La Manche dans tous ses états

© Jean-Marie Liot

La Manche, mais aussi les mers d’Irlande et Celtique s’apprêtent à accueillir, à compter du dimanche 11 septembre prochain, une belle tranche de sport, de régate au contact et de navigation haute en couleur au plus près des rivages normands, anglais et Irlandais. La Normandy Channel race, la course majuscule réservée aux voiliers océaniques de la Classe des monocoques de 40 pieds (12,15 m), animés par des équipages réduits de deux marins, propose pour la 7ème année consécutive aux amateurs de belles courses à la voile un opus rare, singularisé par un plateau qualitativement et quantitativement rien moins qu’exceptionnel. Avec une trentaine d’unités engagées, la désormais Classique Normande réunit le gotha international d’une classe hauturière en plein essor, qui constitue habituellement l’essentiel des plateaux des grandes courses océaniques, et qui trouve au départ et à l’arrivée de Caen, son événement titre, propre à sacrer à armes quasiment égales, le meilleur duo du moment. Après les longues cavalcades estivales de The Transat et de Québec-Saint Malo, la flotte de plus en plus homogène et performante des Class40 se lance avec appétit dans le passionnant exercice d’un tour de la Manche, à l’épreuve des spécificités d’un stade nautique émaillé de pièges géographiques et d’imprévus météorologiques.

60 marins pour un sacre

Remporter la Normandy Channel race, seule course hauturière exclusivement réservée à la Classe40, est devenu au fil d’éditions toutes plus palpitantes les unes que les autres, le bâton de maréchal rêvé par tous les marins de la classe. On ne s’étonnera pas de voir ainsi revenir pour cette 7ème édition nombre d’anciens vainqueurs, à l’image de l’allemand Jorg Riechers (Matouba), vainqueur en 2013, accompagné cette année d’un certain Robert Stanjek au palmarès Olympique long comme un jour sans vent. Nicolas Troussel se devait de défendre son titre glané l’an passé à bord de Crédit Mutuel Bretagne Elite. C’est Jean Galfione qui l’accueillera la semaine prochaine à bord de son ancien bateau, le plan Humphrey de 2013 devenu Serenis Consulting. On le répète à l’envie, les favoris sont pléthore au sein d’une flotte record de près de 30 voiliers. On citera sans se risquer au moindre pronostique les leaders d’une classe qui dispose depuis quelques années de son propre championnat. A l’issue des deux grandes confrontations de la saison, c’est le malouin Thibaut Vauchel- Camus (Solidaire en peloton – ARSEP) qui capitalise sur ses bons résultats de l’année. Un bon classement en Normandie lui assurerait le titre de Champion de la classe. Associé à Fred Duthill, il sera incontestablement l’un des hommes à surveiller. Ses dauphins provisoires sont deux Espagnols, aux commandes d’un plan Bottin souvent irrésistible, Talès II. Les sociétaires du Réal Club de Santander Pablo Santurde et Fidel Turienzo ont fait étalage de leur talent lors de la Transat Québec-Saint Malo. S’ils redoutent la Manche, ils disposent incontestablement des armes pour jouer les premiers rôles. Preuve de la grande internationalité de cette classe, la présence parmi cette revue des favoris d’un équipage Britannico-Français particulièrement huppé. Phil Sharp, vainqueur de la Route du Rhum en 2006, fait un retour tonitruant en Class40 avec son Mach40 Imerys. Il sera associé à Sam Manuard, navigateur et architecte de génie.

Nouveaux bateaux

Reflet du dynamisme de la classe, pas moins de 7 bateaux en lice ont été lancés au cours des 20 derniers mois. Ils présentent tous les caractéristiques de puissance à toutes les allures typiques des voiliers dits « de la troisième génération » de Class40. Tous attendent de cette Normandy Channel race révélation ou confirmation, à l’image du V and B du malouin Maxime Sorel (associé à Hugo Dalhenne) en quête d’affirmation de ses formidables potentiels. S’il bat désormais pavillon norvégien, Solo 2 n’est autre que le Tizh40 que Yannick Bestaven a brillamment mené à la victoire dans la dernière Transat Jacques Vabre. Aux mains de Rune Aasberg et Simen Lovgren, il sera à n’en point douter à la bagarre avec les meilleurs tout au long des 1 000 milles du parcours. Deux autres équipages Normands avancent un peu dans l’inconnu à la découverte de leurs toutes nouvelles montures ; les numéros 147 et 148 de la Classe, attribués respectivement à Campagne de France au duo Mabire – Merron, et Cap des Palmes aux redoutables Brieuc Maisonneuve – Fabien Delahaye, affichent peu de milles au compteur. Leurs skippers, grands habitués de la Normandy Channel race sauront vite trouver la manette des gaz et appuyer sur l’accélérateur à point nommé.

Les femmes aussi !

Elles seront quatre au départ, skipper ou co-skipper de leur machine. Isabelle Joschke (Generali-Horizon Mixité) s’est passée de temps d’adaptation à la Classe, fraichement émoulue de ses saisons en Figaro. Elle vient d’animer The Transat et Québec-Saint Malo de la plus belle des manières. Elle a choisi un des piliers de la Classe, le très éclectique Pierre Brasseur pour l’épauler dans sa volonté de terminer de la plus belle des manières une saison déjà marquée du sceau du succès. Skipper elle aussi de son propre projet, Catherine Pourre, associée au marin à tout bien faire, Antoine Carpentier, dispose en Earendil d’un voilier de la dernière génération aux époustouflantes performances. Elle vient elle aussi pour s’assurer qu’une femme peut monter sur le podium de la Normandy Channel race. Un podium que la Britannique Miranda Merron connait déjà, après ses accessits de 2012 et 2013 en duo avec Halvard Mabire sur Campagne de France. L’anglaise connait la course et jouera, pour sa 4ème participation, en son jardin Anglo-Normand. Issue comme Isabelle de la Classe Figaro, Claire Pruvost est une figure de la voile Normande. Son association avec un Louis Duc survolté cette année fera oublier l’âge vénérable de leur Carac, plan Lombard lancé en 2008.

Compétition pour tous

Présents au départ sans les moindres complexes, plusieurs unités issues de la première génération des Class40 vont jouer, comme ils l’ont fait tout au long de la saison océanique, la carte de leur fiabilité et de leur régularité. Lancés avant 2010, à l’instar de Grizzly Barber shop au duo Robin Marais- Cedric de Kervenoael, plan Philippot de 2007, ou Groupe Setin au Rouennais Manu Cousin (associé à Rémi Auburn), plan Rogers de 2007, ces voiliers moins performants aux allures de reaching, travers au vent, vont trouver tout au long du parcours compliqué de la Normandy Channel race, matière à tirer leur épingle du jeu, tant les effets de côtes et de courants peuvent en permanence remettre les compteurs de la course à zéro.

Les atouts de la réussite

Un parcours hauturier de 1 000 milles, riche d’une extraordinaire variété de paysages, un plateau relevé fort d’une trentaine d’unités, des marins d’expérience issus de tous les horizons de la course au large ou régatière, les meilleures femmes marins du moment, des ténors internationaux issus de 9 nations… la Normandy Channel race 7ème du nom s’annonce rien moins que palpitante.

Ils ont dit :

Isabelle Joschke : Generali-Horizon Mixité : avec Alain Gautier !

« Je viens tout juste de reprendre contact avec mon Class40 Generali Horizon Mixité que nous avons remis à l’eau hier. Je vais disputer la Normandy Channel race pour la première fois, avec Alain Gautier, car Pierre Brasseur, initialement pressenti, vient de subir une opération au genou. Je suis ravie de cette première participation, à de nombreux titres ; d’abord parce que ce parcours est génial. Il me rappelle les étapes de la Solitaire du Figaro, en un peu plus long. Je serai accompagné d’Alain Gautier, et c’est là encore un vrai bonheur. Nous nous sommes parfaitement entendu lors de la Québec Saint Malo. Nous partons pour nous faire plaisir, conscient que la concurrence est phénoménale cette année. Ce sera une course très difficile, avec énormément de manoeuvres. »

Yannick Bestaven – 2nd en 2015 sur Le Conservateur

« Je félicite Manfred et ses partenaires Normands d’avoir persisté dans leurs convictions d’organiser cette belle épreuve. Il s’agit d’une course très riche en rebondissements, très intéressante à disputer. Le plateau y est toujours très relevé, particulièrement cette année avec beaucoup de vainqueurs potentiels. »

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