A l’attaque !

2016, CONCARNEAU, FIGARO, GENERALI, Gildas MAHE, NICOLAS LUNVEN, TRANSAT AG2R LA MONDIALE, VOILE

© Alexis Courcoux

Ça empanne et ça attaque dans tous les sens cet après-midi alors que les équipages abordent le derniers tiers du parcours. Les caprices de cet alizé mal ordonné favorisent les offensives sous spi, tandis que Cercle Vert et Agir Recouvrement se partagent à tour de rôle les commandes de la course. C’est le début d’une ultime semaine de course qui s’annonce très chaude, au sens propre comme au figuré.

Un vrai marathon

Il reste 1300 milles soit une semaine de course vers Saint-Barth. Les derniers kilomètres de ce marathon atlantique s’égrainent au fil des oscillations du vent. Voilà 5 jours, 120 heures, que Cercle Vert, au nord, et Agir Recouvrement, au sud, alternent en tête du classement. Les variations en force et direction de ce pseudo alizé bénéficient tantôt aux uns, tantôt aux autres. Dans ce flux très irrégulier (entre 15 et 25 nœuds), les positions font le yoyo et à bord des bateaux, c’est un travail de précision, une attention de tous les instants pour conserver sa vitesse et sa place. Il faut réajuster son cap, enlever les algues qui se coincent dans les appendices, surveiller la route de ses camarades, déplacer le matériel à l’intérieur du bateau et se creuser la cervelle pour tenter de faire la différence.

Une petite marge de 10 milles

A bord d’Agir Recouvrement, Adrien Hardy et Vincent Biarnès exploitent à fond tous les outils météo à leur disposition. Joint au téléphone, Adrien confiait avoir dégoté des données très utiles pour l’aider dans ses choix de placement, des informations qu’il souhaite bien sûr garder secrètes.

Cet après-midi, alors que les bateaux ont empanné les uns après les autres pour rester à l’écart des hautes pressions de l’anticyclone des Açores, les hommes d’Agir Recouvrement ont croisé 10 milles devant l’étrave de Generali. 10 milles d’avance sur ses proches rivaux, cela peut sembler beaucoup, mais cet écart correspond en réalité à moins d’1% du chemin qu’il reste à parcourir. Tout reste donc à faire.

Le top 5 dispersé sur 115 milles du nord au sud

Dans cette nouvelle plongée vers le sud, Gedimat est pour l’instant le plus extrême. Thierry Chabagny et Erwan Tabarly sont même passés sous la barre des 11°45’ de latitude, se rapprochant du point le plus sud dans l’histoire de la Transat AG2R LA MONDIALE atteint en 2012 par Frédéric Duthil. Avec Cercle Vert, qui taille sa route au cordeau dans le nord, les cinq bateaux de tête sont donc répartis sur une grande ligne de 115 milles. Un espace qui ouvre le champ des opportunités !

Même décalage et mêmes occasions tactiques pour le groupe des chasseurs Fulgur-Evapco, Artemis et Bellocq Paysages-Saveurs de Cornouaille. A 40 milles des leaders, ces derniers pourraient revenir légèrement au contact, car la météo prévoit un ralentissement en tête d’ici 72 heures.

Pendant ce temps-là à Mindelo…

Après Cuisines Ixina hier, c’est au tour de Lorientreprendre et Free Dom Services à Domicile de faire une escale technique à Mindelo, dans l’île de Saint-Vincent. Un arrêt au stand destiné à refaire le plein de nourriture, eau, gasoil et de procéder à des petites réparations. A 15h30, après avoir été obligés de démarrer leur moteur pour parer des rafales de vent à 35 nœuds, les frères Livory était amarrés dans la marina cap verdienne. Une heure et demie plus tard, Tolga Pamir et Stéphanie Jadaud les rejoignaient…

TROPHEE DE LA PERFORMANCE

Le Trophée de la Performance du lundi 18 avril est remporté par Artemis (Sam Matson et Robin Elsey) avec 209,1 milles parcourus en 24H

ILS ONT DIT OU ECRIT

Adrien Hardy, Agir Recouvrement :

« On se rapproche de l’arrivée, c’est sympa, on fait enfin cap vers Saint-Barth. On se rapproche, même si ce n’est pas fini, on va peut-être redescendre dans le Sud un peu. Quand on voit les photos, c’est sympa, il y a du soleil, du vent, mais c’est compliqué en fait. Il faut être tout le temps rapide, c’est de l’endurance depuis le départ… Cela fait des jours qu’il faut être rigoureux sur les réglages, même quand on est fatigués. Il y a mille choses à faire comme par exemple passer la corde à algues pour être sûr de ne pas être ralenti, bien régler tout le temps les voiles, c’est du boulot au quotidien. La météo globalement va être un peu comme ça avec des alizés faibles de 15 nœuds. Il y aura peut-être des affaiblissements du vent sur l’arc antillais. Ce sera encore un long bord tribord amures, avec des petits recalages vers le sud-ouest pour avoir un bon angle pour rejoindre l’arrivée. Il faut que l’on regarde ce que font les autres…
On récupère pas mal de fichiers grâce à un logiciel qui nous permet d’avoir des infos, des cartes de champs de pression, de température de la mer… Il faut analyser ces éléments bruts, en faire l’analyse, et faire notre sauce et tracer notre route en fonction de ça… J’ai découvert quelques éléments intéressants dont je ne peux pas vous parler.
Nos adversaires dangereux sont Gedimat, Generali et Bretagne – CMB Performance. Ça va se jouer entre nous quatre. Cercle Vert a mieux marché que je ne le pensais, c’est un concurrent encore bien placé aussi… »

Hervé Aubry, Cuisines Ixina

« Enfin du bonheur ! Le vent est sympa, ça avance, on a 15-18 nœuds, on a un meilleur moral… On voulait une escale la plus courte possible à Mindelo. Il fallait trouver une batterie et tout était fermé. C’était un peu speed. On était dans l’action. On était trop heureux de repartir ! Jusqu’à présent, c’était copieux ! D’ailleurs, nous n’avons toujours plus qu’un spi, donc il ne faut pas trop tirer dessus. On a changé notre batterie, mais a priori ça ne vient pas de la batterie, on a encore des soucis à faire partir le moteur. Notre course s’est vite transformée en aventure… On reste dans l’action, on s’entend tellement bien que ce n’est pas un problème. Le but, c’est d’arriver de l’autre côté le plus vite possible. Nous n’avons pas du tout un rythme de croisière, on optimise le bateau à fond, nous ne sommes pas abattus, on se remonte le moral mutuellement. »

Xavier Macaire, Bretagne-CMB Performance

« On fait du catamaran avec Generali, on a essayé de faire du trimaran avec Gedimat, mais il s’est éloigné ! Cela fait 5-6 jours que l’on navigue avec Generali, on est toujours à vue, même si on a creusé un petit peu l’écart, parfois on perd un mille, parfois on en prend deux, on est contents de garder nos distances, de ne pas se faire rattraper. Il fait bon la nuit, c’est agréable, on navigue en short et en t-shirt. Il faut rester d’attaque pour les coups qui vont se présenter. Il y aura des recalages vers le Sud, il va y avoir des bascules de vent, ce sont les fichiers qui nous disent ça, les GFS et CEP ne sont pas forcément d’accord, mais ils nous disent qu’il va y avoir des choses à faire. Ce sera les choix des skippers de décider à quel moment ils vont attaquer…Les fichiers nous donnent une idée globale. Mais, il y a toujours une différence entre la théorie et la réalité. Ce n’est pas parce que le routage dit qu’il faut empanner à telle heure, tel endroit, qu’il faut y aller. Il y a une vraie analyse de notre part… Je pense que Gedimat a perdu hier matin des milles comme ça. Ils ont choisi une option sud, ce qui nous a permis de regagner sur eux.
Agir Recouvrement est quand même loin, mais on se dit qu’il peut toujours se passer des choses… Cela paraît tout de même difficile, il est à 15 milles devant nous. Il faut quand même rester opportun. Le temps commence à se faire sentir, cela devient monotone car on a le même décor depuis plusieurs jours. Le bateau est très salé, le confort et la vie à bord nous donnent envie d’arriver. Au bout de 15 jours de transat, l’inconfort se fait sentir… »

Nicolas Thomas, Les Saintes

« Nous sommes au milieu des différentes stratégies. On espérait rattraper Artemis, mais ils ont bien joué ! Cela n’empêche qu’on ne lâche rien, on espère arriver à Saint-Barth le plus vite possible. Nous sommes un peu en retrait sur le peloton de tête, tout le monde est au taquet. Je pense que personne ne peut dire qui va gagner. Il faut s’accrocher pour espérer faire une bonne place. Il n’y a pas trop d’écarts, il peut toujours se passer quelque chose. Les îles de l’arc Antillais peuvent créer des choix de routes différents. Antigua par exemple est une île assez haute. Pour le moment, il faut être actif à la barre et aux réglages. On bataille beaucoup avec l’ordi pour avoir un maximum d’infos météo. Mais nous sommes en forme et super motivés… Les alizés sont finalement très imprévisibles. Les goûters commencent à manquer, nous n’en aurons plus pour les trois derniers jours de course ! ».

LE CLASSEMENT 18 AVRIL 16H00

  1. CERCLE VERT (Gildas Morvan-Alexis Loison) à 1292,77 milles de l’arrivée
  2. AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) à 4,69 milles
  3. GENERALI (Nicolas Lunven-Gildas Mahe) à 15,09 milles
  4. BRETAGNE-CMB PERFORMANCE (Sebastien Simon-Xavier Macaire) à 17,34 milles
  5. GEDIMAT (Thierry Chabagny-Erwan Tabarly) à 26,14 milles

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