Place au spectacle !

© Rolex / Carlo Borlenghi

Avec la si attendue entrée en lice aujourd’hui des 120 voiliers Classiques engagés, les Voiles de Saint-Tropez 2016 tiennent plus que jamais leurs belles promesses de spectacle éblouissant à tous les azimuts du golfe. L’installation d’un léger vent d’est a permis aux belles voiles classiques de parader à l’ombre de la Cité du Bailli, tandis que voiliers Modernes et géants Wally languissaient au large de Pampelonne. Dès la mi-journée, chaque groupe en lice se voyait proposer à courts intervalles un départ, sur un parcours étudié pour leur offrir toutes les allures de navigation dans l’écrin éclaboussé de lumière du golfe. Du grand spectacle, mais aussi du sport de très haut niveau, tant les petits airs exigent des marins, plus qu’à toute autre condition, sens de l’anticipation, habilité aux réglages et subtilité à la barre.

Avantage golfe

Il fallait, comme ce fut le cas pour la flotte des voiliers Classiques, naviguer dans le golfe aujourd’hui pour bénéficier des faveurs d’Eole. Des procédures de départ ont ainsi pu être lancées sans coups férir dès la mi journée pour les 10 groupes en lice, et permettre le déroulement de la première manche du Trophée Rolex pour les « Grands Traditions ». Dans un petit flux stabilisé à l’est, les jolis classiques Marconi et auriques ont cinglé vers le large dans une grande sarabande de virements de bords et de spectaculaires croisements, avant de se faire rattraper en bordure du golfe par le calme plat qui sévissait entre Cavalaire et Saint Raphael. Une réduction de parcours décidée à hauteur de la Sèche à Huile permettait néanmoins d’établir pour chaque classe un ordre de passage, tenant lieu d’arrivée.

Les Wally parvenaient eux aussi à valider une course sur un parcours construit rendu d’autant plus technique que le vent se faisait irrégulier en force comme en direction. Les voiliers Modernes auront en définitive été les moins gâtés de la journée. Après plusieurs tentatives infructueuses, la direction de course devait se rendre à l’évidence : sans la coopération un tant soit peu active d’Eole, pas de joute nautique aujourd’hui pour les cinq groupes IRC en compétition.

15 m JI ; Mariska envers et contre tout

Petit temps, départ en queue de flotte pour les 15 m JI, embouteillage aux marques de passage… Mariska s’est jouée de toutes les difficultés du jour pour inscrire sa première victoire de manche dans ces Voiles de Saint-Tropez déterminantes pour l’attribution du championnat annuel des 15 m JI.

Les véloces

Ils brillent de mille feux sur tous les plans d’eau de la planète yachting depuis des décennies. Gréés Marconi ou auriques, ils sont une poignée de yachts classiques portant les plus illustres signatures de l’architecture navale à continuer d’empiler année après années tous les Trophées les plus prestigieux. On identifie ainsi au départ de cette nouvelle édition des Voiles quelques uns de ces boulimiques de victoires. Et s’il est impossible de les citer tous, on gardera un regard attentif tout au long de la semaine sur les performances de fameux « racers » comme Jour de Fête (Q boat Paine 1930), déjà couronné aux Voiles, Rowdy le multi récidiviste, (New York 40 1916 Herreshoff), à la bagarre avec l’autre NY 40 Chinook (Herreshoff 1916), Eva, (Fife 1906), Ikra, l’historique 12 m J signé Boyd (1964), Olympian (P Class Gardner 1913), Halloween (Fife 1926), Moonbeam IV (Fife 1914)…

Le saviez vous?

Le groupe dit « Invités » rassemble aux Voiles des yachts classiques exceptionnels de moins de 11 mètres sans distinction de type de gréement, Marconi ou auriques. On retrouve ainsi dans ce très élégant groupe Alcyon 1871 (Houari-Vaton 2013), Dainty (Westmacott 1922) ou Djinn (Annemans 1934).

Quelques chiffres…

  • Le plus petit : Dainty 8,12 m (Westmacott 1922)
  • Le plus long : Elena of London (Herreshoff 2009) 55 m LOA – Wally BETTER PLACE 55 m.
  • Le plus ancien : Marigold 1892 (Nicholson)
  • Le plus récent : Better Place – Galateia 2015
  • Le pus grand tirant d’air : 45 mètres Cambria (Fife 1928)
  • Le plus toilé : 1300 m2 Elena of London (Herreshoff 2009)
  • Le plus large : 8,11 m Elena of London (Herreshoff 2009)
  • L’équipage le plus nombreux : Moonbeam IV et Elena of London, 30 personnes et plus…
  • L’équipage le moins nombreux : Dainty, 3 personnes

Un vainqueur du Vendée Globe aux Voiles

Alain Gautier, vainqueur du Vendée Globe 1989, est un inconditionnel des Voiles, dont il a connu la genèse avec la Nioulargue dès les années 83-84. « On a navigué ici en multicoques, avec Loïck Peyron et François Boucher… » précise le récent deuxième de la Transat Québec Saint-Malo. Amoureux de la mer et de tout ce qui navigue, Alain se nourrit avec un appétit non dissimulé des innombrables trésors proposés sur le plan d’eau Tropézien. Il assure la fonction de tacticien à bord de Nomad IV, le maxi Finot-Conq (30 m) lancé voici 3 ans. « Quand on aime naviguer, Les Voiles sont « The place to be » raconte t’il avec passion ; « Des Wally aux Classiques, toutes les unités sont fascinantes à découvrir, à quai et sous voiles. Je vis avec mon temps et la modernité m’intéresse. Mais j’admire les hommes qui, par passion pure, consacrent temps et argent à faire vivre et revivre des bateaux parfois centenaires. On croise aussi ici à Saint-Tropez des amis de 20 ans, venus de tous les horizons de la voile internationale, mes collègues d’Alinghi par exemple, ou l’équipage de Talés II, qui a tout gagné cette année en Class40… Si je devais en choisir un ? choix cornélien! Je crois que j’aimerais pour moi même un petit Tofinou… »

Yacht Extra-ordinaire

Marga

Nouveau venu aux Voiles, Marga est un élégant cotre de la Classe des 10mJI fraichement sorti de restauration. Lancé en 1910 aux chantiers Halstholm à Stockholm, il est le fruit du travail de l’architecte suédois CO Liljegren. Marga a participé aux Jeux Olympiques de 1912 en Suède, se classant 4ème. De forme agressive pour un 10 Metre, Marga présente les caractéristiques d’un pur voilier de course, avec un plan de voilure très étudié. Il ne dispose d’aucun winch à bord, toutes les manœuvres se réalisant à la force des bras. Son refitting a été préalablement fait l’objet de longs travaux d’étude et de recherche.

Son créateur, C.O. Liljegren, s’est d’abord consacré à la conception de bateaux de course très compétitifs, tout comme d’autres Suédois, Benzon, Abrhamson, Plym. Puis il se tourne vers la recherche et les études théoriques d’ingénierie maritime et l’architecture. Sa conception des bateaux de plaisance était très large, avecapparemment plus de 200 coques à son actif. Ce designer, presque inconnu dans la Méditerranée, a été l’un des grands noms de voile en Scandinavie. En Suède, entre 1910 et 1915, trois bateaux nommés Marga ont été construits, tous appartenant à la classe des 10mJI (Jauge internationale), conçus par des architectes différents et construits par différents chantiers. Des investigations ont permis de constater que le concepteur C.O. Liljegren était le frère du propriétaire du chantier naval Liljegren Göteborg. Ce chantier naval a construit ‘Marga 1914’, mais sa conception n’est pas le fait de C.O. Liljegren, mais probablement de William Fife III.

Les recherches continuent…

Météo :

Prévisions météos pour le mercredi 28 septembre : Le temps estival perdure, avec un généreux soleil. Le vent se cale au secteur nord nord est, pour 6-7 noeuds avec franche bascule au sud est l’après midi.

Source

Maguelonne Turcat

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