La menace Gedimat

2016, CONCARNEAU, EVAPCO, FIGARO, FULGUR, MILAN KOLACEK, PIERRE BRASSEUR, TRANSAT AG2R LA MONDIALE, VOILE

© Alexis Courcoux

A 400 milles de l’arc Antillais, rien ne va plus ! Les 12 dernières heures ont été le théâtre de nouvelles échauffourées pour sortir d’une zone de vent mou. Agir Recouvrement se maintient en tête ce matin, mais le grand gagnant de la nuit et de ces dernières 48 heures est Gedimat (2e). Revenus de leur position sud, Thierry Chabagny et Erwan Tabarly naviguent plus lofés que leur adversaires et sont toujours les plus rapides ce matin. La flotte est désormais calée sur un bord pour aborder les îles de la Caraïbes d’ici 48 heures. Et elle présente ce matin un nouveau visage avec Bretagne CMB-Performance qui tente un coup dans le sud.

Le big bazar du soir

De petites bulles dépressionnaires chargées de vents faibles ont semé la zizanie hier soir au sein de la flotte. Les vitesses ont chuté, parfois sous les 5 nœuds, et les tandems ont empanné à plusieurs reprises pour trouver une échappatoire. La ligne d’avantage où figurent les cinq bateaux de tête présente ce matin une nouvelle physionomie. Bretagne- CMB Performance est désormais le bateau le plus méridional. Déçus de leur navigation ces 48 dernières heures, Sébastien Simon et Xavier Macaire ont décidé de reconstituer leur stratégie pour rallier les Antilles par le sud. Au nord du groupe, Cercle Vert persiste et signe mais n’a pas été à la fête cette nuit. Gildas Morvan et Alexis Loison sont probablement les perdants de ces dernières heures. Moins rapides, ils affichent encore ce matin un déficit d’1 nœud par rapport à leurs rivaux. A l’opposé, Gedimat est l’auteur de la plus belle opération de ces 48 dernières heures.

La nuit tous les Figaro sont gris

L’absence de classement et de positions entre 19h00 et 5h00 du matin est le moment propice pour tenter des coups en catimini, sans être vu par ses adversaires. C’est ce qu’expliquait Erwan Tabarly (Gedimat) joint ce matin au téléphone. Gedimat a choisi de faire de la vitesse cette nuit, n’hésitant pas à naviguer très lofé. Un angle qui leur permet d’être les plus rapides de tous : plus de 9 nœuds de moyenne contre 8 pour les autres.

Ce black-out de la nuit réserve toujours quelques surprises aux marins à l’ouverture des premiers classements de la journée. Mais il est aussi accueilli comme une parenthèse bienvenue : elle les libère de la tactique pure et d’une surveillance de tous les instants pour leur permettre de penser stratégie.

Mais de stratégie, il n’y en aura plus pendant les prochaines 48 heures, au moins pour les neuf bateaux de tête. Tout le monde est désormais calé sur un bord tribord et a choisi sa voie d’entrée dans les îles. Il faudra aller vite, veiller aux algues et prendre garde aux grains qui vont se multiplier dès aujourd’hui. Les vitesses vont monter d’un petit cran, aussi, dans un alizé forcissant.

VACATIONS

Erwan Tabarly, Gedimat

« La journée d’hier était pénible car il n’y avait pas beaucoup de vent. Au classement de ce matin, on est satisfaits, on a une trajectoire différente des autres mais on est contents. On a fait un cap plus lofé que les autres, nous sommes allés vite pendant la nuit. C’est durant la nuit, que nous pouvons nous déplacer car il y a moins de classement. Le jour, les concurrents peuvent plus s’observer et se caler par rapport aux autres.
Nous avions décidé d’accélérer car il faut gagner des milles sur le but. On a passé une bonne nuit, le bateau avançait, on était un peu gîtés, c’était la pleine lune. Generali a croisé derrière nous mais nous ne l’avons pas vu à l’AIS. On a encore beaucoup de tribord à faire, deux jours probablement mais lors des 50 derniers milles, nous allons avoir un vent dans le dos. On risque donc de faire des empannages à l’approche des îles ou de choisir un côté mais ce ne sera pas tout droit.
Hier soir, le vent est rentré d’un coup. On a eu une petite frayeur car c’est délicat d’être dans la pétole puis de voir le vent rentrer en 5 minutes. On est bien placés. Pour l’instant, on ne peut pas faire de plan, Agir Recouvrement est également bien placé, Generali n’est pas loin derrière. Bretagne – CMB Performance est plus Sud et Cercle Vert au Nord, on verra ce qui va se passer. »

Adrien Hardy, Agir Recouvrement

« C’était un peu dur pour nous car le vent était plus faible que ce qui était prévu. On a essayé de progresser vers le sud. C’est tombé à l’heure où nous n’avions pas les positions des autres donc c’est compliqué. Depuis 22h – 23 h on a retouché du vent, ça fait du bien. On ne sait pas trop quelle route choisir entre les prévisions et les conditions sur le terrain. Jusqu’à présent on a fait un mix des deux mais ce n’est pas facile, la situation n’est pas claire, les alizés sont moyennement installés. On a du nord et on avance à 8-9 nœuds en route vers le but. Hier, c’était le dilemme. On avance encore dans le sud ou on faite route directe. Il ne faut pas être impatient. Thierry et Erwan ont été bons à un moment donné. A chaque fois qu’on se met en tribord, on croit que c’est parti, mais non, il peut y avoir encore un ou deux contre bord. Hier, on s’est arrêtés pendant plusieurs heures, et on a ré-empanné.
Nous sommes toujours en tête en distance au but. Nous avions peur de ce qui c’était passé hier soir mais visiblement on est bien repartis. On a plus que 25 milles d’avance sur Gedimat, l’écart s’est bien resserré avec eux. Leur décalage dans le Sud fait qu’on aura le même vent qu’eux et le même angle même si on risque d’avoir un peu plus de vent qu’eux. Ils sont plus lofés que nous, ils vont plus vite que nous pour le moment. Nos routes convergent. A nous de nous dépatouiller pour tenir devant eux. On va tous passer dans l’Est de La Barbade. Bretagne – CMB Performance est parti à fond dans l’Ouest mais nous on ne va pas aller par là. »

Xavier Macaire, Bretagne – CMB Performance

« Pour nous, ça s’est passé comme on l’imaginait avec peut-être un petit décalage par rapport à ce que nous avions prévu. On s’est recalés au sud de tout le monde pour essayer d’avoir des vents plus forts avec un meilleur angle. Certains fichiers disent que c’est bien, d’autres optent pour la route directe. Mais c’est l’option que nous avons choisie. On ne va pas laisser toutes les îles à tribord, progressivement, on va lofer et faire une courbe. On affinera sur le terrain. On est un peu déçus car nous avons vu certains bateaux accélérer avec plus de vent mais on garde la niaque et le sourire. On prépare la stratégie, on discute et on garde le moral. On a fait un pari sur l’avenir.
On a 18 nœuds de vent, on avance à 140 degrés du vent. C’est agréable, le bateau glisse bien, c’est assez stable, on est sous-pilote. On a beaucoup de sargasses, il faut régulièrement checker. Les fichiers sont assez stables depuis quelques jours. Il faudra affiner le dernier jour. Pour l’instant, il n’y a pas de grains mais le vent va se renforcer demain donc ça peut venir. »

LE CLASSEMENT 22 AVRIL 05H00

  1. AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) à 669, 85 milles de l’arrivée
  2. GEDIMAT (Thierry (Chabagny-Erwan Tabarly) à 5,58 milles du premier
  3. CERCLE VERT (Gildas Morvan-Alexis Loison) à 13,67 milles
  4. GENERALI (Nicolas Lunven-Gildas Mahe) à 13,89 milles
  5. BRETAGNE-CMB PERFORMANCE (Sebastien Simon-Xavier Macaire) à 35,77 milles

Source

Effets Mer

Liens

Informations diverses

Sous le vent

Au vent

Les vidéos associées : Transat AG2R