Le jour d’après

© Pierre Bouras

La dorsale passée, la tête de flotte et une grande partie du peloton a empanné pour viser l’entrée du Pot-au-Noir plus ou moins dans le sillage du leader Armel Le Cléac’h. Les alizés sont désormais au rendez-vous avec une douzaine de nœuds de Nord-Est à Est et la grande descente vers l’équateur va accélérer le rythme…

C’est donc au cœur de la nuit que les solitaires se succèdent pour manœuvrer au large de Madère puisque la plupart a choisi de s’écarter de l’archipel mercredi soir afin de ne pas subir les perturbations des îles. D’ailleurs Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) qui fut le premier à enclencher l’empannage, l’a réalisé à une soixantaine de milles des reliefs volcaniques, ce qui lui permet de glisser dans une douzaine de nœuds de secteur Nord-Est.

Mais toute la flotte n’a pas fait le même choix : Pieter Hereema (No Way Back) et Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland) à 400 milles plus à l’Est continuent leur chemin avec l’intention de passer entre Madère et les Canaries… Et d’autres solitaires ont aussi changé leur fusil d’épaule lorsque la dorsale a été franchie et que la brise s’installait au secteur Nord-Est : ils ont préféré prendre du Sud plutôt que de se décaler très au large comme les leaders à l’image de Conrad Colman (Foresight Natural Energy) ou de Kojiro Shiraishi (Spirit of Yukoh).

Coup d’accélérateur

Sous spinnaker et grand-voile haute, les conditions météorologiques sont ce jeudi matin très paisibles avec une douzaine de nœuds pour les premiers, parfois un peu moins pour le peloton et encore un peu moins pour Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) qui pointe son étrave du côté du cap Saint-Vincent. Désormais ceux qui ont empanné au large de Madère vont glisser directement vers le Pot-au-Noir situé dans le Sud des îles cap-verdiennes, en un seul bord.

Les alizés sont au rendez-vous et devraient prendre du coffre au fil des heures, passant d’une douzaine de nœuds à plus de vingt : il faudra donc manœuvrer pour affaler le spinnaker de plus de 400 m2 et passer sous gennaker… Et pour les foilers, sortir cet appendice pour attaquer et faire grimper les vitesses au-delà de vingt-cinq nœuds. Ces deux prochains jours s’annoncent donc de plus en plus toniques avant d’aborder le Pot-au-Noir et chaque solitaire va commencer à se pencher sur la façon d’entrer dans cette Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) qui peut redistribuer les cartes.

Mais d’ici là, c’est encore une grande dispersion sur le plan d’eau : Armel Le Cléac’h fut donc le premier à enclencher l’empannage vers 23h00 mercredi, suivi quelques minutes plus tard par Vincent Riou (PRB) et Paul Meilhat (SMA), puis Seb Josse (Edmond de Rothschild) et Jérémie Beyou (Maître CoQ), enfin par Morgan Lagravière (Safran), Alex Thomson (Hugo Boss) et Yann Éliès (Quéguiner-Leucémie Espoir). Tous sont à une soixantaine de milles dans le Nord-Ouest de Madère et vont chercher à s’en éloigner encore un peu avec une route Sud-Sud Ouest. Actuellement sur le 19°W, ils doivent glisser progressivement vers le 28°W pour aborder le Pot-au-Noir.

Enfin aux Sables d’Olonne, Didac Costa (One Planet-One Ocean) a désormais un bateau prêt et opérationnel après le changement de son circuit électrique et la réparation de sa connexion de ballast. L’Espagnol avait dû patienter en raison du coup de vent qui balayait le golfe de Gascogne mercredi, mais il pourrait reprendre la mer dès ce jeudi midi grâce à des conditions de mer et de vent moins rudes et une marée haute à la mi-journée. Bonne route !

Ils ont dit

Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) :

« C’est une superbe nuit : pas de grain, mer plate, petite brise… La descente vers le Pot-au-Noir commence ! Je suis au large de Madère que je devrais passer vers midi. Nous sommes dans des alizés qui vont se renforcer gentiment : dans trois jours, nous sommes aux Cap-Vert. Je navigue sous grand-voile haute et spinnaker, mais on ne va pas assez vite pour mettre le foil : il va falloir que le vent rentre plus pour que je puisse l’utiliser en attaquant. Pour l’instant, il faut glisser vers le Sud mais avec dix nœuds de vent actuellement, c’est paisible et j’en profite pour me reposer. Parce qu’il va bientôt falloir manœuvrer pour changer de voile d’avant ! Passé du spi au grand gennaker, ça te donne un coup de bambou… »

Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) :

« Je suis à la latitude du cap Saint-Vincent : c’est une belle nuit. J’y vais doucement, à mon rythme : je m’occupe de mon petit bateau parce qu’il y a encore quelques petits détails de finition, des ajustages à faire. Car c’est une mobylette : je me demande ce que je vais faire quand j’aurais terminé mes petits bricolages… Pour l’instant, je suis encore dans la dorsale avec peu de vent, une dizaine de nœuds et je marche à sept nœuds dans un ciel qui se dégage : la température monte et c’est sympa. On attaque les quinze jours de rêve du Vendée Globe ! Je devrais empanner du côté de Madère et je fais ma route sans m’occuper des autres… »

Kito de Pavant (Bastide-Otio) :

« Je suis dans le sillage de Jean Le Cam et d’Alex Thomson : la nuit est magnifique, je suis sous spi et c’est vraiment sympa ! J’ai pu dormir et j’essaye de me remettre de la crève que j’ai attrapée avant de partir des Sables d’Olonne. J’attend d’être plus à l’Ouest avant d’empanner : j’ai encore la journée en tribord amure pour déborder Madère afin de me dégager de toutes les îles. Le vent varie de dix à quinze nœuds mais c’est beaucoup plus tranquille que le premier jour de mer… J’ai pu dormir trois fois une heure, ce qui n’est pas habituel ! »

LE CLASSEMENT DE 5H00

  1. BANQUE POPULAIRE (ARMEL LE CLEAC’H)
    Distance de l’arrivée : 23366nm
  2. PRB (VINCENT RIOU)
    Distance du premier : 10,5nm
  3. SMA (PAUL MEILHAT)
    Distance du premier : 25,78nm

Source

Agence Mer & Media.

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