormais, l’objectif est d’aller vite dans des alizés qui commencent à faiblir progressivement puisque le dévent des îles n’est plus un problème. Le Britannique arrive à bien glisser pour réduire son écart latéral d’une trentaine de milles sur Vincent Riou et Armel Le Cléac’h qui naviguent à vue. Et en ce petit matin, le Gallois est toujours parmi les plus rapides tout en se replaçant devant ses concurrents : il navigue plus bas (cap 208°) quand ses poursuivants semblent obliger de lofer plus (cap 178°) ce qui est de bon augure pour la suite… Car il faut maintenant gagner dans l’Ouest pour rester dans la bonne veine de vent : dès le 10°N, les alizés vont décroître à une douzaine de nœuds en prenant heureusement une composante plus Est, mais à l’heure actuelle, il faudrait plutôt passer du côté du 29°W pour ne pas être trop ralenti dans le Pot-au-Noir.

Or ces deux degrés de longitude à grappiller au fil de la descente vers le Sud, ne sont pas aisés à prendre : il y a de la manœuvre dans l’air ! Et c’est probablement la phase la plus importante qui se joue entre ces leaders : le véritable Pot-au-Noir, cette Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) où les calmes alternent avec les grains, semble s’étendre entre le 5°N et le 2°N, soit sur environ 150 milles où la brise ne dépassera que rarement les 5 nœuds… Il y a donc approximativement 500 milles à parcourir dans un vent mollissant avant d’entrer dans le vif du sujet ! Les prémices du Pot sont donc attendus demain lundi en début d’après-midi pour les premiers. Or une entrée de jour est toujours un peu plus facile à négocier et quelques heures de décalage peuvent rapidement se transformer en plusieurs dizaines de milles de retard en plus.

Enfin au cœur du peloton, le Japonais Kojiro Shiraishi (Spirit of Yukoh) a signalé la fin de l’une de ses voiles d’avant totalement explosée lors d’un départ au tas tandis que Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) a connu une avarie d’enrouleur : ils ne semblent pas trop handicapé pour l’instant avec des alizés encore soutenus entre Madère et le Cap-Vert.

Ils ont dit

Tanguy de Lamotte (Initiatives-Cœur) :

« J’étais en navigation « normale » depuis 24 heures sous Code 0 et grand-voile haute : tout à coup, la tête de mât a lâché. Je ne trouve pas d’explications mécaniques depuis que j’ai récupéré la pièce pour tenter de comprendre. J’ai dû affaler la grand-voile complétement et la voile d’avant est passée à l’eau et a chaluté. Comme elle tirait fort sur le mât, j’ai dû la libérer mais elle s’est prise dans le voile de quille. Je la traîne et donc j’avance lentement : j’ai déroulé une autre voile d’avant au capelage et je suis allé récupérer la tête de mât qui était dans les airs, suspendu par la drisse. J’ai donc le petit tronçon cassé dans les mains avec les aériens électroniques, l’antenne VHF… Tous les éléments sont là : c’est la partie carbone du tube qui a explosé.
Je me dirige vers Saint-Vincent sous J-2. Je n’ai pas pu plonger pour libérer la quille parce qu’il y a trop de mer : il faut donc que je rallie un mouillage. Je suis à 150 milles du Cap-Vert et il y a une baie à Mindelo où je peux m’arrêter : je pourrais extraire la voile de la quille et grimper dans le mât pour effectuer des réparations. Je pourrais alors hisser de nouveau la grand-voile, même si je devrais prendre un ris en permanence et que je ne pourrais pas utiliser les voiles d’avant en tête (Code 0, grand spi, grand gennaker). Je pourrais naviguer, mais avec moins de toile.
Je ne prendrais pas de risques et il me faut d’abord expertiser tout ça avant de repartir. Je ne connais pas Mindelo mais j’ai une personne de mon équipe qui s’est déjà arrêté là-bas lors d’une course : il m’a indiqué qu’il y avait une baie bien protégée avec des mouillages et même des bouées. J’avance à sept nœuds environ et j’essaye d’arriver avant la nuit prochaine : je ne prendrais pas de risques car je dois arriver de jour pour faire la manœuvre. »

Stéphane Le Diraison (La Compagnie du Lit-Boulogne Billancourt) :

« La nuit est belle, il y a une jolie lune avec quelques nuages et on a encore de bons alizés à 23 nœuds : ça permet d’avancer vite dans une mer un peu agitée sous gennaker de capelage depuis Madère et grand-voile haute ou avec un ou deux ris selon le vent. Je suis content de mon bateau mais je manque encore de confrontation avec les autres monocoques IMOCA parce que c’est ma première course face à mes concurrents. J’essaye de combler mon déficit de vitesse du début de course en tentant de nouveaux réglages avec ou sans ballasts… Je commence à être rapide et en ce moment, je suis à 18 nœuds. Je fais partie d’un groupe qui a à peu près le même potentiel et l’idée est de ne pas me faire décrocher de Louis (Burton) et Bertrand (de Broc) pour continuer à jouer avec eux. J’ai vu les trajectoires des leaders qui vont extrêmement vite : ils sont sur une autre planète ! Il va falloir que je gère le passage de l’archipel du Cap-Vert que je dois atteindre dans 24 heures environ : j’ai vu que Alex (Thomson) est passé à l’intérieur et ça à l’air pas mal. J’ai vu aussi que le vent mollit un peu en atterrissant et si je peux prendre de l’Ouest ces prochaines heures, c’est mieux. Si je peux passer comme Vincent (Riou) à une trentaine de milles dans l’Ouest, ce sera bien… Mais on aura moins de vent que les premiers. »

Source

Agence Mer & Media.

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