Veille permanente à bord de Spindrift 2

© Yann Riou

Le vent d’Ouest-Nord Ouest a de nouveau forci ce matin dans l’Est de Madagascar, permettant à Spindrift 2 de retrouver des moyennes de vitesse autour des 30 nœuds. La zone de navigation dans laquelle évolue depuis deux jours le trimaran dans l’océan Indien reste délicate en raison de la présence d’icebergs au Sud de la trajectoire et de hautes pressions au Nord. La stratégie est donc de ne pas s’approcher à moins de 50 milles des plus gros morceaux de glace, tout en plaçant au mieux une série d’empannages obligée afin de rester dans un ‘couloir’, plein vent arrière sur la route des Kerguelen. L’équipage dispose d’images satellites réalisées par l’organisme français spécialisé CLS qui positionne les plus grands icebergs, certains mesurant de 300 à 400 mètre de long. Studieux et concentrés, les marins se relaient aux jumelles, le jour, et aux lunettes infrarouges, la nuit, afin de déceler toute silhouette suspecte à l’horizon ou la moindre écume qui ne serait pas une simple déferlante mais le ressac de la houle s’écrasant contre une paroi gelée. Ce passage, périlleux et peu venté, a fait perdre du terrain sur la progression de Banque Populaire V qui possède actuellement une avance de 300 milles. Spindrift 2 a désormais retrouvé une cadence rapide, à une journée environ de l’archipel des Kerguelen, bien connu pour ses hauts-fonds poissonneux qui attirent les pêcheurs mais lèvent aussi une mer chaotique.

Jour 15 – 16h00 GMT

  • 308 milles de retard sur Banque Populaire V
  • Distance parcourue depuis le départ : 9 562 milles
  • Vitesse moyenne sur 24 heures : 19,9 nœuds
  • Distance parcourue sur les dernières 24 heures : 478,1 milles

Message de Dona Berarelli

Depuis 36 heures, nous naviguons dans une zone de glaces. Les satellites peuvent détecter la présence d’icebergs seulement à partir de 100 mètres de grandeur. Pour des questions de sécurité, Yann a décidé que l’on se tienne à 50 milles nautiques de distance de ceux sur notre route ; le plus grand détecté jusqu’ici faisant 400 mètres. Il met également en place un système de veille, de jour comme de nuit, où l’on se relaie pour détecter les growlers, ces blocs de glaces plus petits qu’un iceberg mais tout de même de plusieurs tonnes dérivants à la surface de l’eau. Il fait jour à 1 heure du matin, et les jumelles remplacent alors, les lunettes infrarouges. L’atmosphère à bord est studieuse et concentré.

La mer est de couleur grise, laiteuse, tel un lac de haute montagne. Il fait froid, dehors comme dedans, mais Thierry me met en garde, ce n’est encore rien. Dans quelques heures, le vent forcissant, cette fois-ci de secteur Sud venant tout droit de la banquise, nous ferra vivre la pleine puissance de l’Océan Austral.

Je ne quitte plus mes gants ni mon bonnet en mérinos. Même pour dormir. Les tâches quotidiennes, tel que laver la casserole et les gamelles nous rappelle que l’eau est à 3 degrés. Impossible de se laver les dents sans risque de faire sauter l’émail. Il faut faire chauffer l’eau.

Les oiseaux se font plus nombreux et semblent nous annoncer l’approche de l’Archipel des Kerguelen. Notre route nous y amènera peut-être tout près. Cela fait deux semaines que nous sommes en mer et voir un morceau de terre, sera bienvenu.

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