Leurs noms, ils les signent à la trace de leur sillage : Bretagne – CMB Performance et Generali. Dans leur interminable mano a mano, les deux tandems ont du coup été les plus rapides depuis 24 heures : 192 milles chacun, contre 176 pour Gedimat qui se sent désormais plus menacé que jamais ! Agir Recouvrement conserve sa place en tête de classement, bien content d’avoir gardé sa trajectoire un peu plus nord. « Plusieurs fois nous avons été tenté d’empanner, mais je pense qu’on a bien fait de rester là où on est » confiait Vincent Biarnès ce matin à la vacation de 5h. A l’arrière de la flotte de la Transat AG2R LA MONDIALE, Free Dom Services à Domicile a décidé de faire escale à Mindelo au Cap Vert. « On va faire un petit stop. On a besoin d’avitaillement en gasoil pour gérer l’énergie à bord avant de traverser » nous a confirmé Stéphanie Jadaud, il y a une heure.

Le « black out » a du bon. Comprenez que les skippers ne reçoivent aucun classement entre 19h et 5h du matin. Pourchassés cette nuit par Nicolas Lunven et Gildas Mahé (Generali), dont ils voyaient le feu de mât se rapprocher dangereusement, Sébastien Simon et Xavier Macaire (Bretagne – CMB Peformance) ont donc mis le turbo. Les deux lascars ont passé la nuit sur le pont aux réglages pour gagner quelques dixièmes de nœuds de vitesse. Fin des quarts et des siestes rallongées, quand il faut y aller, faut y aller ! C’est désormais une course à quatre qui se déroule au beau milieu de l’Atlantique : 3 milles séparent Gedimat de Generali avec un Agir Recouvrement en tête qui garde sa position décalée mais s’attend à ce que la dernière ligne droite soit serrée. « Il peut se passer plein de choses ! » avouait Sébastien Simon à la vacation tôt ce matin.

De la régate à l’aventure…

Qu’il est difficile à la fois de gérer le bateau, le matériel, les bonshommes, la navigation, le tout dicté par une météo qui se montre parfois diablesse… Stéphanie Jadaud et Tolga Pamir à bord de Free Dom Services à Domicile se souviendront de leur première course ensemble ! Ces bizuths de la Transat AG2R LA MONDIALE ont connu de grosses périodes de doutes dans les calmes de la dorsale… Leur retard (782 milles) sur les premiers ne leur permettra pas de traverser dans des conditions raisonnables (manque de gasoil pour l’énergie du bord, d’avitaillement et d’eau). Ils vont donc faire une course escale au Cap Vert avant d’embouquer la grande traversée. Ce dimanche midi, Tanguy le Turquais et Hervé Aubry à bord de Cuisines Ixina vont également mettre pied à terre à Mindelo pour changer de batterie. Et repartir au plus vite (en cas d’arrêt, 3h d’escale minimum dictées par les instructions de course). La régate fait maintenant place au souhait le plus cher : arriver de l’autre côté.

VACATIONS / ILS ONT DIT

Vincent Biarnes, co-skipper de Agir Recouvrement

« On est tribord amure sous spi avec un vent entre 13 et 15 nœuds de vent. On vient de changer de quart. Nous sommes toujours concentrés avec Adrien. On ne met pas le pilote. On est à fond. Depuis le début quand nous sommes rentrés dans l’alizé après le Cap Vert, on avait remarqué que plus on était sud plus les bateaux allaient vite ! Ça a été la course à celui qui glissait le plus possible. C’est comme ça que Generali et Bretagne CMB sont bien revenus dans le match.

Gedimat a empanné hier matin pour être bien sud. Nous sommes sur une route un peu plus lofée. On espère que ça va payer plus tard quand le vent va adonner. On pourra en profiter pour empanner. On est en train de passer au sud de l’anticyclone. Dans 36 heures, nous devrions commencer à empanner. C’est vraiment très intéressant ce qui se passe en tête de flotte. Nous sommes au contact. C’est une stratégie et une tactique différentes de ce qu’on peut voir sur les autres régates.

Plusieurs fois nous avons été tenté d’empanner pour limiter la casse mais je pense qu’on a bien fait de rester là où on est. Il y a plein de choses à faire même si on est en tribord depuis le Cap Vert. Le temps est passé très vite jusqu’à maintenant. Mais depuis trois jours, à chaque fois qu’on lance un routage, l’ETA s’éloigne. C’est toujours 9 jours pourtant, c’est sûr, c’est celui-là le chemin le plus court. Prendre les classements est toujours un moment important y compris pour le moral. On les regarde, nous n’en manquons pas un ! »

Sébastien Simon, skipper de Bretagne CMB Performance

« On est en match avec Generali. On a fait un peu abstraction des autres en se disant qu’on voulait rester devant. Eux avaient tendance à glisser dans le sud, on a réussi à augmenter notre écart. On est sur le pont tous les deux à essayer de réparer ce qu’on avait perdu car ils sont revenus à 0,5 mille de nous à un moment…

Avoir Generali juste derrière, c’est fatiguant mais c’est stimulant. Ca relance la course, on pense au présent, à faire avancer le bateau. A deux, on va plus vite que tout seul. Cela nous pousse à aller plus vite. Nous avons commencé par faire des quarts normaux mais pour l’instant, on reste tous les deux sur le pont. On est bien revenu On a l’impression que Agir Recouvrement fait de l’allongement. Il y a un moment, il faut a priori aller vers le but. Plus le temps passe et plus la route est longue. Demain, on espère que les routages nous diront qu’il reste 7 ou 8 jours. C’est encore long, il peut se passer plein de choses. La victoire n’est pas encore jouée entre les quatre bateaux de tête. On a eu le temps de se reposer et d’allonger les quarts. Celui qui est toute l’après-midi au soleil, il a pris un coup de chaud. Il faut réussir à changer les rôles. On a 13 nœuds de vent au 50. Nous sommes sous spi à tribord. »

Stéphanie Jadaud, co-skipper de Free Dom Servies à domicile

« On va faire un petit stop au Cap Vert. On a besoin d’avitaillement en gasoil pour gérer l’énergie à bord. On est un peu à sec. Ça va nous retarder mais c’était obligatoire pour faire une traversée plus sereine. Honnêtement, depuis tout le retard accumulé, il y a eu des moments de doute. A certains moments, ça nous parait interminable. Mais l’objectif final est d’arriver de l’autre côté, de voir l’eau turquoise de Saint-Barth. On espère arriver lundi matin là-bas et repartir au plus vite dans l’après-midi.
Quand ça n’avance pas, tu es prisonnier des quelques centimètres carrés de plastique au milieu de l’Atlantique. Mais là, nous sommes contents, ça avance bien. Nous sommes à fond. L’objectif est d’arriver le plus vite possible. Il va y avoir un sacré écart entre les premiers et les derniers ! La vie en mer se passe bien. On voit plein de choses magnifiques notamment des dauphins par milliers. On voit aussi des petits poulpes. Hier j’étais à la barre et hop, j’en ai un qui s’est posé sur ma jambe. Et surtout, nous avons vu une baleine ! On voyait au loin comme de la fumée. Ca s’arrêtait et ça revenait et en fait, c’était le souffle de la baleine. A un moment, elle a plongé et on a vu la grande queue de la baleine. C’est une image qui va rester gravée à jamais dans nos têtes ! »

LE CLASSEMENT 17 AVRIL 5H00

  1. AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) à 1572,91 milles
  2. GEDIMAT (Thierry Chabagny-Erwan Tabarly) à 16,14 milles
  3. BRETAGNE CMB PERFORMANCE (Sébastien Simon – Xavier Macaire) à 18,21 milles
  4. GENERALI (Nicolas Lunven – Gildas Mahé) à 19,82 milles
  5. CERCLE VERT (Gildas Mahé – Alexis Loison) à 20,31 milles

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