Le diable se cache dans les détails

2016, CONCARNEAU, ERWAN TABARLY, FIGARO, GEDIMAT, THIERRY CHABAGNY, TRANSAT AG2R LA MONDIALE, VOILE

© Alexis Courcoux

Sous la lune, les 8 premiers équipages poursuivent leur descente dans le sud-ouest du cap Vert dans un alizé modéré de 15/20 nœuds. Ce matin, Marie Galante est le 9ème bateau à faire son entrée dans l’archipel. Comme promis par son co-skipper Benjamin Augereau, Kéni Piperol va fêter ses 20 ans avec pour cadeau une « balade » dans les îles du cap Vert. En tête de course, les marins se sont transformés en forçats du détail. La régate au contact que se livrent Gedimat, Agir Recouvrement, Bretagne-CMB Performance et Generali à l’aube de ce 12ème jour de course est tout simplement impressionnante…

Se battre pour chaque mètre

Prendre deux centimètres d’écoute par ci, relâcher quelques millimètres de cunningham par-là, déplacer le matériel à l’intérieur du bateau, réajuster chaque manette à chaque modification du vent ou de la mer, jouer chaque oscillation, s’appliquer sans cesse à la barre et contrôler son adversaire, de jour comme de nuit. C’est un travail de chaque instant pour gagner une, deux, trois longueurs. Celles qui feront la différence à la fin d’une journée de navigation. C’est cette capacité d’attention et de réaction qui a permis à Sébastien Simon et Xavier Macaire (Bretagne CMB-Performance) de doubler Generali hier soir alors que les deux bateaux naviguaient exactement dans le même régime de vent. Et c’est ce qu’Adrien Hardy et Vincent Biarnès (Agir Recouvrement) s’échinent à faire pour tenter de surclasser Gedimat. Comment feront- ils pour continuer à ce rythme pendant les 10 prochains jours de course ?

Cercle Vert moins rapide

120 milles au nord de ce quatuor de furieux, Cercle Vert est toujours pointé en tête du classement. Mais Gildas Morvan et Alexis Loison ont été moins rapides cette nuit dans cette zone légèrement moins ventée, où la mer est plus agitée. Dans cette immense parabole vers SaintBarth, les sudistes ont tendance à gagner du terrain.

Mais ils n’en sont qu’à la mi-course. Il reste autant de milles à parcourir (1900) pour atteindre la ligne d’arrivée. Encore 10 jours d’efforts à chercher le diable dans les détails. « Le reste du parcours me semble gigantesque » confiait Xavier Macaire ce matin.

La voie unique

Encore plus gigantesque pour la queue du peloton. L’arrière de la flotte est à plus de 500 milles des leaders. Au large du Sahara, Cuisines Ixina, Lorientreprendre et Free Dom Services à Domicile sont en train d’emprunter le même chemin que leurs prédécesseurs : étraves pointées vers le sud-ouest en direction du cap Vert.

VACATIONS

Xavier Macaire Bretagne – CMB Performance

« Ça glisse sous spi, on avance devant Generali. C’est bien car hier on était derrière. On est contents d’être passés devant lui. On fait avancer le bateau. Saint-Barth nous semble encore très loin. Le reste du parcours me semble gigantesque. Cela fait 12 jours que nous sommes en mer et il en reste encore presqu’autant. C’est incroyable !
On régate beaucoup, cela se joue à des petits détails. On a fait un empannage alors que Generali a continué tout droit. Notre petit décalage nous a permis de profiter d’une accélération le long d’une île. On essaie de barrer quand c’est nécessaire, d’être à l’affût des petits réglages, de bien positionner le matériel. Quand on a signé pour l’AG2R, on a signé pour 20 – 25 jours de régate, on savait que ce serait intense. Cette traversée se fait au contact. C’est usant de controler l’adversaire. Etre devant Generali est plus simple. S’il fait un empannage, on pourra faire comme lui. On a papoté un peu à la VHF avec lui quand on s’est retrouvés.
Le vent est très irrégulier, il bouge pas mal en force et en direction. Avec Seb, nous alternons sur le pont mais nous arrivons à passer des petits moments ensemble quand on change de quart »

Adrien Hardy, Agir Recouvrement

« On est toujours tribord amure sous spi. Il y a 20 nœuds, c’est assez agréable. Vincent est à la barre. On s’applique bien à barrer le bateau et à ne pas mettre le pilote. On s’est décalés un petit peu.
Il y a des compromis différents sous spi. On est loin d’un marquage comme les deux derniers jours. On navigue comme on veut naviguer. C’est rigolo d’être au contact. Au final, on est 4 bateaux car les autres derrière reviennent bien. On peut imaginer une dernière journée de course avec les 4 bateaux de front. C’est assez fatiguant et usant. Quand on sait qu’il reste encore huit jours de course, c’est long. On connaît tous vraiment bien le bateau, les voiles sont les mêmes donc ça se joue à des petits détails comme un petit décalage. On s’applique également à bien déplacer le matériel.
Ça serait bien qu’on commence à tourner un peu vers Saint-Barth sinon ça va être encore plus long. Au fur et mesure, on va mettre le cap sur st Barth. Cercle Vert ne nous inquiète pas. Normalement, il va avoir moins de vent que nous mais son décalage lui permet de tenter quelque chose. Mais, il est vrai que les prévisions à huit jours ne sont pas très fiables. Entre 19h et 5h, nous ne recevons pas de classement. C’est le moment où on peut tenter des coups et attaquer. Là, quand je regarde le classement de ce matin, je suis content. On a bien progressé en distance cette nuit, on est devant Gedimat, c’est ce que j’imaginais. »

Alexis Loison, Cercle Vert

« Comme prévu, les conditions sont assez variables. C’est un peu dur de faire avancer le bateau car il y a de la mer. Il faut être réveillé car le vent tourne pas mal. On a mis un peu de sud dans notre route. Tout le monde descend donc on les accompagne. C’est ma première transat toutes catégories confondues. Je n’ai jamais passé autant de jours en mer. Je m’éclate. J’ai hâte d’être à dans deux ans pour y retourner. On ne regrette pas d’avoir tenté cette option-là, il le fallait. On essaie de rattraper les bateaux de devant en prenant des raccourcis. Les conditions sont assez changeantes. Pour l’instant aucune journée n’a ressemblé à la précédente. Il y avait une belle lune cette nuit, ça change de la première semaine ou nous étions lancés tous phares éteints. »

LE CLASSEMENT 15 AVRIL 05H00

  1. CERCLE VERT (Gildas Morvan-Alexis Loison) à 1933, 05 milles de l’arrivée
  2. AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) à 17,33 milles du premier
  3. GEDIMAT (Thierry Chabagny-Erwan Tabarly) à 22,51 milles
  4. BRETAGNE-CMB PERFORMANCE (Sebastien Simon-Xavier Macaire) à 37,21 milles
  5. GENERALI (Nicolas Lunven-Gildas Mahe) à 38,14 milles

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