Alexis Loison à domicile

© Benoit Charon

Nous avions laissé les 15 solitaires en route vers Cherbourg après le fameux Raz Blanchard qui avait causé quelques angoisses aux skippers.
Cette nuit, ce passage n’a pas démenti le mythe et le Blanchard restera gravé dans les mémoires des concurrents. Tout d’abord, parce que nombre d’entre eux ne connaissaient pas l’endroit, et ont pu constater qu’à contre courant ça ne passe pas ou très difficilement. Ensuite, il est toujours impressionnant voire désarmant, d’expérimenter les trajectoires en « crabe » non choisies, les dérapages de cap non contrôlés et les turbulences à la surface de la mer qu’engendrent ces plus forts courants d’Europe.

Alexis Loison avait repris d’une courte tête la 1ère place en se rapprochant de la côte du Cotentin, suivi comme son nombre par Damien Cloarec et Alan Roberts. Pour les premiers à terre, la meilleure stratégie pour passer le Cap et bénéficier en plus de 2 nœuds de courant favorable consistait à passer à l’intérieur du Phare de la Hague ; une option à haut risque, surtout de nuit. Dans la série « rase-cailloux », GROUPE FIVA sert de guide. Sueurs froides et accélérations du pouls assurés. Et ça fonctionne parfaitement !

Ils seront quelques uns à suivre ce mouvement, bien heureux d’avoir le local de l’étape pour leur montrer la voie. Ce faisant, pour la deuxième moitié de flotte qui pointe l’étrave dans un autre timing, il n’est pas besoin de longer la terre à ce point, le courant est mieux réparti. Ils enroulent donc la pointe ouest du Nord-Cotentin à la régulière.

La marée et la brise de Nord-Est emportent tout ce monde vers la passe de l’Ouest pour le passage en Rade de Cherbourg. Le pointage officiel permettra d’obtenir un classement dans le cas où le vent viendrait à tomber en Baie de Seine samedi ( l’heure maximum pour l’arrivée étant fixée à 14h30).
Au pointage, les écarts au sein de la flotte se sont réduits : les 3 premiers passent en 5 minutes, le 13ème arrive 42 minutes après le leader et la fin de course, plus détachée, a un retard d’1h40.

Prochaines marques de parcours : Les Roches Nord-Ouest qui obligent juste les concurrents à sortir par la passe de l’Est, puis ce sera la bouée Général Metzinger à proximité du Havre (3-4 mn dans le Nord-Ouest).
Il s’agit dans un 1er temps de doubler le Raz Barfleur pour obliquer et traverser la Baie de Seine. Sur ce coup là, il faut plutôt largir le cap, une route plus longue en distance mais au final plus rapide grâce au courant (encore et toujours).
S’ensuit un long bord de débridé, allure puissante qu’affectionnent les Figaro Bénéteau 2.

A gérer cette nuit : le sommeil qui gagne d’un côté, et le vent irrégulier en force, avec des rafales à 23-26 nœuds, qui oblige à régler les voiles régulièrement car le pilote ne peut pas tout encaisser de l’autre…. Le repos des ‘guerriers’ se trouve contrarié. De plus, le large du Havre est très fréquenté par des bateaux de commerce en route ou au mouillage ce qui nécessite encore une veille attentive.

Ce matin, l’arrivée se profile dans un vent de 12 à 15 nœuds.

Entre la bouée Metzinger et la ligne, les places ne sont pas encore jouées pour tout le monde…
En tête de course, il n’y a aucun changement depuis le pointage de la nuit, seul l’écart s’est accru entre les postulants au podium.
A 10h12, GROUPE FIVA coupe la ligne d’arrivée ; Alexis Loison gagne la Solo Normandie 2016, après l’avoir remportée en 2012.
Le 2ème Damien Cloarec sur SAFERAIL passe à 10h21 et à 10h29 Alan Roberts sur TBD prend la 3ème place.
Coup de chapeau à Justine Mettraux sur TEAMWORK 4ème à 10h39 et 1ère bizuth de la course !

Le mot de la direction de course, Benoît Charon :

« Voilà… C’est fini.

Marie a coupé la ligne au Havre depuis quelques heures, les balises sont retournées dans leur carton, le Trophée est prêt pour les bras puissants de son nouveau détenteur…

La Solo Normandie s’achève et pour ses organisateurs restera… Une première. Elle aura réuni symboliquement, en un sillage de 284 milles, les deux anciennes provinces normandes, de Granville au Havre, franchissant sans aucun remord la Seine, fleuve qu ne porte plus le nom de frontière…

Elle aura été l’épreuve de Figaro la plus internationale jamais organisée avec 46% d’étrangers. Plus du quart de la flotte mené par de jeunes et talentueuses femmes, dont deux figurent dans les six premières places ! Un parcours très technique et astreignant, nécessitant une attention soutenue, peu d’occasions de repos, un beau bord de spi à fond dans le noir et le brouillard, un peu de brise mais aussi un poil de pétole, deux nuits en mer et les yeux rouges à l’arrivée, une vraie qualif’ pour la Solitaire. Une jauge comme dans un rêve (ou presque !), un joli départ sous la pluie, un passage éclair à Guernesey, trois quarts de tour des Minquiers, un envoi de spi au petit matin au nord-est de Jersey, un passage mémorable à Aurigny, un louvoyage nocturne dans la rade de Cherbourg, un virement de bord à Barfleur, une traversée de la Baie de Seine pour un final sous le cap de la Hève, une belle régate en Normandie.

Pour Simon Troel dit « Le Troll » (5ème) « Super parcours dans les Anglo. j’adore ces variations de vent et de courant, et surtout être si bien entouré (Justine 4ème et Sophie 6ème), et encore bravo Alexis !!! »

Joli mot de fin, non ? »

Source

Juliette Orjollet

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